TOURISME CULTUREL: Vers une action conjointe entre deux acteurs

Élargir ses horizons, ressentir des émotions et chercher des connaissances à travers la découverte d’un patrimoine et de son territoire : le voyageur peut aujourd’hui se déplacer en ce sens. Le tourisme culturel serait alors centré sur la culture, l’environnement, les valeurs et le style de vie, le patrimoine local, les arts, les traditions… Il faut cependant tenir compte du fait que le tourisme a une définition officielle, alors que la culture n’en a pas. La réalité réside dans les enjeux de l’action conjointe entre les acteurs du tourisme et ceux de la culture. Elory Stephen, étudiante à l’IVTB, section Tourisme, évoque ici cette réalité contrastée du séjour à dominante culturelle dans un bref survol de Maurice, ses sites et ses événements culturels.
Il faut préciser d’emblée que l’Île Maurice est connue sur le plan international comme une des attrayantes ambassadrices du tourisme. Le pays n’est cependant pas qu’une destination balnéaire souvent montrée sur les cartes postales. Il y a l’envers du décor : un lieu façonné par différentes périodes de colonisation – on y trouve encore des vestiges –, un carrefour où des hommes venant de l’Asie, l’Afrique et l’Europe ont bâti un pays et développé des valeurs pour le mieux vivre ensemble. Les maisons en tôle ou plus modernes, les murs où s’appuient des bougainvillées, ressemblent à s’y méprendre à un paysage idyllique. Ici se sont succédé Hollandais, Portugais, Anglais, Français, ce qui n’est pas sans rappeler des périodes de colonisation successives. Les langues, les us et coutumes, le patrimoine immatériel sont autant de choses qui caractérisent notre promotion touristique. De janvier à septembre 2011, le pays a atteint un chiffre de 918 778 arrivées touristiques. S’il est vrai que les lieux touristiques ont valeur de symbole, Maurice est appréciée pour sa diversité culturelle et ce sont les Mauriciens de diverses origines qui aident à regarder la culture autrement. Hindous, musulmans, créoles, sino-mauriciens, franco-mauriciens et autres communautés se côtoient. On prône officiellement l’unité, la diversité et autres valeurs. Les traditions, religions sont maintenues dans le pays, et on assiste régulièrement à la célébration de différentes fêtes (fêtes religieuses, commémorations, mémoires). Le voyageur pourra trouver toute une déclinaison d’événements culturels variables selon les mois.
Expérience culturelle
Les acteurs du Tourisme ont des défis à relever : concrétiser le désir des voyageurs en améliorant l’information, l’accueil pour les sites, les lieux et les événements culturels, le guide. Ces acteurs peuvent aussi participer à ceux qui donnent à leurs villes, leur île, une identité. L’investissement culturel porte ses fruits. Il s’avère aujourd’hui que le séjour chez l’habitant est de plus en plus un facteur attractif.
Le touriste qui a la chance de passer une nuit dans une famille mauricienne vit ce séjour comme une expérience au-delà de sa vie habituelle. Il goûtera à des plats typiquement mauriciens, aura un aperçu du mode de vie de l’étranger. Le voyageur peut changer son habitude alimentaire et essayer un curry ou danser au rythme du séga. Cette nuitée chez l’habitant contribue incontestablement à élargir l’horizon culturel du touriste, et favorise un environnement propice à la connaissance. Il y a donc la rencontre avec des locaux, la participation à des événements culturels, des visites de musées et monuments, etc. dans cette forme de tourisme centré sur la culture. Le Tourisme ne doit pas seulement être considéré comme une activité économique identifiable, mais plutôt comme englobant toutes les expériences vécues par les visiteurs d’une destination au-delà de leur univers de vie habituel. Nous avons à Maurice deux sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO : l’Aapravasi Ghat et Le Morne. Histoire coloniale, mémoire et construction nationale peuvent être des éléments dans l’analyse de l’impact touristique. De l’Aapravasi Ghat au Morne, c’est un passionnant voyage auquel tous les touristes, conscients du fait que Maurice héberge deux sites classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité, et leurs riches contenus, sont conviés. Les célébrations se font autour du Morne et de la route de l’esclave. Le Morne est un bon symbole de résistance à l’esclavage. Toute la région du sud-ouest mérite d’être protégée et vue comme un ensemble. De même, il faudrait faire des recherches sur l’histoire de l’esclavage et valoriser ce que les esclaves ont apporté ici. Il y a plus de 175 ans, les travailleurs engagés débarquaient au dépôt d’immigration à Port-Louis, marquant le phénomène le plus important de l’engagisme dans le monde colonial au cours des XIXe et XXe siècles. Depuis, l’Aapravasi Ghat n’a cessé de renaître, de se reconstruire, de se tourner vers l’ailleurs. Le site renoue avec son passé à travers des activités autour de la conservation et la transmission du patrimoine. L’objectif est, entre autres, de promouvoir le patrimoine immatériel. Patrimoine immatériel, voilà une des déclinaisons du tourisme culturel.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -