TRANSFERT DE FONDS ALLÉGUÉ: Réseau Gros Dereck , la polémique enfle

Le passage du leader du Front solidarité mauricien (FSM) et député Cehl Meeah au QG de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), hier matin, vient alimenter la polémique au sujet des allégations de transfert allégué de fonds de Rs 25 millions impliquant le réseau Gros Dereck et un membre du gouvernement. En marge des commentaires de la presse sur le principal concerné réclamant la mise sur pied d’une commission d’enquête présidée par un Sitting Judge de la Cour suprême, l’ICAC a créé la surprise en début d’après-midi d’hier en publiant pour l’une des rares fois un communiqué de presse divulguant dans les grandes lignes l’interrogatoire de Cehl Meeah dans la matinée. Il va sans dire que cette démarche fera l’objet de commentaires publics des parties concernées.
Le principal élément d’information communiqué par l’ICAC tourne autour de documents en vue d’accréditer ses dires quant à une éventuelle implication d’un ministre dans le transfert de ces Rs 25 millions suite à un Income Tax Assessment de la Mauritius Revenue Authority servi au nom de Dereck Jean-Jacques, aussi connu sous le nom de Gros Dereck, le mécanicien tout de blanc vêtu de Richelieu. Pour les besoins de cette convocation à l’ICAC, Cehl Meeah était accompagné de son conseil légal, Me Raouf Gulbul.
« Cehl Meeah a répondu qu’il n’a aucun document/document bancaire en sa possession concernant l’affaire Gros Dereck », souligne en force le communiqué de l’ICAC d’hier après-midi. Toutefois, dans l’entourage du leader du FSM, l’on remet en perspective la déclaration de celui-ci à l’effet que « piblik bizin kone ki kestyon ki poze ek ki repons ki done ». Ces milieux soulignent que durant l’interrogatoire, la question de la connexion du ministre avec cette affaire de transfert de fonds ou encore des documents bancaires relatifs n’aurait pas été soulevée.
Le Mauricien n’a pas été en mesure de confirmer officiellement cette version des faits auprès des parties concernées par le déroulement du Questioning. La question posée par l’ICAC serait : « Eski ou ena enn dokima lor zafer Gros Dereck ? » La réponse aurait été « Mo pena okenn dokima lor Gros Dereck ». Mais un autre détail de fond de cette séance est qu’à la mi-journée d’hier, soit à la fin de l’interrogatoire du leader du FSM, le nom du ministre ciblé n’a pas été versé dans le dossier de l’enquête de l’ICAC.
D’autre part, face aux questions des limiers de l’ICAC, le député Cehl Meeah soutient qu’il continuera à soulever cette affaire à l’Assemblée nationale en se prévalant de l’immunité parlementaire. Confronté à des extraits du déroulement des travaux de l’Assemblée nationale de lundi dernier « Cehl Meeah a répondu qu’il a soulevé cette affaire au Parlement, et qu’il continuera à le faire dans ce même forum, tout en précisant qu’il se conforme aux lois régissant l’immunité et les privilèges parlementaires ». C’est ce qu’ajoute encore le communiqué de l’ICAC, qui affirme que ces renseignements ont été obtenus suite à des ordres du directeur général de l’ICAC Anil Kumar Ujoodha, agissant selon les pouvoirs conférés sous l’article 50 de la Prevention of Corruption Act (PoCA) de 2002. « Il a été ordonné par le Directeur Général sous la section 50 de la PoCA (2002) de se présenter à 11 heures aujourd’hui même (hier), pour qu’il soit interviewé dans cette affaire et pour qu’il produise tous les documents en sa possession concernant ce transfert allégué », avance l’ICAC dans sa « déclaration dans l’intérêt public ».
Initialement, le leader du FSM avait refusé de répondre aux questions de l’ICAC. Selon le communiqué, « il a, dans un premier temps, dit ne pas vouloir répondre aux questions de l’ICAC, car il a d’autres questions à poser au Parlement concernant cette affaire ».
Toujours en ce qui concerne l’enquête sur le réseau de trafiquants de drogue de l’Ouest avec Gros Dereck comme chef de file, l’ICAC a procédé à l’interrogatoire d’un des principaux suspects, l’homme d’affaires de Quatre-Bornes, Sujeet Balkissur. Il a été entendu sur les raisons derrière sa flotte de 142 voitures, qui sont sujettes à des Attachment Orders de l’ICAC, le mode de financement de l’acquisition d’une si importante flotte de véhicules et son réseau de clients de location.
Ce volet d’enquête traite principalement du délit de Money Laundering car l’Anti-Drug and Smuggling Unit et l’ICAC soupçonnent que cette affaire de location de voitures ne serait qu’un paravent utilisé par les trafiquants présumés pour blanchir l’argent de la drogue. Les institutions financières et bancaires où Sujeet Balkissur opère ses comptes et transactions pourront être assignées par l’ICAC pour des explications sur le montage financier de ces opérations et les rouages mis en place de même que les procédures de Compliance adoptées dans ces cas.
En début de semaine, le chauffeur de taxi, Ashish Dayal, l’homme qui a fait tomber l’empire Gros Dereck, avait été longuement interrogé par l’ICAC dans les locaux de l’ADSU au sujet des moyens financiers à la disposition des trafiquants et les placements/investissements engagés.

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