TEXTILE: La confiance restaurée dans la fibre mauricienne

Y a-t-il un futur pour le textile à Maurice ? TiE Mauritius se penchait hier soir sur cette question en présence des acteurs majeurs du secteur local. La réponse : un « oui » ferme de Harold Mayer et d’Ahmed Parkar, les intervenants pour l’occasion. C’est le Labourdonnais, à Port-Louis, qui a accueilli l’événement.
Le textile mauricien – un parcours en dents de scie ces vingt-cinq dernières années. « On nous donnait pour morts tous les cinq ans », rappelle d’ailleurs Ahmed Parkar, directeur général de Star Knitwear. Mais c’est un secteur apaisé, calme, confiant dans ses convictions et qui expose ces certitudes pour l’avenir. TiE Mauritius organisait hier soir une table ronde autour de l’avenir du textile à Maurice au Labourdonnais Hotel à Port-Louis. Et nul ne nuance le « oui » ferme que convergent à répondre Harold Mayer, directeur général de Ciel Textile, et Ahmed Parkar, tous deux sur la question.
On est loin de l’image d’un secteur qui mendierait une somme de requêtes aux autorités. « Ce n’est pas une question de shopping list », convient Ahmed Parkar. « Le futur du textile repose à 10 % sur les autorités et à 90 % sur les opérateurs privés », souligne M. Mayer. Les acteurs majeurs affichent la résilience. Le sentiment qui s’en dégage : ils ne semblent pas se fier à toute aide gouvernementale, ils ne semblent pas y compter. Il s’agit, en substance, d’une démonstration de certitudes dans « ces fondamentaux » acquis.
D’ailleurs, « tout ce qui aurait dû être fait a été fait », souligne un Harold Mayer qui aura par la suite clairement déplorer que le secteur soit parfois décrit comme un enfant gâté de l’économie mauricienne. Bien sûr, la « surévaluation » posera toujours problème. Mais là encore, les deux intervenants jouent la quasi-indifférence. Côté production, il y aurait, semble-t-il, d’autres havres exploitables pour nos industriels. D’où le point de Jean Li Wan Po, directeur de RT Knits, lors des questions/réactions : « Peut-être qu’enfin la véritable question demeure : “Y a-t-il un futur pour la manufacturing industry à Maurice ?” »
Local/Délocalisation
Il s’agit là de l’angoisse principale autour de ce secteur : l’emploi face à la menace des diverses restructuration, relocalisation, délocalisation. Et dans le ton, même si le court terme n’est pas concerné, Harold Mayer ne semble pas redouter cette perspective : « If a freak event, like finding oil, happens and that, naturally, the exchange rate cannot be maintained down, we’ll have to leave. » Ce qui pourrait conduire à commenter qu’en effet le textile mauricien dépasse le cadre du manufacturing et que la solidité de ses opérations n’est pas une question de frontières.
Cependant, Harold Mayer et Ahmed Parkar se veulent rassurants. Selon le second, « nous exportons Rs 200 millions de vêtements par an et si, à l’échelle mondiale, ce n’est rien, pour notre niche (marché spécifique) c’est conséquent ». Et de revenir sur la série d’intégration verticale, de consolidation de l’expertise, la proximité de Maurice avec l’Afrique, la stagnation de la production textile en Europe, tant de facteurs qui consolident Maurice sur la carte mondiale du textile. « Si l’Italie produit encore du textile, il n’y a aucune raison pour que Maurice n’en fasse pas autant pour au moins les vingt prochaines années », soutient Harold Mayer.
Et de mettre les points sur les « i », aller vers l’extérieur aurait, à tort, été représenté comme quitter le navire pendant la tempête. Le point de M. Mayer est le suivant : « Déplacer certaines opérations sur l’Inde, où tant d’acteurs européens circulent, a contribué à favoriser notre visibilité. De là, on a pu, de l’Inde, rediriger certaines opérations vers Maurice. » Et c’est là, selon Ahmed Parker, pointer le principal défi du secteur : « Améliorer la visibilité. »
Quid des autorités ? Est-ce que, vraiment, « tout a été fait » ? Vers la fin de la table ronde, les nuances se sont précisées. Selon M. Parkar, « l’industrie aurait sans doute apprécié que le ministère des Finances aide à développer une méthode de benchmarking et propose un groundwork plus spécifique. We need transition support when required. We need benchmarks so we can strategise ». On parle bien là d’intelligence économique.

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