VACCINS ANTIGRIPPE: Dénonciations des pratiques de mercantilisme

La demande pour le vaccin antigrippe demeure toujours élevée depuis la dernière semaine de mai. Le service public arrive à satisfaire 7 000 demandeurs quotidiens, alors que le vaccin est encore très rare dans de nombreuses pharmacies privées. En revanche, les deux types de vaccins antigrippe sont disponibles en quantité suffisante chez de nombreux médecins du privé. Mais leurs patients déboursent d’importantes sommes pour les obtenir, soit Rs 500 et Rs 1 500. Or, selon des pharmaciens, le coût normal pour l’un est de Rs 180 à Rs 200, et pour l’autre de Rs 350 à Rs 375.
Selon le ministère de la Santé, le privé ne compte que deux importateurs de vaccins antigrippe : Pharmacie Nouvelle et Biocom. Ces compagnies d’importation proposent chacune un type de vaccin sur le marché. Elles sont les fournisseurs des pharmacies privées et du service public aussi. Le ministère, lui, soutient qu’« il y a suffisamment de vaccins contre la grippe ».
Toutefois, de nombreuses petites pharmacies sont toujours en rupture de stock. « Nous attendons ces vaccins depuis le début de la semaine », relate une vendeuse d’une officine située dans le centre de Rose-Hill. Ces revendeurs de médicaments se disent étonnés devant ce manque aigu de vaccins dans le privé, étant donné que leurs fournisseurs habituels attendaient l’arrivée de leurs commandes depuis le dernier week-end. Quelques propriétaires de pharmacies avouent au Mauricien qu’ils ont reçu, ces derniers jours, seulement la moitié de leur commande passée, d’autres affirment qu’ils n’ont rien reçu malgré leurs demandes. Des pharmaciens affirment également que des commandes importantes les auraient privés d’un stock pour leur clientèle habituelle. Lesquelles commandes ont, selon eux, été passées par les médecins et par des entreprises privées pour la vaccination de leurs employés.
Des propriétaires de petites pharmacies sont de ce fait mécontents de ne pouvoir satisfaire leur clientèle. D’autant que selon eux, « il ne devrait pas y avoir de pénurie puisque les commandes des importateurs sont arrivées ». Ils avancent une autre explication à ce manque de vaccins dans leur commerce. « Les grossistes sont en train de privilégier des médecins et des entreprises au détriment des pharmacies » estiment-ils. Cette pratique serait « illégale », disent-ils, et leur cause un manque à gagner.
La Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), qui regroupe les pharmaciens dûment enregistrés, est montée au créneau hier sur cette question de manque de vaccins dans les pharmacies commerciales. « It has been brought to our attention that one of the reasons the wholesaler(s) did not supply the amount of vaccines ordered by retail pharmacies is that they are selling the vaccines directly to institutions like banks, textile factories and even directly to private Medical Practitioners thereby bypassing retail pharmacies », écrit cette association au ministre de la Santé, Anwar Husnoo, avec copie à plusieurs organismes de contrôle, la Pharmaceutical Services, le Pharmacy Board et le Pharmacy Council.
Une enquête réclamée
La PAM demande au ministère de mener une enquête à ce sujet. En se basant sur des dispositions de la loi, cette association de pharmaciens prie le ministère de rappeler aux pharmaceutical wholesalers qu’ils n’ont pas le droit de vendre de médicaments « to anyone or any institution other than retail pharmacies ».
En effet, la section relative au Sale of pharmaceutical products de la Pharmacy Act 1985 indique : « No person shall sell by retail any medicine or drug in any place other than a pharmacy ». La loi relève aussi que le ministre peut « after consultation with the Board (NDLR : Pharmacy Board), make regulations authorising the sale by retail in any place other than a pharmacy of such medicines or drugs as may be specified in those regulations ».
Le Mauricien a sollicité une réaction des importateurs du vaccin antigrippe au sujet de l’allégation de « bypassing retail pharmacies », mais seulement l’un des deux a répondu à nos appels. « Il n’est pas vrai de dire que nous n’avons pas fourni les pharmacies ces derniers jours », réplique un des responsables de la compagnie d’importation située dans les basses Plaines-Wilhems. « En raison du contexte actuel et pour satisfaire tout le monde, nous donnons aux pharmacies seulement la moitié de leur commande », poursuit-il. « Et certains demandeurs viennent chez nous pour la première fois cette année », ne manque-t-il pas de souligner.
À qui fournit-il ces jours-ci ses vaccins? ? Cet importateur répond qu’il vend ses vaccins généralement aux pharmacies privées, au service public, aux cliniques et à quelques médecins du privé qui en font la demande chaque année. « Pour une question pratique et pour faciliter la vie de leurs patients, les médecins gardent à portée de main une dizaine de vaccins. Je ne leur fournis pas une grosse quantité », affirme l’importateur. Ce dernier soutient qu’il ne fournit pas « directement aux entreprises privées ».
L’autre compagnie distribuant les vaccins antigrippe n’a pas rappelé. La responsable du département concerné était soit prise au téléphone soit participait à une réunion à chaque fois que nous avons téléphoné.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -