Tirs croisés – Entrepreneuriat : Nos jeunes sont-ils formés ?

Alors que le gouvernement incite vivement les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat pour lutter contre le chômage dans cette catégorie de la population et pour créer de l’emploi, force est de constater que ces derniers ont du mal à trouver leurs marques. En effet, selon les statistiques, sur dix jeunes qui s’y essaient, huit ne décollent pas. Sur une centaine d’idées soumises au National SME Incubator Scheme depuis décembre 2017, seulement cinq se sont développées en “Start-up”.

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Quels sont les obstacles ? L’Éducation stimule-t-elle suffisamment le gène d’entrepreneur de nos jeunes ? Grande gagnante d’un concours organisé par le Programme pour la promotion de l’entrepreneuriat jeunesse (PPEJ), à l’intention des entrepreneurs, le week-end dernier, Nadine Bourbeau, qui a monté son entreprise dans l’alimentation il y a un an et demi, souligne les nombreuses difficultés administratives qu’elle a rencontrées avant de démarrer, sans compter les contraintes financières. « J’ai essayé avec SME Mauritius, qui était liée à la MauBank, mais ils ont malheureusement pris trop de temps », dit-elle. Elle plaide pour des taux d’intérêt moins élevés et ajoute qu’il « faudrait une meilleure information sur comment monter son entreprise ».

Research Officier au National SME Incubator Scheme, Vickram Bissonauth reconnaît que démarrer une entreprise comporte énormément de risques. En même temps, selon lui, « il existe beaucoup d’opportunités ». Il poursuit : « Il y a tellement de secteurs qui ne sont pas exploités, comme l’économie océanique. » Entreprendre, ajoute-t-il, permet de « créer de l’emploi et des produits innovants ». De son côté, Jean-Luc Rancier, chairman du PPEJ et entrepreneur depuis une dizaine d’années, observe qu’il « manque » un certain encadrement et un certain encouragement dans l’Éducation. Il regrette par ailleurs que les banques « ont tendance à hésiter à vous financer quand vous êtes entrepreneur ». Il explique : « Si les facilités sont là, il importe qu’il y ait plus d’accompagnement pour aider les entrepreneurs. » Il suggère ainsi une “VAT exemption” pour les trois premières années aux entreprises dans le “manufacturing” et le “processing”.

NADINE BOURBEAU :  « Beaucoup de difficultés au niveau administratif »

Vous avez remporté le premier prix à l’issue de la compétition “Meilleur Stand/Entreprise” organisée par le Programme pour la PPEJ le week-end dernier…

Nadine Bourbeau

Nous sommes membres du National Women Entrepreneur Council (NWEC). Le ministère de la Jeunesse et des Sports avait offert cinq places au NWEC pour participer au Salon des Jeunes Entrepreneurs. Le NWEC nous a choisis. Le Salon a réuni une trentaine de jeunes entrepreneurs mauriciens et rodriguais pour qu’ils exposent leurs produits et pour qu’ils fassent leur marketing.

Comment vous êtes-vous lancée dans l’entrepreneuriat ?
Après le HSC, j’ai suivi des cours de “Hospitality Management in Culinary Art” à l’École hôtelière Sir Gaëtan Duval pendant trois ans. Ce parcours m’a donné l’occasion de suivre des stages en France avec un chef mauricien étoilé Michelin, Franco Bowanee. Après mes études, j’ai travaillé comme Food and Nutrition Instructor au MITD pendant un an. Comme c’était à Rivière-du-Rempart et que j’habite Roche-Brunes, j’ai fait une demande de transfert vers Rose-Hill. Comme un autre prof habitant Mont-Roches a pu obtenir un transfert et qu’on n’a pas accédé à ma demande, j’ai décidé de mettre un terme à ce travail et de me lancer à mon propre compte. Déjà, pendant mes études, j’avais des idées. D’ailleurs, j’ai commencé à travailler sur mes produits depuis l’époque où j’étais à l’École hôtelière. Cela a pris cinq ans pour tous les élaborer.

Quels sont ces produits ?
Les produits Exo sont des sauces pimentées à base de fruits. Nous avons huit saveurs dont le kiwi wasabi, le Yelagiri (tamarin et mélasse), le Cocopina (coco et ananas), le Péri Péri (citron et raisin), et trois gammes d’Exotica (citron et tananas, citron et tamarin et citron et menthe). Notre sauce kiwi est unique au monde et contient de la vitamine C. On y a mis du colorant naturel et de la chlorophylle. Je me suis inspirée des cultures culinaires à Maurice.

Vous avez toujours su que vous vouliez être entrepreneure ?
En fait, c’est une histoire de famille. Ma grand-mère et mon père sont très doués en cuisine. J’étais toujours avec ma grand-mère lorsqu’elle préparait des gâteaux et, petite, j’aimais bien inventer de nouvelles recettes. Je suis passionnée par cela.

Quelles sont les difficultés que vous avez eues à surmonter ?
J’ai débuté avec l’aide de ma belle-sœur, Angélique Bourbeau, qui est mon Marketing Manager et qui a un diplôme en secrétariat et comptabilité. Nous avons d’abord eu des contraintes financières. Ensuite, nous étions très mal informées. On nous envoyait vers la SME Mauritius, qui nous envoyait à la DBM, laquelle nous réfère à une autre institution… On ne nous dit pas tout ce qu’il faut présenter comme documents et ensuite, quand on arrive, il manque des tas de choses. On nous fait tourner en rond sans jamais nous faire évoluer. Pour l’obtention du “Trade Licence” à la mairie de Port-Louis, c’est une vraie lenteur administrative… Nous avons connu beaucoup de difficultés à ce niveau. Ce sont des rencontres avec de bonnes personnes au détour d’une foire au NWEC qui nous ont permis de surmonter les obstacles. Nous avons ainsi pu obtenir une subvention pour le “Bar Code”, qui coûte Rs 9 000. Une personne qui débute n’a pas Rs 9 000… À partir de là, on s’est plus renseigné et, à force de persévérance, on y est arrivé.

Combien de temps cela vous a-t-il pris entre le moment où vous avez décidé de lancer votre entreprise et le moment où vous avez vraiment débuté ?
Un an.

Quelles sont les facilités mises à la disposition des jeunes pour se lancer, en termes de formations, de prêts financiers…
Moi, j’ai bénéficié d’une formation de six mois de “Go Export”. C’est quelqu’un rencontré lors d’une foire qui nous l’a suggérée. Cette formation parle de tout, du début de l’entreprise, du “code bar”, de l’exportation, etc. On y apprend plein de choses et on tisse des contacts. J’ai aussi rencontré une chargée de cours à l’Université de Maurice, Aumjaud Esha, qui m’a aidée à participer à une compétition, à savoir “SANBio Platform”, en Afrique du Sud. On nous paye le billet d’avion, le séjour, etc. Je suis aussi allée, dans le cadre de cette compétition, aux Seychelles, où j’ai bénéficié de cours en business et en finances, entre autres. Côté financier, j’ai dû trouver mes propres fonds. J’ai débuté avec Rs 5 000. Je n’ai bénéficié d’aucune facilité financière. J’ai essayé avec la SME Mauritius, qui était liée à la MauBank mais ils ont malheureusement pris trop de temps. On nous a référées à la DBM, qui à son tour, nous a référées ailleurs…

Cela fait un an et demi que vous avez démarré. Un bilan ?
On est aujourd’hui présent dans les supermarchés Intermart, King Savers, London Way (Mahébourg) et bientôt peut-être dans les Winners et Jumbo. Cela a bien démarré. Les gens sont intéressés par nos produits car nous n’utilisons pas de colorants artificiels.

Notre système éducatif forme-t-il les jeunes à l’entrepreneuriat ?
Non ! Le souci avec le système, c’est que les jeunes apprennent seulement dans les livres. Même à l’Université de Maurice, je connais beaucoup de jeunes qui ne savent pas où aller après leurs études. Il n’y a pas suffisamment de stages en entreprise.

Des études à l’école hôtelière suffisent-elles pour se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Pas tout à fait. Il faut d’autres formations, comme moi j’ai suivi celle de “GoExport” et de “SANbio”.

Quelles sont les facilités existantes pour les entrepreneurs ?
La DBM offre des prêts de Rs 500 000 sans garantie aux femmes souhaitant se lancer. On nous a contactées mais cela ne touche pas tout ce dont on a besoin en tant qu’entrepreneures. Cela concerne les équipements, les matières premières, entre autres, mais pas les véhicules comme on en aurait besoin. Bientôt, on devra livrer nos produits dans plus de 25 supermarchés et on a un seul véhicule… On nous offre certaines facilités mais elles sont limitées. Il faudrait plus de partenariats avec plus de banques, avec des taux d’intérêt moins forts que 15%. 15% c’est énorme pour des entrepreneurs qui débutent. Aussi, la TVA représente un véritable coût qui plombe vraiment dans nos profits, qui pourraient être réinvestis dans la société… Il faudrait de plus une meilleure information sur comment monter son entreprise. On ne va pas assez dans les détails.

VICKRAM BISSONAUTH  :  « Les opportunités sont immenses » 

Le gouvernement encourage les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat. Est-ce que l’éducation forme les jeunes à cela ? 

Vickram Bissonauth

Bien sûr, avec le Nine-Year Schooling, il y a des modules qui commencent à donner la base aux jeunes pour s’intéresser à l’entrepreneuriat. Il y a aussi d’autres programmes gouvernementaux qui incitent les jeunes à s’y embarquer. Par exemple, il y a le National SME Incubator Scheme du MRC, qui est une collaboration entre le gouvernement, à travers le MRC, et les incubateurs du privé. Ceux-ci sont au nombre de quatre. Leur rôle est de guider les jeunes ayant des idées. Ils font donc du coaching, du mentoring et parfois du “networking” avec d’autres entreprises. Le but est de prendre ce jeune et lui montrer comment mieux orienter son business.

Quelles sont les étapes du coaching ?
Il y a trois étapes dans ce SME Incubator Scheme : 1) la pré-incubation. Un jeune peut ne pas avoir de diplôme mais il a des idées. Il rencontre un incubateur qui l’aidera à monter son Business Plan. Ensuite, il a neuf mois pour le faire. Si cela marche et qu’il trouve une entente pour travailler, il passe à l’incubation qui dure dix-huit mois. C’est une étape plus poussée, où le jeune enregistrera sa compagnie et avoir des clients. Ensuite, il y a l’accélération. C’est le moment où le business va non seulement explorer le marché local mais aussi régional, voire international. En somme, le système de “Business Incubation” aide à consolider l’Economic Entrepreneurial Ecosystem de Maurice.

Les statistiques montrent que sur dix jeunes qui démarrent une entreprise, huit n’arrivent pas à décoller…
“Starting a business” comprend beaucoup de risques ! Depuis décembre 2017, le MRC a incubé une centaine d’idées et 5 “start-up” en sont sortis. Donc, le risque est là… Les incubateurs et le gouvernement en sont conscients. Mais, ce qui est intéressant, c’est de voir la confiance qui commence à émerger entre les incubateurs privés et le gouvernement. Autrefois, il y avait des incubateurs privés qui opéraient seuls mais cela n’a pas très bien fonctionné car notre réservoir d’incubés potentiels est trop restreint. On s’est donc dit qu’on réunira nos efforts pour aider au progrès. On veut avoir un vivier de projets qui sont suivis de très près par les incubateurs pour mettre toutes les chances de réussite de côté.

Que gagnent les incubateurs dans tout cela ?
Le gouvernement, à travers le MRC, cofinance les coûts opérationnels des incubateurs jusqu’à un barème. L’incubateur utilise cet argent pour payer un consultant afin de donner des cours par exemple ou pour donner un “free office space” à l’incubé. Chaque incubateur a sa manière de faire.

Sur une centaine de propositions, cinq seulement ont donné naissance à des “start-up”. Qu’est-ce qui a bloqué pour les autres ?
Ce sont les projets les plus probants, qui ont un marché et qui ont réussi. Les cinq ayant réussi sont dans le domaine du service. Par exemple, un s’occupe des visites guidées pour les touristes et un autre propose ses services de conseiller chez les PME. Ensuite, il y a des jeunes de l’université qui ont créé une plateforme pour étudier l’anatomie du corps.

Outre le SME Incubator Scheme du MRC, quelles sont les facilités mises à la disposition des jeunes pour lancer une entreprise aujourd’hui ?
Le MRC propose aussi le “Research Grant Scheme” à ses incubés. Il y a aussi le “Proof of Concept Scheme”. Si vous parvenez à prouver que votre concept est novateur et qu’il a un potentiel commercial, si vraiment il y a des éléments d’innovation, on peut vous financer à hauteur de Rs 1M.

Que conseilleriez-vous à un jeune souhaitant monter une entreprise ?
Il peut aller voir des incubateurs et la SME Mauritius. Nous, on les dirigera vers les incubateurs du National SME Scheme qui leur apporteront une approche plus structurée. Côté finances, outre le “Proof of Concept Scheme” du MRC, il y a le SME Mauritius qui offre pas mal d’avantages. Il y a des facilités offertes par des banques. Nous, on veut créer un réseau de “Business angels” mais ce n’est pas encore finalisé. Il s’agit d’un réseau de personnes qui ont de l’argent et qui veulent participer à l’épanouissement de l’entreprise du jeune. Pour cela, il faudra mettre en place toute une structure et on y travaille.

Un jeune entrepreneur qui n’a pas débuté avec le MRC mais qui rencontre des difficultés, quel recours a-t-il ?
Il peut toujours venir nous voir. On le référera à nos incubateurs. On déterminera s’ils sont faits pour l’entrepreneuriat ou pas.

Peut devenir entrepreneur qui veut ?
L’entrepreneuriat demande de la détermination, une vision claire d’un produit que le marché acceptera. Il faut savoir faire accepter son produit. Je dirais qu’il n’y a pas de formule magique. Mais si une personne est déterminée, travaille dur et sait utiliser les moyens qui sont mis à sa disposition, il a de très bonnes chances, au moins, de faire un pas vers l’entrepreneuriat.

Pourquoi encourager les jeunes à devenir entrepreneur ?
Ils peuvent être leur propre patron d’abord. Ensuite, pour combattre le chômage. Ils ont la possibilité de créer de l’emploi et des produits innovants. Souvent, on a des visionnaires, à l’instar du créateur de Facebook. C’était un jeune qui voyait le monde différemment. Et puis, Maurice a besoin de tels jeunes. Il y a tellement de secteurs qui ne sont pas exploités comme l’économie océanique. On a un vaste océan mais très peu de projets qui vont dans ce sens. Il y a l’intelligence artificielle utilisée comme un outil pour des progrès. Les opportunités sont immenses…

JEAN-LUC RANCIER : « Être entrepreneur demande de la rigueur »

Selon les statistiques, huit entrepreneurs sur dix ne parviennent pas à décoller. Nos jeunes sont-ils équipés pour se lancer dans l’entrepreneuriat comme les encourage si fortement le gouvernement ? 

Jean Luc Rancier

Il faut qu’à la base, l’éducation les encourage à être autonomes. Un entrepreneur doit avoir une certaine autonomie. La bonne volonté est là de faire que Maurice devienne une nation d’entrepreneurs ou entreprenante. Mais il manque un certain encadrement et un certain encouragement dans l’Éducation. Il faut que les études d’entrepreneuriat deviennent un pilier important dans ce secteur. Pour qu’un jeune puisse dire qu’il entreprendra dans un secteur, où il se sent à l’aise, il faut qu’au niveau des collèges, on organise des visites sur le terrain, des découvertes avec des entrepreneurs déjà sur le marché, par exemple.

Vous êtes vous-même entrepreneur. Qu’est-ce qui vous a poussé un jour à vous lancer dans cette voie ?
Ma famille n’a jamais été dans le business. Le seul rêve que j’avais, c’était d’être mon propre patron. J’ai pris cette décision il y a un peu plus de dix ans. Je me suis lancé dans la préparation d’amuse-gueules de la marque “Saveurs de l’île Maurice”. J’emploie aujourd’hui douze personnes à Curepipe.

Comment ont été vos débuts ?
Au départ, rien n’est facile. Lorsque vous décidez de vous lancer, il faut suivre les formalités, notamment au niveau de la paperasserie : BRN, certificat d’incorporation, permis, etc. Cela n’a pas été facile. J’ai mis trois années avant de vraiment m’installer. Il a fallu d’autre part aller à la recherche d’une clientèle. La plus grosse difficulté a été la recherche des clients. Les facilités existaient pour les entrepreneurs mais cela prenait trop de temps. J’ai bénéficié d’une facilité financière mais malheureusement, quand vous êtes entrepreneur, les banques ont tendance à hésiter à vous financer. Ils ne financent pas à 100% votre projet. Bien souvent, c’est 50% voire inférieur à cela. C’est le gros travail au niveau du marketing qui a fait qu’au bout de trois ans, j’ai pu ramer une bonne clientèle.

Et aujourd’hui ?
Je suis satisfait mais il manque tout de même un certain soutien financier pour mieux établir le business. Aujourd’hui, la différence se fait au niveau de l’innovation. Il faut innover, rendre attirant son produit et venir avec une diversité…

Vous êtes président du PPEJ. Quel est son rôle ?
Le PPEJ est en association avec la CONFEJES, un regroupement des pays francophones qui a pour but d’encourager l’entrepreneuriat jeunesse. Cette formation aide à mieux encadrer les jeunes dans la création d’une entreprise. On offre généralement une formation d’environ huit semaines. Les dix meilleurs projets de chaque pays entrent en compétition à la CONFEJES. Il y a au final dix projets qui sont primés. Ensuite, est octroyé un financement. Le premier prix peut aller jusqu’à un financement de Rs 130 000. La PPEJ aide ces entrepreneurs sur une deuxième année à travers un financement incitatif.

Combien de jeunes ont bénéficié de ce programme jusqu’ici et que sont-ils devenus ?
Le programme existe depuis 2005. Un millier de jeunes a suivi la formation et 300 environ ont pu créer leur entreprise et sont toujours sur le marché. Généralement, la CONFEJES demande à faire un suivi. Il y a un suivi qui se fait. Mais en tant que chairman, ce que je souhaite, c’est de regrouper tous ces jeunes qui ont suivi cette formation depuis 2005, et vérifier s’ils sont effectivement toujours sur le marché et s’ils n’y sont plus, quelles sont les causes qui les ont contraints de fermer boutique et essayer de les encourager à se remettre dans le bain. Il y a un suivi mais pas à 100%. Moi j’exige que, cette année, nous mettions les moyens pour avoir une base de données, connaître les problèmes qu’il y a eus et comment on peut les résoudre.

Quels sont les secteurs porteurs dans le domaine de l’entrepreneuriat aujourd’hui ?
L’alimentation, l’artisanat, l’agri-business. Le Mauricien, aujourd’hui, commence à développer un intérêt pour les produits bio. Quand on reçoit des projets, on voit qu’il y a une nouvelle vague de jeunes entrepreneurs qui s’intéressent aux produits bio. Il faut aussi souligner la bonne volonté du gouvernement qui a mis au point un système de certification : Maurigap. Il y a aussi un intérêt pour tout ce qui touche à l’informatique, la plomberie, le jardinage. Les gens n’ont plus le temps de faire du jardinage.

Peut devenir entrepreneur qui veut ?
Je ne dirais pas n’importe qui. Mais quelqu’un qui a une forte conviction en sa réussite personnelle. Être entrepreneur demande de la rigueur, de la discipline et se dire que chaque jour est un défi à relever. La vie d’un entrepreneur n’est pas aussi facile. C’est un choix de vie avec les contraintes qu’il faut accepter au quotidien. Ce n’est pas quelqu’un qui, le jour où il n’y aura pas de vente, fermera son entreprise. Mais, un entrepreneur est positif et continue malgré les difficultés. De plus, pour qu’on ait des entrepreneurs à succès, les parents ne doivent pas limiter leurs enfants à s’imaginer avec une chemise et une cravate pour aller travailler dans un bureau. Il faut développer ce gène d’entrepreneur. Avec l’accompagnement scolaire en parallèle, on pourra développer une nation d’entrepreneurs.

Un message à passer ?
Quand j’avais débuté, il y a dix ans, c’était très difficile. La première chose qu’on vous demande, c’est un Business Plan et quand vous êtes jeune, vous n’avez aucune idée de ce que c’est. Vous devez vous mettre dans la peau d’un comptable et vous convaincre vous-même que vous pouvez y arriver. Aujourd’hui, il y a plus d’accompagnement qui existe. Il y a la DBM qui offre un plan de Rs 500 000 sans garantie aux femmes, ce qui est fort louable. Il y a des banques qui proposent des SME Schemes. Ces banques doivent en revanche améliorer leur plan et ne pas laisser ces jeunes à l’abandon. Il faut leur montrer comment faire leur Business Plan. Les facilités sont là mais il faut plus d’accompagnement. Moi, j’envisage d’employer cinquante, voire une centaine de personnes à l’avenir. Mais, il faut que les banques et les institutions concernées jouent le jeu car il y a des risques derrière. Si on veut accompagner une entreprise sur dix ans, comme le “10 year Masterplan”, il faut donner les moyens, mois après mois, année après année, pour être profitable. Aujourd’hui, il y a une exemption de la taxe personnelle pour les entrepreneurs débutants. Mais pourquoi ne pas venir avec une “VAT Exemption” pour les trois premières années aux entreprises dans le “manufacturing” et le “processing” ? Car avec la compétition, les entreprises se retrouvent en plus à verser leurs profits à la MRA… Cela les aiderait à gravir les échelons plus vite.

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