TOUR DE MAURICE 2011: Démonstration de force de Yannick Lincoln

Avec le maillot jaune sur les épaules, un coureur cycliste sent ses forces se décupler, dit-on. Il semble bien que cela a été le cas pour Yannick Lincoln, hier, lors de la cinquième étape du Tour de Maurice 2011, considérée comme la plus dure. Après avoir été accompagné par son coéquipier, Pascal Ladaub, jusqu’à la montée de Bassin Blanc, principale difficulté de la course, Lincoln s’est envolé vers une victoire en solitaire. Le leader de la sélection mauricienne creuse, du même coup, davantage l’écart sur ses poursuivants au classement général. Il compte 5 minutes et 4 secondes d’avance sur le Réunionnais Emmanuel Chamand (VCSD), une avance très conséquente qui le rend pratiquement impossible à rattraper ce matin lors de l’ultime étape.
Le début de cette 5e étape dont le départ réel avait été donné à Grande Rivière Nord Ouest fut bien tranquille. Yolain Calypso assurait un tempo qui n’encourageait pas les attaques. Les Réunionnais Ludovic Boyer, Ulysse Andrac et Fabrice Bénard en savent quelque chose, eux qui virent leur tentative à Gros Cailloux faire la durée des roses. Sur la route de Bambous, le peloton demeura donc groupé. Les moins résistants furent lâchés dans la bosse de Bois Puant mais c’est dans les lacets de Chamarel que se fit une première vraie sélection. Mike Chong Chin et Hugo Caëtane avaient fait leur boulot d’équipiers pour Lincoln et celui-ci bascula au sommet en compagnie de son dernier équipier, Pascal Ladaub – réservé pour la suite des événements – et les principaux favoris.
Au moment d’aborder la descente de Fantaisie, on retrouvait donc en tête un groupe de 8 coureurs, soit Lincoln, Ladaub, les Sud-Africains Alan Gordon et Adolph Krige et les Réunionnais Chamand, Cedric Gasnier du VCSD, Richard Baret du VCO et Fabien Gauvin du VCE. 
A partir de Baie du Cap sur une partie plate, Ladaub assura résolument le train avec son leader dans sa roue. Puis à Bel Ombre, un 9e homme rejoignit la tête de la course, à savoir le Réunionnais Jean-Denis Armand. Celui-ci, décidément présent dans tous les bons coups, avait réalisé une descente de folie pour recoller. Peu après, Chamand tenta de partir mais Ladaub le garda en ligne de mire et dans la montée Gaston, le jeune Dyonisien fut repris. La principale difficulté de la journée, le col de Bassin Blanc se profilait alors. Ce fut le moment que choisit Baret pour tenter un coup de poker. Il prit une petite avance mais avec toute l’ascension de Bassin Blanc à faire, ses chances de résister étaient des plus minces. C’est d’ailleurs pour cette raison que ni Ladaub ni Lincoln ne montrèrent de signe de panique. Le dernier nommé attendait patiemment son heure.
En effet, le porteur du maillot jaune revint progressivement sur Baret et quand la jonction fut faite, il laissa sur place le Réunionnais. Ce fut alors le sauve-qui-peut général. Le groupe de tête explosa et chacun essayait de résister comme il le pouvait. Lincoln, lui, était mis sur orbite et n’avait plus qu’un objectif : mettre le plus de distance possible entre lui et ses adversaires.
A Grand Bassin, le Curepipien avait déjà plus de deux minutes d’avance sur les quatre Réunionnais qui menaient la chasse. Cet écart continua de grandir pour dépasser les 3 minutes à l’arrivée devant le stade George V à Curepipe. 
« Tout s’est déroulé selon les plans. On avait prévu qu’un coéquipier costaud reste avec moi jusqu’à Bassin Blanc et le choix s’était porté sur Pascal (Ladaub). Les autres avaient travaillé jusqu’à Chamarel ou une petite sélection s’est effectuée. Pascal a ensuite fait un travail magnifique jusque dans la montée de Bassin Blanc », confie Lincoln.
Poursuivant son analyse, celui-ci dira que par rapport à l’an dernier, il avait le maillot jaune sur les épaules et que c’était un avantage certain. « Cette fois, j’avais le maillot au moment d’aborder l’étape la plus dure, tandis que l’année dernière, Andrew Mc Lean me devançait avec un petit écart. Je m’étais étonné qu’il grimpe aussi bien. Cette fois, je suis parvenu à garder toute mon énergie pour l’ascension de Bassin Blanc. Le fait d’avoir un coéquipier à mes côtés m’a donné confiance », ajoute-t-il. 
Emmanuel Chamand qui se présentait comme le principal challenger de Lincoln, admettait volontiers la supériorité du Mauricien. « Le but aujourd’hui (hier) était d’isoler Lincoln et se regrouper entre Réunionnais avant de multiplier les attaques pour le distancer. Mais il a basculé en haut de Chamarel avec un coéquipier très costaud qu’il peut d’ailleurs remercier. Richard et moi avons essayé de sortir ensuite mais il nous a tous réglé. Il n’y a pas grand-chose à dire sinon qu’il était bien le plus fort. Il faut rester humble et reconnaître que l’on ne pouvait pas faire davantage », avouait Chamand.
Mais celui-ci aimerait bien revenir l’an prochain si possible. Il aura sans doute à coeur de donner une meilleure réplique à Lincoln qui, lui, a fait un grand pas vers sa troisième couronne dans le Tour de Maurice…
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