TRAVAY ROULMAN LATER : José Etive, Identité cousue main

Cette semaine, heXagon présente la version courte de sa comédie musicale célébrant le travail et les travailleurs mauriciens. Travay roulman later est une histoire imaginée par José Etive, qui a choisi le cadre de son atelier de couture pour en parler. Transsexuelle, elle assume sa différence dans ses combats sociaux pour le respect de la dignité humaine.
Le blanc immaculé des tissus soyeux posés sur sa table de travail et sur l’une des chaises contraste avec le désordre qui règne dans l’atelier ouvert. Le capharnaüm des lieux est trompeur. En couture, en art, dans ses actions militantes, José Etive, une fois à l’ouvrage, fait montre d’une grande méticulosité. C’est ce qui lui a valu sa réputation. Dont celle de spécialiste de robes de mariées, de costumes de scène et autres travaux de couture jugés délicats.
Sime.
Le bout d’un tissu est glissé sous l’aiguille de la machine à coudre électrique, dont le moteur commence aussitôt à ronronner. C’est l’une des tuniques des comédiens qui joueront dans Travay roulman later. La comédie musicale a été écrite et mise en scène par José Etive qui renouera, pour l’occasion, avec le spectacle. Au milieu des années 90, heXagon, sa troupe, avait joué Mo pase larivier Tanier et Ravanne ensorcelée. L’équipe avait également collaboré à plusieurs émissions télé : Empreintes, Sime larivier, Varangue sous les alizés, entre autres.
“J’ai voulu reprendre l’expérience de la comédie musicale”, confie José Etive qui, avec ses proches collaborateurs, a déjà lancé les différents chantiers qui mèneront à la construction de sa nouvelle comédie musicale. Une vingtaine de chansons originales, une cinquantaine d’artistes, de chanteurs, de musiciens et de danseurs, du son, de la lumière : il souhaite que le spectacle soit grand. Pour cela, tout a été pensé, dans les moindres détails. José Etive ne craint pas les challenges, comprend le sens de l’effort, aime le travail bien fait.
Travay.
C’est principalement pour en parler que Travay roulman later lui est venu en tête. “J’ai pris conscience que Maurice a été bâti par le travail commun de tous ceux qui sont venus ici. Les marins qui avaient découvert l’île, les colons, les esclaves, les travailleurs engagés, etc. Aujourd’hui, le pays progresse à travers les efforts de ceux qui y vivent. Je viens rappeler que l’unité entre travailleurs est essentielle pour notre survie et pour le développement.”
Le travail rend chaque être indispensable et interdépendant. José Etive le décrit aussi comme un droit fondamental. Un chapitre de son histoire parle de la difficile réinsertion des anciens prisonniers et de la violation des droits des personnes vivant avec le VIH.
Militantisme.
Au tout début des années 90, José Etive a été parmi les premiers militants de la société civile à s’engager dans la lutte contre le VIH/Sida, à travers la prévention et contre ces tabous qui entretenaient la stigmatisation et freinaient la dissémination de l’information. Avec le soutien de quelques amis et du ministère de la Santé, elle a créé Visa G, regroupement militant pour le respect des droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres (LGBT). Pour en arriver là, José Etive s’est libérée du poids des regards, a brisé les chaînes de la clandestinité pour s’affirmer transsexuel.
C’est sans doute pour continuer à faire tomber l’incompréhension qui subsiste qu’elle décide d’en parler. “J’ai toujours été ainsi. Je me suis toujours sentie mieux en femme. Je me suis assumée très tôt car je me sentais différente des autres garçons et cela m’enfermait dans la solitude. Cela ne sert à rien de combattre sa vraie nature; sinon on devient cruelle vis-à-vis de soi et des autres. S’affirmer trans n’est pas un acte de défi ou de rébellion. C’est simplement que l’on choisit de vivre tel que l’on est.”
Coudre.
Son identité ne l’a jamais empêché de s’engager socialement et professionnellement. Ayant beaucoup voyagé, José Etive s’est perfectionnée en couture dans plusieurs ateliers visités dans les pays où elle a acquis de nouvelles techniques. Après avoir appris la base de la couture sur la machine à coudre que son père avait offert à sa soeur, elle en a fait une de ses activités professionnelles. Découvrant la scène à 20 ans, José Etive a été comédienne avait de choisir les coulisses comme metteur en scène et costumière.
Sa collaboration avec le ministère de la Santé se poursuit, et José Etive collabore également avec le National Aids Secretariat. Les fonds qu’heXagon espère récolter de sa comédie musicale iront aux sans-abri, aux enfants des rues et à Visa G.
Une version courte de Travay roulman later sera présentée aux éventuels sponsors cette semaine. La pièce principale sera à l’affiche bientôt.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -