Tirs croisés : solidarité, un vain mot ?

Certains diront que la solidarité n’a pas de religion, que lorsqu’il s’agit de venir en aide à une personne, la question de la religion, de l’appartenance ethnique ou de la classe ne se pose même pas. Toujours est-il que la solidarité est une valeur prônée dans toutes les religions. Maurice étant un pays où les pratiques religieuses sont très répandues, ses habitants sont-ils pour autant solidaires les uns des autres ? Sont-ils soudés comme une seule nation ?

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L’ancien président de la République, Cassam Uteem, est d’opinion que l’on « devient de plus en plus égoïste ». Pour lui, « les Mauriciens d’hier, qui vivaient dans la pauvreté, étaient bien plus solidaires que ceux d’aujourd’hui, dont certains vivent dans l’opulence et sont souvent impassibles devant la pauvreté ambiante ». Ces Mauriciens d’autrefois, poursuit-il, « se partageaient le peu qu’ils avaient et s’assuraient que l’enfant du voisin n’allait pas dormir le soir le ventre creux ». Selon lui, la solidarité, aujourd’hui, « s’exprime davantage à travers des Ong et des associations caritatives ».
Pour sa part, Kersley Goindarajoo, responsable du Secours d’urgence à Caritas, trouve que les Mauriciens sont toujours solidaires. « Ce sont les politiciens qui veulent nous diviser. Cela me dépite de voir cela. » Il reconnaît toutefois que quand il s’agit de coûts de transport et autres frais administratifs, les dons sont plus lents à aboutir. Mais, témoigne-t-il, « cela fait une vingtaine d’années que j’accompagne nos frères musulmans à distribuer des vivres dans les familles chrétiennes ». De même, « quand Caritas vient en aide à une localité, elle aide les habitants de toutes les communautés, et lorsque Caritas vient en aide aux squatters, on ne regarde pas si ces derniers sont chrétiens ou pas ».
Salim Muthy, travailleur social, abonde dans le même sens que l’ancien président de la République, observant que les Mauriciens étaient plus solidaires autrefois. En cause, selon lui, « la politique ». Il ne se voile pas la face et déclare catégoriquement que « nous ne sommes pas encore devenus une nation ». Selon ses observations en tant que travailleur social, « quand un problème ne concerne pas une personne, celle-ci affiche une indifférence absolue ».


Cassam Uteem (ancien président de la République) : « On devient de plus en plus égoïste »

On dit que le monde devient de plus en plus égoïste et que c’est le « chacun pour soi » qui prime. On le voit sur nos routes au quotidien. Chacun veut passer avant l’autre. Est-ce que c’est cet esprit qui prime chez les Mauriciens ou sont-ils solidaires ?

Je suis d’avis, je dirais même que c’est un fait, que l’on devient de plus en plus égoïste et, ici comme ailleurs, le « chacun pour soi » prime. Et même Dieu n’est plus pour tous ! On a poussé l’égoïsme jusqu’au point où certains ont cru pouvoir monopoliser Dieu ou avoir un Dieu exclusivement pour soi et les siens.

Les Mauriciens d’hier, qui vivaient dans la pauvreté, étaient bien plus solidaires que ceux d’aujourd’hui, dont certains vivent dans l’opulence et sont souvent impassibles devant la pauvreté ambiante. Ils se partageaient alors le peu qu’ils avaient et s’assuraient que l’enfant du voisin n’allait pas dormir le soir le ventre creux. Dans certains faubourgs urbains et des villages éloignés, lorsque sévissait le temps de la vache maigre, on vivait comme les membres d’une famille étendue, solidaires les uns des autres.

Pourtant, dans des situations de catastrophe naturelle, après une inondation ou un cyclone, il y a un élan de solidarité chez les Mauriciens…

L’humanité en sommeil chez chacun de nous se réveille le temps d’un cataclysme pour vite se rendormir le jour d’après ! Il est absolument vrai de dire que l’élan de solidarité chez les Mauriciens est exemplaire après le passage d’un cyclone dévastateur ou une inondation destructrice. On contribue généreusement et spontanément, on distribue des vivres et on participe aux téléthons. On s’offusque lorsque l’État qui vient en aide aux sinistrés ne leur offre pour toute pitance que de l’eau et des biscuits !

Est-ce à dire que les Mauriciens sont solidaires seulement dans des situations d’urgence ou la solidarité se vit-elle aussi au quotidien entre voisins et amis ?

Même si, en général, on fait montre d’égoïsme, il existe bien sûr, et heureusement d’ailleurs, des exceptions. La solidarité entre voisins et amis existe encore, surtout dans des moments difficiles, même si elle devient une denrée de plus en plus rare.

Il y a encore un certain nombre de Mauriciens qui, chaque jour, contribuent selon leurs moyens à alléger la souffrance des autres, souvent dans l’anonymat. Les appels à l’aide et à l’expression de solidarité que l’on constate quasi quotidiennement dans les médias ne restent jamais vains. Il y a aussi ceux qui, suivant les préceptes de leur religion, réservent aux pauvres une part de leurs revenus annuels.

La solidarité d’hier et celle d’aujourd’hui sont-elles comparables ?

La solidarité aujourd’hui s’exprime davantage à travers des Ong et des associations caritatives. Une façon de se donner bonne conscience car on n’a plus le temps, comme autrefois, de s’occuper personnellement des familles qui vivent dans la misère.

Au niveau de l’ATD Quart Monde, dont vous êtes le président, pouvez-vous dire s’il y a un témoignage de solidarité de la part des Mauriciens envers les plus démunis ?

ATD Quart Monde met certes l’accent sur la solidarité envers les plus démunies de la société mais agit surtout pour redonner aux familles victimes de la pauvreté de la dignité et témoigne de l’effort et du sacrifice de ces familles pauvres pour sortir de leur situation de pauvreté. ATD cherche à changer le regard des gens sur ces familles-là et mène campagne pour bien faire comprendre que la pauvreté n’est pas une fatalité et que le combat contre la pauvreté est un combat pour le respect des droits de tout un chacun.

« Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, disait Joseph Wrezinski, le fondateur du mouvement ATD Quart Monde, les droits de l’homme sont violés; s’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. » Dans le combat du refus de la misère, on ne parle pas de charité, mais plutôt du respect des droits (droit à la vie, à la nourriture, au travail, à l’éducation, à la santé, à la culture…).

Des propos haineux, à caractère communal, visant à diviser le pays sont souvent émis par les politiciens. La majorité silencieuse des Mauriciens se démarque-t-elle de tels propos ? Sait-elle dépasser les clivages de race, de classe et de caste pour se montrer solidaire de ses compatriotes ?

Les politiciens véreux qui tiennent des propos à relents communaux existent malheureusement chez nous comme ailleurs les racistes et les xénophobes. Mais ils ne sont pas les seuls. Il existe également certaines organisations dites socioculturelles pour lesquelles tout prétexte est bon pour attiser la haine raciale. Les propos tenus, souvent incendiaires, mettent en péril l’harmonie sociale.

Nous devons être toujours sur nos gardes et éviter de tomber dans le piège qu’ils nous tendent. La grande majorité des Mauriciens ne demande qu’à vivre en paix et en sécurité, et aurait souhaité que les autorités concernées sévissent contre tous les fossoyeurs du même acabit. Les lois contre l’incitation à la haine raciale existent mais ne sont presque jamais appliquées. L’ensemble de la population accepte, respecte et souvent célèbre la diversité, qui constitue une des richesses de notre pays. Au fil des ans, nous avons appris à mieux nous connaître et nous savons nous montrer solidaires les uns avec les autres au-delà de nos différences et de nos divergences.

L’année 2019 sera rythmée par des campagnes électorales avec des discours politiques « divisionnistes ». Les Mauriciens sont-ils assez sages pour voir au-delà de ces discours et rester solidaires et Mauriciens ?

Je fais confiance à l’intelligence de la jeunesse mauricienne et à la sagesse des aînés. Les campagnes électorales à Maurice se sont toujours globalement déroulées dans le calme et sans grandes escarmouches, les adversaires politiques se respectant le plus souvent, comme le veut la tradition démocratique. Les dérapages langagiers se produisent surtout dans des réunions privées, souvent réservées aux membres d’une seule communauté, et qui de mon point de vue auraient dû être interdites.


Kersley Goindarajoo (Caritas) : « Les Mauriciens sont toujours solidaires »

On dit que le monde devient égoïste, que c’est le « chacun pour soi » qui prime aujourd’hui. On le voit bien sur nos routes. Chacun veut passer en premier. Est-ce que les Mauriciens sont égoïstes ou est-ce qu’ils sont solidaires ?

Cela dépend de la situation. Lorsqu’il y a une catastrophe naturelle, je vois que les Mauriciens se montrent très solidaires. Par exemple, s’il y a un incendie dans un endroit, on ne pense pas à l’appartenance ethnique ou religieuse de la victime, on va l’aider en apportant à manger pour la famille. Moi-même, de par mon métier, j’ai été témoin de ce sens de la solidarité un peu partout dans l’île par des Mauriciens de toutes communautés.

Que ce soit à Tranquebar, à Pointe-aux-Sables ou ailleurs, après une inondation, tout le monde met la main à la pâte en apportant des vivres, des vêtements secs, etc. Quand on demande de l’aide, on n’attend pas longtemps. Caritas fait la coordination avec les forces vives de l’endroit, les scouts, Zezi Vre zom… Prenons un autre exemple : pendant la période de Noël, dès qu’une radio lance un appel à solidarité pour une famille, les Mauriciens viennent apporter des cadeaux. Ce matin, un appel a été lancé pour une femme cherchant du matériel scolaire pour son enfant et, l’après-midi, elle avait déjà trouvé ce qu’elle cherchait.

Qu’en est-il pour les dons en argent ?

Si l’on précise bien le but du projet, à l’exemple de la construction de maisons pour des familles qui n’en ont pas, il y a des donateurs qui sont prêts à aider.

Caritas n’a donc pas de difficulté à trouver des fonds et des dons en espèces ?

Quand il y a des urgences, c’est facile. Mais quand il s’agit de frais d’administration, comme des frais de transport, là c’est bien plus lent. C’est plus difficile de convaincre les potentiels donateurs de financer des frais de coordination, de location ou de formation. Ce sont pour eux des besoins « abstraits ». Les gens préfèrent faire des dons directement aux bénéficiaires. Ils aiment savoir où va exactement leur argent.

Comment Caritas procède-t-elle donc pour rassurer les donateurs quant à l’injection de leur argent ?

Nous avons des rapports qui font foi de transparence.

Alors que des propos haineux et à caractère communal proviennent souvent des politiciens, vous êtes donc d’avis que la majorité silencieuse des Mauriciens est différente, qu’elle met de côté les notions de race, caste et classe pour aider son prochain dans les moments difficiles ?

La majorité est très différente, oui. Prenons le mois du Ramadan. Les Mauriciens de foi musulmane distribuent des vivres mais ils ne le font pas qu’aux musulmans. Ils distribuent aussi aux bénéficiaires de Caritas. J’apprécie beaucoup ce geste de leur part. Cela fait d’ailleurs une vingtaine d’années que j’accompagne nos frères musulmans à se rendre dans les familles chrétiennes. De même, quand Caritas vient en aide à une localité, elle aide les habitants de toutes les communautés.

A Vallée-Pitot et Vallée-des-Prêtres, par exemple, nous répondons en permanence aux besoins des familles musulmanes et non-chrétiennes en leur offrant couches, médicaments, matériel scolaire et produits alimentaires. Lorsque Caritas vient en aide aux squatters, on ne regarde pas si ces derniers sont chrétiens ou pas. On aide tout le monde. C’est tout à fait normal pour nous. Quand on aide, on n’aide pas une seule communauté. Je pense que de plus en plus les Mauriciens deviennent solidaires. De nombreuses fêtes sont organisées dans les quartiers pauvres pour les enfants.

Est-ce à dire que c’est seulement dans les moments d’urgence que les Mauriciens sont solidaires ou le sont-ils aussi dans leur vie de tous les jours avec les voisins, etc. ?

Non, pas que dans ces moments-là. Disons qu’il y a un mariage dans un endroit, à la campagne. Les voisins mettent la main à la pâte. Il y avait récemment un mariage chrétien à Terre-Rouge. Tout le monde a donné un coup de main. Un voisin non-chrétien est venu décorer la cour. On voit cela aussi quand il y a des funérailles et que la personne défunte n’était pas dans une mutuelle. Il y a toujours des gens pour cotiser.

La solidarité d’hier et celle d’aujourd’hui sont-elles comparables ?

Cela fait 32 ans que je fais ce métier. J’ai été témoin de beaucoup de gestes de solidarité. Un jour, il y avait une famille dont la plupart des membres étaient malades. Elle avait besoin de faire un dépôt de Rs 200 000 pour avoir une maison NHDC. Les habitants de l’endroit ont cotisé. Nous avions lancé un appel à l’église mais cela avait dépassé la contribution des seuls chrétiens. Tout le voisinage avait contribué pour que cette famille ait sa maison. Je dirais donc que les Mauriciens sont toujours solidaires. Ce sont les politiciens qui veulent nous diviser. Cela me dépite de voir cela.

Les élections l’an prochain raviveront-elles l’esprit de division qu’aiment à semer les politiciens ou les Mauriciens sauront-ils demeurer solidaires ?

Malheureusement, les politiciens vont utiliser ce moyen encore. Mais je pense que les Mauriciens sont assez intelligents pour se positionner au-dessus de tout cela, surtout les jeunes.


Salim Muthy (travailleur social) : « On n’est pas encore devenu une nation »

On dit que le monde devient égoïste, que c’est le « chacun pour soi » qui prime aujourd’hui. On le voit bien sur nos routes. Chacun veut passer en premier. Est-ce que les Mauriciens sont égoïstes ou est-ce qu’ils sont solidaires ?

Le Mauricien est-il solidaire à travers des actions sociales ou dans des cas spécifiques, ou alors montrent-ils une indifférence totale ? En tant que travailleur social, je vois bien cette indifférence. Quand un problème ne concerne pas la personne en question, celle-ci est complètement indifférente au problème. Il faut qu’elle soit concernée par le problème pour qu’elle manifeste, entre en grève, etc. Par contre, quand leur prochain est touché, ces personnes montrent une indifférence absolue.

Mais nous avons à maintes reprises été témoins d’élans de solidarité de Mauriciens après une inondation, un cyclone dévastateur…

C’est devenu un folklore. Après un cyclone ou une inondation, pendant trois à quatre jours, on va donner des produits de première nécessité. Mais après, ce sera tout. Quant à régler les sources du problème, il n’y a pas autant de personnes prêtes à le faire.

Les Mauriciens sont-ils en mesure d’aider à régler de tels problèmes à leur source ?

Dernièrement, un Bangladais était hospitalisé et devait rentrer chez lui. J’ai lancé un appel et les gens ont contribué à hauteur de Rs 900 000 pour le rapatrier. Pourquoi ont-ils contribué ? Parce que c’était la période de jeûne. Là, on se montre religieux, on se sacrifie, on partage. Mais si on n’était pas dans la période de jeûne, on n’aurait pas pu réunir cette somme. Quand il y a une inondation, le Mauricien accourt pour donner couvertures et vivres, mais si vous lui dites que les drains mal faits sont la source du problème, que les autorités ne font rien et qu’il faut manifester, il ne participera pas.

Mais le fait que le Mauricien aide après une inondation, un cyclone ou même pendant la période de jeûne, n’est-ce pas de la solidarité ?

C’est une forme de solidarité. C’est un folklore. Dans son ensemble, le Mauricien est généreux. Il n’y a pas de religion. D’ailleurs, la souffrance n’a pas de religion. Aujourd’hui, on sait qu’il y a un ministère de l’Intégration sociale depuis 2007 et dont le but était de lutter contre la pauvreté. Est-ce que parmi les poches de pauvreté on a pu en éliminer au moins une ? Non. Au contraire, la pauvreté a augmenté alors que l’État injecte des millions de roupies. On n’a pas pu combattre les sources de la pauvreté.

Les propos haineux et communalistes proviennent souvent des politiciens. La majorité silencieuse des Mauriciens est-elle différente ?

Je viens d’écouter les débats sur la réforme électorale et j’ai été très impressionné par la nature des propos parlementaires. La plupart ont parlé de « enn sel lepep, enn sel nasyon ». Mais en réalité, quand vous les entendez parler, quand vous voyez la dose de communalisme qui est pratiquée au niveau du Parlement, la maison du peuple, cela inspire le dégoût ! Vous voyez chacun venir défendre sa communauté au niveau de la politique. Des parlementaires très haut placés viennent vous parler d’unité nationale quand ils sont eux-mêmes à la base du communalisme. Définitivement, de telles attitudes se reflètent sur la nation. Moi, je dis qu’on n’est pas encore devenu une nation.

Ne pensez-vous pas que c’est une minorité qui pense ainsi ?

Non, prenez garde. Moi aussi je pensais ainsi. Je pensais que les jeunes auraient cet esprit du « mauricianisme ». Mais c’est totalement différent. Allez sur Facebook, vous verrez les propos communalistes qu’ils émettent. Il ne faut pas que l’on se cache derrière cette facette du « mauricianisme » alors que derrière, nous pratiquons le communalisme. C’est de l’hypocrisie de la part des politiciens de parler d’unité nationale. En 1982, il y avait eu un 60-0. J’avais environ 22 ans. On est descendu sur la Place d’Armes et on a vraiment vu cet espoir du mauricianisme. Malheureusement, cela a empiré. Pour moi, ce sont des élections communales qui nous attendent l’an prochain, et cela fera du tort à notre pays.

Ne pensez-vous pas que les Mauriciens sont assez sages pour déjouer les tentatives de division des politiciens ?

Je ne vois pas cela. Tant qu’il y aura ce système qui consiste à mettre trois musulmans dans une circonscription et trois hindous dans une autre, on ne pourra s’en débarrasser. Pourquoi les grands leaders comme Navin Ramgoolam, Pravind Jugnauth ou Paul Bérenger ne posent-ils pas eux-mêmes au No 3 ?

Pourquoi le communalisme est-il aussi présent chez les jeunes, comme vous le dites ?

Quand un enfant joue à l’école primaire, il n’a pas cette notion de « communauté ». Il joue avec les autres. Au fur et à mesure qu’il grandit, il reçoit l’éducation de ses parents, qui le dirigent vers leur religion. Si un parent enseigne mal à son enfant de ce point de vue, en le décourageant de fréquenter une communauté… La responsabilité des parents est très importante. Si dès l’école primaire on sépare les enfants selon leur religion dans les classes orientales…

Moi, j’inculque le respect mutuel à mes enfants. Lorsque ma voisine, qui est sino-mauricienne, part en voyage, je prends la responsabilité de veiller sur sa maison, de nourrir son chien. Je suis honoré de la confiance qu’elle place en moi. C’est là la beauté des relations avec les voisins. Un hindou, un chrétien ou un sino-mauricien peuvent frapper à ma porte. Je ne reçois pas que des musulmans. D’ailleurs, dans les combats que j’ai menés, comme à Riche-Terre, il n’y avait pas de musulmans. Quand je fais la grève, ce n’est pas pour les musulmans. C’est la souffrance des gens qui m’interpelle.

Si on vous comprend bien, les Mauriciens étaient plus solidaires autrefois ?

Oui. Il y a quelques jours, un ami non-musulman m’a dit qu’il vivait parmi les musulmans et que l’accueil qu’il recevait, il ne l’a pas eu dans d’autres endroits. C’est principalement la politique qui a changé la situation. Et chaque Mauricien est un politicien en lui-même. Il y a aussi l’éducation parentale et l’éducation à l’école. Cinquante ans après notre indépendance, nous arrivons toujours à tenir le pays dans le bon chemin. Mais au vu des tendances de déstabiliser le pays, on se pose des questions pour l’avenir. Le gouvernement doit savoir qu’il a un rôle important à jouer, qu’il faut éliminer cette perception qu’il y a du népotisme et du favoritisme qui crée de la frustration.

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