THÉÂTRE : L’interprétation à l’épreuve du réalisme

Les comédiens réunis par Ashish Beesoondial pour les 40 ans du Mauritius Institute of Education ont fait entrer le théâtre millérien pendant cinq soirées à l’Alliance française. La petite salle était comble à chaque fois pour suivre les rebondissements d’All my sons, une des pièces les plus exigeantes d’Arthur Miller qui, en deux heures, progresse dans une grande intensité dramatique, des espoirs et illusions les plus légitimes aux travers les plus obscurs de la nature humaine.
Dans All my sons, le metteur en scène Ashish Beesoondial a recruté deux comédiens correspondant au profil des personnages par leur âge, qui ont une expérience du métier, mais dans d’autres genres (séries télévisées ou comédies). Et la séance de mardi a montré assez clairement que deux traditions théâtrales étaient peut-être en train de se rencontrer sur scène, égratignant parfois, il faut bien l’avouer, la crédibilité que doivent porter les personnages dans ce type de pièce.
Le rôle de Joe Keller n’est pas des plus aisés puisque ce père de famille, un homme ordinaire peu cultivé et soucieux du bien-être de sa famille, ce gros travailleur dont les apparences font penser qu’il a réussi sa vie, n’est peut-être pas fondamentalement mauvais… Cependant, il a commis deux erreurs impardonnables dans le cadre de son travail dans une usine d’assemblages de moteurs d’avions de guerre quelques années auparavant en pleine Seconde guerre mondiale. 21 pilotes en sont morts, un procès a eu lieu et notre homme s’est arrangé pour en faire porter la faute à son collaborateur, ami et voisin, Steve Deever, qui est au moment de la pièce en train de purger sa peine en prison.
Dans cette pièce en trois actes, la famille Keller vit un moment spécial avec la visite de la fille de Steve, la charmante Ann, qui a correspondu pendant deux ans avec leur fils Chris, joué ici par Deepak Ramsurrun. Ce dernier a l’intention de lui demander officiellement sa main, ce que Joe préférerait différer vu qu’Ann était la promise de son autre fils Larry, porté manquant depuis plusieurs années et dont son épouse Kate, incarnée par Ruby Govinden, espère toujours vivement le retour. Tout le premier acte expose cette situation complexe sous des apparences plutôt joyeuses et réconfortantes dans lesquelles les jeunes tourtereaux révèlent leurs sentiments.

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