UNESCO : Le séga intègre le patrimoine culturel de l’humanité

Maurice peut être fière : notre séga national est en effet désormais inscrit au patrimoine culturel de l’humanité, que l’UNESCO tente de préserver pour les générations futures. Notre danse traditionnelle rejoint ainsi une liste de 33 autres éléments cités par l’institution onusienne.
La danse rituelle au tambour du Burundi, le chant polyphonique du Portugal, le pain traditionnel d’Arménie, la fabrication des yourtes d’Asie centrale et… le séga mauricien ont tous désormais un lien commun : ils ont été inscrits au patrimoine culturel de l’humanité de l’UNESCO. Au total, 34 éléments venant de tous les continents ont en effet été approuvés par le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, réuni cette semaine au siège de l’organisation à Paris, et où ont notamment défilé danseurs traditionnels du Burundi ou troupes de capoeira brésilienne.
Hormis notre séga national, figurent aussi parmi les candidatures retenues par le comité des traditions aussi diverses que la Fête de la Virgen de la Candelaria de Puno au Pérou, la tradition du sauna à fumée en Estonie, mais également le “washi”, savoir-faire du papier artisanal traditionnel japonais ou l’art turc du papier marbré. Douze candidatures ont cependant été rejetées, dont celle de l’Argentine pour la culture des cafés de Buenos Aires.
Depuis 2003, l’UNESCO encourage les États membres à présenter des candidatures afin d’établir une liste de ces traditions, parfois menacées de dégradation ou de disparition, distincte de celle des sites naturels ou culturels. « C’est peut-être une goutte dans l’océan, mais nous avançons à petits pas. Les pays réalisent que leur patrimoine est important pour l’ensemble de l’humanité », déclare Cécile Duvelle, responsable de la Section du patrimoine immatériel de l’UNESCO. Mais elle souligne que « c’est une plate-forme identitaire, et non pas touristique ». D’ailleurs, les traditions retenues doivent jouer un rôle communautaire important et impliquer les acteurs de la société civile.
C’est ainsi que le cercle de la capoeira au Brésil, une pratique culturelle afro-brésilienne, à la fois un combat et une danse, a été retenue, car elle « promeut le respect mutuel et la cohésion sociale », selon l’UNESCO. De même, les Bailes chinos du Chili, confréries de musiciens qui expriment leur foi à travers la musique, la danse et le chant, ont été retenues car « elles constituent un modèle d’intégration sociale et de cohésion ». La décision de l’UNESCO « va stimuler l’existence des Bailes chinos, les encourager à avoir plus de liens entre les différents groupes », affirme Patricio Hales, ambassadeur du Chili auprès de l’UNESCO. Le Gwoka de la Guadeloupe – musique, chants et danses représentatifs de son identité, introduits par les Africains déportés et mis en esclavage -, une candidature présentée par la France, a également été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
« Concours de beauté »
D’autres pays ont choisi de présenter des candidatures communes, à l’instar du Kazakhstan et du Kirghizistan pour l’art traditionnel de la fabrication de la yourte, type d’habitat nomade qui constitue le symbole de la famille et de l’hospitalité traditionnelle. De même, les Émirats arabes unis et le Sultanat d’Oman ont présenté une candidature conjointe pour Al Ayyala, danse simulant la bataille. « Nous n’allons pas attendre que cette tradition disparaisse pour l’inscrire au patrimoine mondial. Nous espérons au contraire que son inscription sur la liste encouragera son développement, surtout auprès des jeunes générations », dit Samira Al-Moussa, ambassadrice du Sultanat d’Oman auprès de l’UNESCO. Car, de l’aveu de Cécile Duvalle, « ce qui menace le plus, c’est la déconnexion du monde moderne avec ces traditions, notamment en ce qui concerne les jeunes générations ». Et ceci, pas seulement dans les pays en voie de développement, bien au contraire. C’est pour cela que la Belgique a été sélectionnée cette année pour la « meilleure pratique de sauvegarde du patrimoine », pour sa préservation de l’art du carillon.
Si les pays se bousculent pour faire figurer leur patrimoine sur la liste prestigieuse – le « concours de beauté » comme l’appelle Cécile Duvalle -, les traditions menacées de disparition sont inscrites sur une liste spéciale, qui leur permettra d’avoir accès à une assistance internationale. Trois éléments ont été inscrits sur cette liste cette année : la tradition orale des Mapoyos au Venezuela, menacée de disparition en raison de l’émigration, de l’industrialisation et du déclin de cette petite communauté, une cérémonie de purification des garçons en Ouganda et des danses traditionnelles du Kenya.

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