Urnes vides d’enjeux

Il était hors de question que j’aille voter. Certes voter est un devoir “secret et sacré.” Une bien jolie formule ! Remplacez “sacré” par “sucré”, et ça marche aussi bien. En revanche, c’était poussif en ce dimanche, dominé par des préoccupations autres ! Du genre : le linge pas complètement sec par temps dégueulasse. Et qu’on ne vienne pas blâmer la météo pour le faible taux de participation, ni pour le fort taux d’abstention ! On se demandait aussi combien de millions les partis n’ont pas injectés pour ne pas ouvrir les yeux du “tang”. Quid d’une déclaration publique des avoirs et des contributions spontanées de généreux donateurs désintéressés.
N’était-ce les misérables tables des activistes, aux abords des écoles, qui aurait dit que des élections avaient lieu ? Pourquoi les citadins se foutent si démocratiquement de ces urnes vides d’enjeux ? Il faudrait peut-être remettre en question la gestion des villes et leurs gestionnaires. Ça ne se limite pas aux services de voirie, à l’asphaltage des rues, au nettoyage des drains ou à une promesse de wifi gratuite pour avoir l’air intelligent. Vous avez dit “smart city” ?
Je me suis abstenue de voter parce que je ne connaissais même pas le nom des candidats en lice, encore moins leur pedigree et leur programme ! Le vote est un devoir sacré, galvaudé par nombre de ceux faisant acte de candidature. On devrait trouver la définition correcte du terme “pie banann”. Si j’avais un élu sous la main, ma première question serait : connaissez-vous le sens des expressions : “pie banann” et “poupet doukia” ?
Il fut un temps où de grands noms de notre politique mauricienne faisaient leur entrée dans l’arène en passant par les municipales. Je me demande qui, parmi les nouveaux élus, laissera un souvenir impérissable de son passage dans une des cinq mairies. Comme dirait l’autre : mo swett zot bonn sans. Listwar ava zize ! Cherchez les raisons de la désaffection !
D’éminents observateurs ont noté une “dichotomie” voire une “hégémonie” chez des électeurs “schizophrènes”. Ce qui en clair, signifie que le citadin ne voulait pas trop se faire chier, un dimanche, à élire des représentants connus ni d’Adam ni d’Ève. Sans personne pour le représenter, le citadin s’abstient volontiers. On confronte souvent abstentionnisme au “devoir civique” à accomplir en mémoire de ceux qui se sont battus pour nous obtenir ce droit. Je me demande si les “pie banann” existaient déjà à l’époque ?
On devrait considérer la “liberté de s’abstenir”. Prendre en compte le vote blanc serait un bon moyen de faire reculer le taux abstention. Le citoyen devrait pouvoir dire que ceux censés le représenter ne correspondent nullement à ses aspirations de citadin ou de rural. Tiens ! C’est quoi la prochaine étape : des élections villageoises ?

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