UNESCO—INDENTURED LABOUR ROUTE: Maurice risque de perdre l’hébergement du projet

Le pays risque de perdre l’hébergement de l’Indentured Labour Route Project (ILRP) au siège de l’Aapravasi Ghat, site mauricien classé au patrimoine mondial par l’Unesco et symbolisant la grande expérience de l’engagisme ayant amené plus de 462 000 travailleurs engagés, notamment de l’Inde, pour travailler dans les champs de canne à sucre avec l’avènement de l’abolition de l’esclavage, en 1835. C’est ce qu’a fait ressortir hier l’ex-secrétaire général de l’Unesco et ancien ministre mauricien des Arts, de la Culture et de l’Éducation, Armoogum Parsuramen, au Caudan lors d’une conférence de presse organisée par Gopio International en collaboration avec l’International Indenture Girmitiyas Foundation pour faire le bilan des trois jours de conférences, qui se sont tenues le week-end dernier et qui a marqué le centenaire de la fin de l’engagisme.
Intervenant aux côtés de l’ex-ambassadrice de l’Inde auprès de l’Unesco, Bhaswati Mukherjee, qui a soutenu le dossier mauricien dans le cadre de l’inscription, en 2006, de l’Aapravasi Ghat sur la liste des patrimoines mondiaux de l’Unesco, et qui par la suite a plaidé en faveur de l’hébergement du siège du ILRP à l’Aapravasi Ghat, à Maurice, auprès du conseil exécutif de l’Unesco en 2014, et du président de Gopio International, Mahen Utchanah, également cofondateur avec Mookhesswur Choonee de l’IIGF, Armoogum Parsuramen a insisté sur le fait que l’ILRP est « aussi important que le Slave Route Project » et que les deux « sont complémentaires puisqu’ils rappellent le mouvement de masse des travailleurs à travers les continents ». Il déplore que, jusqu’ici, « rien n’a été fait pour sa concrétisation alors qu’un calendrier de travail était établi ». Il ajoute : « Une des premières étapes devait mettre en place un comité scientifique avec l’Unesco. On avait pris l’engagement de présenter ce projet à ce dernier. Il a été accepté, mais on n’a pas fait le suivi nécessaire pour qu’il soit présenté à la conférence générale de l’Unesco. Nous risquons de perdre le projet, qui a tant de valeur pour Maurice et la diaspora indienne. »
Bhaswati Mukherjee, elle, explique que « les discussions ont été laborieuses auprès du conseil exécutif de l’Unesco, en 2014, puisqu’il y a eu beaucoup de résistance de la part des pays colonisateurs ». Maurice, dit-elle, a environ trois semaines pour mettre en place ce conseil scientifique avec l’Unesco et pour préparer un rapport qu’il présentera au conseil exécutif. « Cela doit se faire avant le 15 septembre afin que Maurice ait les félicitations du conseil exécutif et que le projet puisse être présenté et approuvé à la conférence générale de l’Unesco, qui se tiendra en octobre prochain », dit-elle, soulignant que ce rapport « devait déjà être présenté en 2015 » et que Maurice « a encore un an » pour compléter les différentes étapes de la concrétisation du projet. « Après, le projet tombera et Maurice devra recommencer tout l’exercice. Ce sera encore plus difficile. On pourra dire que vous avez eu votre chance mais que vous n’avez rien fait. Il faudra aussi attendre parce que la conférence générale a lieu tous les deux ans. » La première rencontre du comité scientifique international de l’ILRP, prévue du 30 octobre au 1er novembre prochains, a pour objectifs la ratification des attributions du comité, l’étude des projets prioritaires et des propositions des groupes de travail. Bhaswati Mukherjee affirme que « cela n’a rien à avoir avec ce que demande l’Unesco ». Et de poursuivre : « Le comité scientifique doit être constitué avec l’Unesco avec l’échéance du 15 septembre prochain. »
À une question de la presse, Mookhesswur Choonee a dit en avoir parlé au présent ministre des Arts et de la Culture, Pradeep Roopun. « Il est sensible à cela et reconnaît que Maurice est en retard. Cependant, comme il n’est en poste que depuis quelques mois, il n’a pu faire grand-chose », soutient Mookhesswur Choonee. Il souligne aussi que le “White Paper” sur la culture, préparé par le ministère de tutelle lorsqu’il était ministre des Arts et de la Culture, « comporte des éléments nécessaires » pour travailler sur le dossier et que Armoogum Parsuramen « serait disposé » à y apporter son expertise.
La conférence de presse d’hier était marquée par la présentation officielle des résolutions prises par les 72 participants venus de plusieurs pays. Elle a aussi vu une rencontre entre six anciens ministres des Arts et de la Culture, depuis 1982, à savoir Rama Poonoosamy, Armoogum Parsuramen, Joseph Tsang Mang Kin, Ramdass Motee, Mahen Utchanah, Mookhesswur Choonee ainsi que celui actuellement en poste, Pradeep Roopun.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -