UOM – SIGNATURE DE LA MAGNA CHARTA UNIVERSITATUM : Mono Bunwaree : « C’est une responsabilité, tel un contrat entre la société et l’Université »

Le 18 septembre dernier, l’Université de Maurice a franchi une étape importante dans son histoire en étant la 802e université à être signataire de la Magna Charta Universitatum. Ces dernières années, l’Université de Maurice a traversé des moments de bouleversements et de remises en question liés à l’évolution de la société et de l’institution universitaire en elle-même ; la signature du protocole de Bologne, tel un contrat entre l’université et la société, jette ainsi les jalons pour une institution où la liberté académique et l’autonomie institutionnelle priment. Mono Bunwaree, chargé de cours à l’UoM et qui a piloté le projet pour l’adoption du processus de Bologne, évoque l’importance de ces principes et de la responsabilité de l’UoM envers cet engagement. « L’attention du monde académique sera désormais braquée sur l’UoM ; ce sera un combat de tous les jours pour être à la hauteur de cet engagement », dit-il au Mauricien.
Si pour certains la signature de ce protocole n’est que celle d’un autre document par l’Université de Maurice, M. Bunwaree attire cependant l’attention sur le fait qu’être signataire de la Magna Charta Universitatum représente un grand engagement dans le monde académique. « L’enseignement supérieur est un secteur qui est constamment en évolution. Il est important d’avoir une référence et de rester ferme sur ses principes afin de ne pas déroger de sa vraie mission qu’est d’offrir une éducation de qualité », souligne-t-il.
La signature de la Magna Charta Universitatum avait été recommandée dans le rapport du visiteur Dev Manraj en 2013. Il importe de souligner que si dans la plupart des cas, l’intérêt pour adhérer à la Magna Charta Universitatum émane des responsables de l’institution, pour l’UoM, c’est la communauté qui a été à la base de cette réalisation. C’est l’acheminement d’une lutte de plus de deux ans pour la liberté académique et l’autonomie institutionnelle. La demande logée l’année dernière a été approuvée en début d’année. C’est la Vice-Chancelor, le Pr Romeela Mohee, qui a procédé à la signature du document le 18 septembre dernier à l’Université de Bologne. L’Université de Maurice figurait parmi les 26 universités mondiales qui signaient ce document. L’événement était précédé d’une conférence sur plusieurs thématiques entourant l’enseignement supérieur et ses défis. M. Bunwaree ainsi que le Pr Mohee ont eu l’opportunité de prendre part à des discussions sur plusieurs sujets.
La liberté académique pour la création intellectuelle
En vue de loger sa demande pour être signataire de la Magna Charta Universitatum, l’UoM devait ainsi soumettre un rapport à l’Observatoire afin que celui-ci détermine si l’UoM fonctionne selon certains paramètres acceptables. « Nous étions appelés à donner des détails sur les principes selon lesquels agit l’UoM », souligne notre interlocuteur. L’un des aspects les importants de ce document est la promotion et la liberté académique pour une université moderne et la création intellectuelle. M. Bunwaree fait ressortir ici que la liberté académique signifie le droit d’enseigner, d’apprendre, d’étudier, d’avoir des débats et de publier sans craindre l’orthodoxie ou la menace de représailles et la discrimination. Cette liberté comprend le droit de critiquer l’université et de prendre part à sa gouvernance. D’ailleurs, dans sa demande, l’UoM écrira : « Staff are free to explore any lines of enquiry based on academic integrity and to freely communicate the results of their research work without any hindrance or fear of reprisal. Staff and students are encouraged to challenge received wisdom and to engage in critical thinking which includes the freedom to make a critical appraisal of government policies. Students are required to provide feedback on their teachers ». M. Bunwaree souligne que le Conseil de l’Université de Maurice est libre de déterminer ses politiques et règlements pour le bon fonctionnement de l’institution et agit en autonomie. D’ailleurs, dit-il, cette transparence et ouverture sont régies dans les nouveaux Statuts de façon à ce qu’il n’y ait aucune tentative pour empiéter sur la liberté académique et l’autonomie institutionnelle. Avec l’avènement de la société du savoir, poursuit-il, il est aujourd’hui évident que pour répondre aux nouvelles évolutions, un « contrat » entre l’université et la société est nécessaire. La responsabilité sociale et culturelle de l’Université ainsi que son obligation de rendre des comptes au public et à sa propre mission relèvent d’une grande importance ; le suivi de ces valeurs est nécessaire.
Monitoring de l’Observatoire
Cet engagement, poursuit le chargé de cours, ne s’arrête cependant pas à la signature du document. En tant que signataire de la Magna Charta Universitatum, l’UoM plaide désormais pour une liberté académique, exercée pleinement sur la dimension de la connaissance et sur celle de la recherche. C’est un texte puissant, qui énonce les principes fondamentaux auxquels les universités ne peuvent pas déroger. « C’est un combat personnel de tous les jours et il faudra s’y mettre sérieusement pour respecter cet engagement. L’UoM ne pourra rester dans sa tour d’ivoire sans se soucier de ce qui se passe à l’extérieur. Si dans le passé il y a eu des lacunes, aujourd’hui l’UoM doit faire preuve de plus de responsabilité », affirme M. Bunwaree. D’ailleurs, il souligne que désormais l’attention du monde académique sera braquée sur l’UoM alors que l’Observatoire de la Magna Charta Universitatum fera un suivi continu des activités de l’UoM en ce sens. « Une personne qui estime que l’UoM est en train de déroger de ces principes peut toujours écrire à l’Observatoire pour l’en informer », dit-il.
Par ailleurs, Mono Bunwaree souligne que la Higher Education Act sera certainement un plus pour régulariser le secteur tertiaire. « Il faudra cependant faire la part des choses et respecter cette autonomie qui a toujours fait la grandeur de l’Université de Maurice. L’UoM devra relever ce défi sans perdre de vue son rôle historique de poursuite d’un savoir libre », conclut notre interlocuteur.

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