Tout fout le camp !

Nous n’évoquons bien évidemment ni le café, élixir réservé à l’élite, de Louis XV, ni la chanson réaliste française de la grande dame que fut Damia, mais bien du chaos généralisé qui s’est abattu sur Rose-Hill, ses habitants et tous ceux qui se rendent dans la ville, d’une part. Et de l’autre, du nombre grandissant de patients atteints du sida à Maurice et qui meurent. Ce n’est surtout pas que l’on souhaite voir le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein, mais force est de constater que, dans l’ensemble, dans le pays, tout fout le camp !

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Il y a d’abord eu le vacarme incessant, diurne autant que nocturne, des “grinders”, marteaux-piqueurs et autres équipements utilisés pour raser la Promenade Roland Armand et en faire le nouveau passage du fameux métro. Puis est arrivé, depuis fin octobre, l’épisode des tuyaux défoncés, qui ont déversé leurs lots d’eaux usées, matières fécales et autres saletés, arrosant maisons, cours et commerces d’odeurs pourries et fétides. Et alors qu’on peinait à reprendre notre souffle, surtout ces habitants de cette ville totalement transformée en chantier à ciel ouvert, ne voilà-t-il pas que, depuis ce lundi 19 novembre, un plan de déviation cause un bouchon interminable ! En cause ? La fermeture de la gare de la Place Margéot pour des travaux en cours, et donc transfert des points de ralliements des autobus… Pour où ? En plein centre-ville ! Comme si l’artère principale empruntée pour traverser la ville n’était pas suffisamment bondée, du matin jusqu’au soir, les autorités concernées n’ont jugé mieux que d’y transférer les arrêts de bus délogés de la Place Margéot avec, au final, des arrêts aménagés à même le trottoir, sous les varangues des magasins, voire même des banques !

Déjà, la question primordiale est de savoir s’il n’y a pas eu une étude au préalable pour décider de la marche à suivre à ce stade des travaux. Et si la réponse est non, pourquoi les autorités n’ont-elles pas jugé bon d’en faire une ? Pourquoi ne pas avoir identifié une zone plus adéquate pour y aménager une gare temporaire, vu le flux énorme de Mauriciens qui transitent par la gare de Rose-Hill chaque jour et à toute heure ? Dans le cas de Port-Louis, par exemple, avec les déviations en cours et les travaux concernés, la décision a été prise de déloger la Gare Victoria et certaines des activités seront transférées aux Salines. Certes, Rose-Hill n’offre pas la même topographie que la capitale, mais on trouve inquiétant, dangereux et injuste de loger les voyageurs sur le bas-côté de la route.

D’abord, c’est un manque de vision relatif à la circulation déjà très dense sur l’artère principale de Rose-Hill, qui va grandir immensément en cette période des fêtes. C’est connu de tous les Mauriciens que se rendre à Rose-Hill en décembre équivaut à un mal de crâne atroce. D’autre part, et c’est le plus lamentable, c’est le manque d’égard total envers les séniors, qui composent une grande partie de la communauté des voyageurs par autobus. Par cette période de très grosses chaleurs, où les pluies sont toutes aussi fréquentes, où et comment nos aînés vont-ils se protéger ? Pendant combien de temps durera ce calvaire ?

Parallèlement, le transfert de la poste, sise près de la Gare Victoria, à Port-Louis, dans ses nouveaux locaux, plus près de la Gare du Nord, a été fait sans tambours ni trompettes. Ce qui fait qu’il faut traverser tout Port-Louis, en descendant à la gare, pour s’y rendre. Encore une fois, ce sont les petites gens, et surtout les aînés, qui sont les plus affectés par ces décisions, qui semblent avoir été prises sans concertation et encore moins de… réflexions !
Dans un autre registre, parallèlement à la tenue du 17e Colloque VIH/Sida tenue cette semaine à Maurice, l’inquiétude principale concerne le nombre grandissant de décès des patients mauriciens atteints de cette maladie.

L’Ong AILES en a dénombré 23 rien que pour la période couvrant janvier à octobre. C’est déjà trop ! Surtout quand on sait que Maurice est l’un des rares pays de la région à procurer gratuitement les médicaments indiqués aux malades. Mais alors, où est-ce que le bât blesse ? S’il y a quelques années nous évoquions déjà la crainte qu’on atteigne un stade où les malades, vivant dans trop de précarité et de pauvreté, opteront pour le suicide social plutôt que de se soigner, cette situation s’est hélas réalisée. Nombre de patients préfèrent en effet se laisser mourir car n’ayant pas de quoi s’acheter à manger et à boire, et encore moins à prendre leurs comprimés.

Le gouvernement du Premier ministre non-élu Pravind Jugnauth sera-t-il sensible à ces drames ? En cette période préélectorale, il gagnerait à pratiquer une politique de proximité sincère plutôt que de « couper des rubans » !

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