UNESCO — La DG Azoulay : « Mo bien kontan mo vini Moris »

La 13e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine immatériel a démarré ce matin, vers 9h30, au Swami Vivekananda Centre for Indian Culture (SVCIC) avec plusieurs centaines de délégués des États membres et des Ong pour une semaine de débats et travaux sur les dossiers en cours autour du patrimoine intangible. La cérémonie d’ouverture de ces échanges, patronnés par l’Unesco, s’est tenue hier soir à Balaclava, près des ruines que l’hôtel Maritim a préservées dans ses jardins, en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et de la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.

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Quelque 750 délégués de 127 pays se sont enregistrés pour participer aux délibérations de cette instance visant à assurer la sauvegarde du patrimoine immatériel. Qu’il s’agisse de l’ambassadeur de Corée du Sud, Lee Byong-Hyun, qui préside le comité exécutif de l’Unesco, du ministre de la Culture mauricien, Pradeep Roopun, qui préside le bureau de cette 13e session du Comité intergouvernemental, de la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, ou du Premier ministre, Pravind Jugnauth, l’accent a été mis sur le caractère multiculturel de Maurice. Aussi, le ministre de la Culture, Pradeep Rooun, a souligné les valeurs de respect, de tolérance et d’unité qu’a insufflées ce trait essentiel à Maurice. Il a rappelé, comme d’ailleurs la directrice générale de l’Unesco, que Maurice était en 2004 le 2e pays signataire de la Convention 2003 de l’Unesco pour la préservation du patrimoine immatériel. Patrimoine immatériel et développement Audrey Azoulay voit en Maurice un partenaire de l’Unesco très fortement dévoué. « Mo bien kontan mo vini Moris e mo dir ou mersi pou zot lakey salere. » L’ancienne ministre de la Culture du gouvernement Hollande en France a commencé son allocution par ces quelques mots en créole, rappelant ainsi symboliquement l’importance des langues dans la sauvegarde du patrimoine intangible. Cette phrase introductive a eu aussi le don d’atténuer momentanément les bavardages d’une assistance nombreuse, chamarrée et particulièrement vivante. L’intervenante a félicité les trois nouveaux pays qui ont adhéré à la Convention pour le patrimoine immatériel en 2018, à savoir Kiritibati, état insulaire du Pacifique, Singapour et les îles Salomon, ce qui élève à 178 le nombre de pays signataires. L’essentiel de son allocution a porté sur l’importance et l’impact de la préservation et la régénération du patrimoine immatériel sur le développement et dans la vie quotidienne des peuples, citant en exemple le cas de la Colombie, où ces démarches ont pu œuvrer en faveur de la réconciliation de factions politiques opposées, ou encore de l’approche inclusive en cours en Irak autour de la ville de Mossoul. Aussi, cette année, pour la première fois, les deux Corées se sont-elles investies dans un projet commun d’inscription de la lutte coréenne au patrimoine immatériel, un dossier qui transcende en quelque sorte les frontières. Elle a également indiqué le fait que le patrimoine immatériel peut jouer un rôle essentiel au sein des populations de réfugiés dans les camps au Niger ou au Congo, pour ne prendre que ces exemples. Audrey Azoulay considère également la transmission et l’éducation au patrimoine immatériel comme un outil puissant pour résister aux idéologies extrêmes… Mécanismes d’évaluation Pravind Jugnauth a clôturé la partie protocolaire en évoquant certains points saillants de l’ordre du jour de cette semaine, à commencer par la révision du mécanisme de soumission des rapports périodiques d’évaluation, qui permettent d’identifier les obstacles à la mise en œuvre de la convention, notamment dans la démarche de préservation. Il est revenu sur le fait que cette session permettra aux États membres de prendre connaissance des recommandations du conseil d’évaluation concernant les propositions d’inscription sur les listes du patrimoine immatériel, les propositions relatives au registre des meilleures pratiques de sauvegarde ainsi que celles relatives aux demandes d’assistance internationale. Il s’agira aussi de « décider de la création d’un Conseil d’évaluation pour le cycle 2019, de réfléchir à la participation des Ong sur la mise en œuvre de la Convention, au traitement des dossiers pour les cycles 2019, 2020 et 2021, et aux dates et lieu de la 14e session du comité, entre autres. » Faisant écho aux propos d’Audrey Azoulay, il a conclu son intervention sur ces idées essentielles pour Maurice : « Les ressources patrimoniales doivent être considérées comme des sources de création de richesses et de réduction de la pauvreté. Il est grand temps qu’à travers notre diversité culturelle, nous puissions concevoir un cadre de développement humain mettant l’accent sur l’amélioration de la qualité de la vie. » Qu’il s’agisse des délégués étrangers ou des personnalités mauriciennes participant aux travaux, les nombreux invités à cette soirée ont ensuite pu apprécier un spectacle de danse dans lequel plusieurs troupes se sont succédé pour retracer les différentes étapes de l’histoire mauricienne, suivi d’une animation musicale en live.

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