TOURISME— FOIRE INTERNATIONALE DE MADAGASCAR: Sen Ramsamy énonce les « différentes qualités pour réussir notre tourisme »

Le directeur de Tourism Business Intelligence (Maurice) Sen Ramsamy, qui possède une longue expérience dans le domaine touristique, estime que ce n’est pas la situation géographique qui détermine la réussite d’une destination. Selon lui, « c’est surtout la qualité de l’offre, la valeur de notre capital humain, notre esprit d’ouverture, notre sens de l’accueil et le sourire de notre peuple qui sont requis pour réussir notre tourisme ».
Intervenant à la 4e foire internationale de Madagascar, à Antananarivo, le week-end dernier, sur le thème du tourisme durable, Sen Ramsamy a expliqué à son auditoire, composé de professionnels dans le domaine, que le tourisme durable, comme défini par les Nations Unies et l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) en 1992, est un processus de développement qui pourvoit aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. Cette définition, il la répétera à plusieurs reprises lors de son intervention d’une heure, suivie avec beaucoup d’intérêt par les personnes présentes.
« Mais ça, c’était en 1992… Qu’en est-il aujourd’hui de la situation au niveau du tourisme ? Manque de vision de la part des politiciens, absence de planification, développement non contrôlé, pollution de l’environnement, pillage des ressources naturelles, inégalités sociales, pauvreté, problème de santé publique, faiblesse des institutions régulatrices, manque de formation du personnel… Bref, le mal-développement prend le dessus dans cet élan de détruire », lâche-t-il, estimant que ce n’est peut-être pas la faute directe du tourisme, mais des activités d’autres secteurs économiques, « et aussi celui du tourisme » qui nous donne de tels résultats. « Nous avons donc un problème. Les débats ne manquent pas sur le sujet. Mais plus on parle du tourisme responsable et durable, plus on fait mal les choses », dit-il.
Pire, ajoute Sen Ramsamy, « un petit village de pêcheurs qui se transforme au fil des ans en une jungle en béton, et c’est l’âme de ce village qui se perd sous l’effet de l’urbanisation, qui détruit l’essence même de la destination ». Il ajoute : « On ne veut pas qu’il y ait des frustrations, on ne veut pas que cela résulte en des conflits. D’un côté, il y a un monde extraordinaire, et de l’autre, un ghetto. » Il n’y a, selon lui, pas que l’impact du mal-développement sur l’environnement naturel d’une destination, mais aussi sur le plan social, le coût de la vie, l’immobilier, l’alimentation et l’inflation. « Comment faire du tourisme durable face à une telle situation ? », s’interroge-t-il.
Poursuivant son intervention, le directeur de Tourism Business Intelligence parle du « développement durable » qui est devenu, selon lui, un terme à la mode. « Je ne fais que dans la durabilité, je protège l’environnement, mon projet est écologique. Voilà ce qu’on entend régulièrement », déclare Sen Ramsamy, estimant qu’il faut faire attention avec de tels projets. Car, selon lui, « deux mois après, quand on va voir le projet, tout est fini ; il faut faire attention ! ». Il parle aussi des impacts directs sur le tourisme, « qui sont peut-être hors de notre contrôle », du réchauffement de la planète, du changement climatique, de l’augmentation du niveau de la mer ou encore de la destruction de la couche d’ozone.   
Pour le conférencier, le tourisme durable, c’est aussi l’économie, le social, l’environnement et un mariage entre l’économie et l’écologie, qui repose sur les quatre piliers fondamentaux que sont la croissance, la pérennité, l’équité et l’éthique. Il s’interroge : « A quoi sert le développement du tourisme si une partie de la population est malheureuse et en est réduite à être des observateurs du tourisme durable ? Et si les bénéfices du tourisme ne sont pas distribués équitablement avec la population à travers des emplois et l’entrepreneuriat et si tout le monde n’arrive pas à gagner quelque chose de ce secteur. » Finalement, Sen Ramsamy tient tout le monde responsable par rapport au développement du tourisme durable, qu’on ait un agenda du tourisme dans chaque région de nos différents pays de l’océan Indien.

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