Tourisme – Une année 2019 « plate », perspectives incertaines pour 2020

l Décroissance de 0, 8 % entre janvier à novembre 2018/2019

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l Baisse du nombre d’arrivées par avion (-19, 837 ;-1, 6 %)

l Croissance des arrivées par bateau (9862 ; + 36, 4 % )

En dépit de deux événements exceptionnels qui ont attiré bon nombre de visiteurs à Maurice : les Jeux des îles de l’ocean Indien en juillet dernier et la visite du pape Francois en septembre, dans l’ensemble 2019 ne sera pas une grande année. Pas, de miracle à prévoir en cette fin d’année, soulignent les opérateurs du secteur tenant compte de la performance de l’industrie sur les onze derniers mois. Maurice accuse une baisse de 9, 975 en termes d’arrivées touristiques, 1, 231, 390 touristes contre 1, 241, 365 (-0, 8 %) pour la même période en 2018. Une décroissance notée depuis le début de l’année avec une baisse de 1, 2 % depuis le premier trimestre de 2019. Avec une croissance de 0,4 % pour la saison hivernale et une fin d’année plutôt morose, certains établissements 5 étoiles qui, alors qu’ils affichaient généralement complet pour le mois de décembre, se retrouvent contraints, en cette période de l’année, de proposer des prix cassés aux Mauriciens et aux expatriés pour remplir les chambres vides. Si le nouveau ministre du Tourisme qui estime que « le secter pas dan difé » affiche son optimisme, les opérateurs, eux, considèrent incertaine la suite pour notre tourisme à partir de 2020, notamment en raison des crises à l’international.

 

Selon les derniers chiffres du Bureau des statistiques sur les arrivées touristiques, comparées à l’année dernière où nous avions accueilli, entre janvier et novembre 1, 241, 365 touristes, cette année nous avons accueilli pour les onze mois précédents, 1, 231, 390 voyageurs, soit près de 10, 000 de moins. Pour le mois de novembre, le nombre de visiteurs s’élève à 128, 730, soit 3, 517 touristes de moins (-2, 7 % ) qu’à la même période en 2018, où l’on avait accueilli 132, 247.

Cependant, si les arrivées par avion en sont baisse -1, 6 % (-19837), soit 1, 194, 441 de janvier à novembre 2019 contre 1, 214, 278 pour les onze premiers mois de 2018, les arrivées par bateau connaissent une hausse de 36, 4 % (9862) avec 36, 949 arrivées de janvier à novembre 2019 contre 27, 087 pour la même période l’année dernière.

De nos sept principaux marchés, seule la France affiche une croissance positive avec 266, 957 arrivées de janvier à novembre 2019 contre 252, 502 à la même période l’année dernière. Les arrivées de la Grande-Bretagne, 128, 670 pour les 11 mois de 2019, accusent une baisse contre 137, 071 en 2018. La Réunion également, malgré les deux événements majeurs organisés par Maurice, les Jeux des îles de l’océan Indien et la visite du pape, connaît une baisse du nombre d’arrivées, les chiffres de janvier à novembre 2019 s’élevant à 122, 059 contre 123, 797 en 2018. Les autres principaux marchés émetteurs sont aussi en baisse, les arrivées en provenance d’Allemagne chutant de 118, 305 à 116, 320, celles d’Afrique du Sud de 104, 599 à 99, 335, et celles d’Inde chutant de 79, 504 à 68, 671 en janvier et novembre de 2018 comparées à la même période en 2019. Le marché chinois continue de baisser, les arrivées pour les onze derniers mois biassant de 63, 407 en 2018 à 40, 579 en 2019. Par contre, les arrivées d’Arabie Saoudite progressent de 6, 327, avec 21, 721 arrivées de janvier à novembre 2019 contre 15, 394 arrivées pour la même période en 2018. Le marché italien connaît également une croissance avec 36, 617 arrivées en 2019 contre 32, 824 en 2018.

Les explications sont nombreuses quant à cette année 2019 plutôt décevante, disent les opérateurs du secteur. « Chaque marché principal reste sur une évolution et un contexte bien à lui et il convient de ne pas trop généraliser nos commentaires », souligne le directeur de l’AHRIM, Jocelyn Kwok. « Cependant, la situation veut que nous nous interrogeons également sur l’efficacité de nos efforts de promotion envers nos différents marchés ainsi que la performance de notre produit, c’est-à-dire : la promesse vendue est-elle effectivement bien tenue par notre destination dans son ensemble ? » dit-il.

Incertitude

Analysant les derniers chiffres, le directeur de l’AHRIM fait ressortir que de nos sept principaux marchés, seule la France affiche une croissance positive des arrivées. Il note également que la performance de La Réunion, avec 2 % de décroissance à ce jour, n’est pas au plus mal, eu égard de l’attrait de l’aide de continuité territoriale, qui rend les voyages en famille vers l’Europe moins onéreux pour les Réunionnais. Cependant, dit-il, « nous devons nous pencher sur la stratégie de croissance à l’international d’Air Austral qui continuera de réduire les transits sur Maurice et donc, le volume d’affaires de Air Mauritius ».

S’agissant de la décroissance enregistrée par les cinq autres marchés du Top 7, l’AHIRM avance des raisons essentiellement économiques ou de compétitivité face à la concurrence des autres destinations. « Les Maldives, par exemple, connaissent une surchauffe en ce moment et une guerre des prix y fait rage s’agissant des tarifs hôteliers comme aériens », note Jocelyn Kwok. Cela ne va pas forcément durer, dit-il. Quant au marché chinois où le service aérien direct, assuré uniquement par Air Mauritius sur Shanghai et Hong Kong ces jours-ci, il est nécessaire qu’il se stabilise d’abord pour pouvoir ensuite rebondir, malgré la concurrence féroce des autres destinations moins chères et plus gourmandes, estime l’AHRIM.

En attendant, malgré une année « plate », il s’agit de maintenir le cap dans une conjoncture internationale difficile, disent les opérateurs. « Le plan stratégique du ministère du Tourisme cite des objectifs à l’horizon 2030, en d’autres termes 2 millions de touristes nous rapportant Rs 120 milliards de recettes. Nous en sommes à 1, 4 million en 2018 pour Rs 64 milliards de recettes, et serons probablement à ces mêmes niveaux fin 2019. Il est clair que des actions fortes et déterminantes seront dorénavant nécessaires afin de pouvoir permettre au pays d’atteindre ses objectifs dans l’échéance proposée », rappelle Jocelyn Kwok.

Pas baisser les bras

C’est pourquoi les opérateurs du secteur sont d’avis qu’il faudrait inscrire l’année 2019 dans la durée. « Nous ne devons pas baisser les bras », disent-ils, bien que la suite pour notre tourisme à partir de 2020 demeure très incertaine compte tenu des crises internationales dont nous sommes tous témoins en ce moment. « D’autant que le prix du baril demeure le premier facteur de compétitivité de Maurice dans ses différents marchés sources », dit Jocelyn Kwok. Et d’ajouter qu’en outre « l’aérien et ses propres incertitudes rendent les choses encore plus complexes quand nous voyons que certains vols se sont déjà arrêtés vers Maurice pour cause de rentabilité supérieure d’autres destinations à desservir, ou encore des bateaux de croisière qui vont mieux optimiser leurs investissements en abandonnant Maurice et l’océan Indien pour d’autres mers plus profitables ».

Les enjeux du tourisme sont énormes pour tout le pays et plus précisément pour chacune de ses localités géographiques, dit l’AHIRM qui estime que la bonne série connue depuis 2014 arrive à un plafonnement, ou un palier, dépendant de notre degré d’optimisme, ou plutôt de notre volonté de réussir et de passer un cap.

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