THÉÂTRE: La cage aux folles Folie décagée

Ce n’est pas une pièce sur l’homosexualité. La cage aux folles est une comédie burlesque sans vulgarité. C’est une pièce qui s’interprète sérieusement sans se prendre au sérieux, disait en substance Michel Serrault. Une comédie de boulevard qui s’annonce de haute facture. À voir au théâtre Serge Constantin à compter du 16 novembre. Dans une mise en scène signée Philippe Houbert et Daniel Mourgues.
La présente production offre deux heures de rigolade avec une troupe de comédiens qui a, selon Philippe Houbert, le niveau requis pour donner des représentations en France. Ces comédiens ont effectivement travaillé leur personnage depuis des mois pour atteindre un niveau où le concept d’amateur ne tient plus la route. “Quand le rideau se lèvera sur la première de cette pièce, les gens qui seront dans la salle pourront tout de suite comprendre le travail qu’il y a eu derrière, justement pour qu’on oublie que c’est une troupe mauricienne. À aucun moment, nous n’avons souhaité faire d’allusions locales; nous sommes restés au plus près du texte et du concept d’origine. Nous sommes vraiment au plus proche possible de ce que les spectateurs ont pu voir à Paris, à Londres ou ailleurs.”
N’empêche, plusieurs comédiens dans la distribution n’ont jamais ou ont peu joué. À quelques exceptions près, les metteurs en scène ont façonné un matériau brut. Il s’agissait avant tout de trouver celui qui incarnerait Zaza : personnage pour qui la pièce a été écrite. Ce personnage ne pouvait par conséquent pas renvoyer une image vulgaire, ni ses finesses ne pouvaient-elles être interprétées de manière approximative. Auquel cas le spectacle s’écroulerait et serait une énorme tarte à la crème. C’est Jean-Luc Ahnee qui a répondu aux critères pour incarner ce travesti travaillant dans le cabaret La cage aux folles et compagne du directeur, Renato (Philippe Houbert).
Zaza en avant
C’est la deuxième pièce dans laquelle Jean-Luc Ahnee jouera après une dizaine d’années. Il avait joué dans Un grand cri d’amour avec Philippe Houbert. Et lorsque le projet de La cage aux folles est remis en chantier, Daniel Mourgues et Philippe Houbert ont pensé à cet homme sérieux qui sait aussi ne pas se prendre au sérieux, pour faire un essai. Car Zaza est un personnage spécial avec des subtilités complexes à camper.
Zaza offre un contraste avec Renato qui, selon le jargon du théâtre, “sert la soupe”. Il est en scène du début à la fin mais ce n’est pas ce personnage la vedette. “Il faut avoir suffisamment d’humilité pour rester en retrait et mettre Zaza en avant. Renato dénoue les situations et accueille les personnages les uns après les autres; tout repose sur lui. Il est le fil rouge mais les gens, en sortant du théâtre, se souviennent de Zaza et de Jacob, un petit rôle mais tellement coloré que les gens s’en souviennent.”
Du rose bonbon au gris
Michel Cundasamy se retrouve dans le rôle de Jacob : le serviteur noir extravagant qui fait des bonds dans tous les sens. C’est sa personnalité qui a donné l’idée aux metteurs en scène que Jacob pourrait être incarné par Michel Cundasamy. Un travail en profondeur est dès lors entamé sur les rôles à interpréter. Deux mois de répétitions quotidiennes à raison de six jours sur sept.
La distribution comprend de nouveaux talents et des noms familiers du théâtre, à l’instar de Fabrice Chaperon dans la peau de Laurent. Ce personnage est le fils de Renato. Il débarque un jour chez son père et Zaza pour annoncer son mariage avec Muriel (Élodie Lhomme). Il se trouve que Muriel est la fille du très conservateur Monsieur Dieulafoi (Robert Furlong) et que la future belle-famille de Laurent sera de passage pour faire la connaissance du père de celui qui épousera Muriel. Chamboulement de décor dans l’appartement à prévoir au deuxième acte. Le rose bonbon laisse place au terne du gris et du noir et blanc.
Spectacle total
Débarquera aussi Simone, la mère biologique de Laurent, incarnée par Martine Oxenham. Notons que l’épouse de Dieulafoi est jouée par Carine Babet. Tandis que Karine Merven campe une photographe de presse qui fouine dans La cage aux folles et par qui Dieulafoi sera contraint de se travestir pour sauver sa réputation.
La partie chorégraphique est imaginée par Cécile Gonzalès : deux intermèdes dansés et mimés par un travesti talentueux, Roland Tave, entouré de trois danseurs de la compagnie Omada.
La cage aux folles d’après une mise en scène de Philippe Houbert et Daniel Mourgues sera non seulement une pièce mais un spectacle total. Qui est joué de manière bénévole par l’intégralité de la troupe et de ses collaborateurs. Les bénéfices récoltés iront à des ONG.
Représentations : du 16 au 19 et du 23 au 26 novembre au Théâtre Serge Constantin.
Places à partir de Rs 200, en vente sur le Rézo Otayo – Tel : 466-9999; www.otayo.com
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La Cage dans le temps
La cage aux folles est une évidence dans le domaine du spectacle. La pièce écrite par Jean Poiret et mise en scène pour la première fois par Pierre Mondy (1974) continue de faire le tour du monde avec succès depuis environ quarante ans. Sans compter quatre adaptations au cinéma : trois films avec Michel Serrault et Ugo Tognazzi, doublés dans plusieurs langues, et un remake américain avec Robin Williams et Gene Hackman, The Birdcage. Une comédie musicale en a été tirée et se joue encore à Broadway, en Europe ou en Australie. La chanson I am what I am de Gloria Gaynor en est d’ailleurs le thème principal. Ce tube vient en effet de la version comédie musicale de La cage aux folles.
Au théâtre, des troupes jouent encore La cage aux folles : au Canada, en Belgique ou en Turquie. Un phénomène récurrent à travers le monde. Soulignons que Jean Poiret a écrit cette comédie après avoir vu L’Escalier, une pièce sérieuse qui traitait d’homosexualité.

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