VALLÉE-DU-PARADIS : Agricole et autonome

Il y a trois ans, le village de Camp-la-Boue, situé dans la région de Montagne-Longue, a changé de nom pour l’appellation plus attrayante de Vallée-du-Paradis. Ce changement découle d’une requête des habitants faite deux ans plus tôt aux autorités. Le nouveau nom attribué à cet endroit est dû à la vue pittoresque qu’offre ce village blotti au creux de l’imposante chaîne de montagnes de Moka et aussi au fait que les habitants considèrent cet endroit comme étant paradisiaque. Paradisiaque de par sa situation géographique avantageuse, ses paysages, sa fraîcheur, sa tranquillité, mais aussi pour son indépendance. Et ce village où chacun cultive son potager a tout pour plaire.
La route qui longe les villages Eau-Bouillie, Les-Mariannes et Congomah est une des plus belles routes offrant de beaux paysages et ponctuées de différentes cultures comme l’ananas et le gingembre. Là, sur les hauteurs, entre Les-Mariannes et Congamah, une vaste étendue de paysages s’offre aux regards et champs cultivés à perte de vue. De là, l’on peut embrasser du regard, Vallée-du-Paradis, petite bourgade dominée par des terrains en vallonnement. Elle apparaît comme un ensemble quadrillé de vastes cultures. En descendant la route qui mène jusqu’à elle, l’on découvre de vastes terrains agricoles occupés par des bananeraies qui rivalisent avec des papayers, des vergers de manguiers, de letchis. Avec un sol, relativement bien drainé, une pluviosité suffisante et du soleil en abondance, on y cultive aussi des épices, des échalotes. Chaque parcelle de terre est exploitée.
Le trajet est agréable, l’air est frais et pur. La «Vallée-du-Paradis» porte bien son nom. Un village tranquille entouré de montagnes et de végétation, et où les habitants cultivent de génération en génération leur verger, se nourrissent de la récolte de leur potager. À l’instar des trois familles que nous rencontrons.
Une alimentation saine
La famille Dhunoo, qui habite non loin du temple des Hare Rama Hare Krishna, tente depuis des années de produire suffisamment de légumes et son propre lait afin d’être plus ou moins autosuffisante. C’est dans le but de consommer une nourriture saine et biologique qu’il ont choisi de planter leurs propres légumes. Leur jardinet leur fournit des laitues, du gingembre, des carottes, des haricots verts, de la papaye, des lalos. Les Dhunoo cultivent aussi le partage, le surplus n’est pas mis en vente, mais offert à des proches et amis, séduits par la qualité d’une nourriture saine et totalement bio. Car ici, on n’utilise pas de pesticide ni engrais, nous dit-on. Jusqu’à tout récemment, la famille Dhunoo élevait des vaches laitières, mais «on en a fait don, car on n’avait plus le temps de s’en occuper», nous dit Kabilall Dhunoo. Celui-ci fait partie des quatre enfants de Gyantee et Mohunlall, âgés de 75 et 80 ans respectivement. «S’occuper des vaches, cela demande beaucoup de temps. On s’en ai bien occupé, nourri, nettoyé, passer à la traite, etc. Mes parents sont âgés et les enfants et petits-enfants sont destinés à une autre carrière professionnelle. De plus, nous devons aussi nous occuper de ce terrain que nous possédons à New-Grove et où l’on cultive la canne». Depuis qu’ils sont arrivés au village dans les années 1950, les vaches leur fournissaient le lait nécessaire. « Je n’ai jamais consommé de ma vie le lait vendu dans les commerces », nous dit Gyantee. « Avant de me marier et de m’installer ici, je vivais à Union Park à Rose-Belle où mon père faisait de l’élevage de vaches laitières et nous buvions uniquement leur lait. À cette époque, le lait cru coûtait 5 sous. Lorsque je me suis installée à Camp-la-Boue avec mon mari, mon père nous a offert une vache pleine ». Jusqu’à tout récemment, les habitants venaient chercher du lait ou du fumier pour leur plantation chez elle. Ici, personne n’était incommodé par l’odeur du fumier. « Au contraire, nos voisins, médecins de père en fils, ouvraient tous les jours leurs fenêtres qui donnent sur l’étable. Il paraît que c’est salutaire pour les problèmes liés à la sinusite. Même leur urine est recommandée pour les problèmes de bronches», nous dit Mohunlall.
Proche de la nature
Les habitants de Vallée-du-Paradis sont à mille lieues d’imaginer leur vie sans leurs plantations. Aujourd’hui à la retraite, Madan Bujhawon consacre son temps à s’occuper de ses Gouramies, de gros poissons d’eau douce qu’abrite son bassin, et aussi à son verger de letchis et son potager où est plantée une variété de légumes, parmi lesquels on y trouve de l’ail, du thym, des carottes, pour la consommation quotidienne de sa famille.
Ici, dans le creux de la chaîne de montagnes, les habitants affectionnent un mode de vie proche de la nature. À l’instar de Madan Bujhawon, qui s’adonne à la pêche dans la rivière qui coule le long de la Fagoo Lane, et chasser les lièvres dans les champs est parmi ses activités favorites.
La vallée est l’une des plus riches et fertiles de la région. L’agriculture est au centre des activités de la petite communauté. De génération en génération, ils produisent de quoi subvenir à leurs besoins alimentaires, mais aussi pour vendre. Comme chez les Bhutoo qui vivent tout au bout de la Vallée-du-Paradis, où le letchi est l’une des cultures les plus importantes que possède la famille. Ce fruit s’épanouit pleinement dans ces terrains fertiles. La culture de manguiers y est aussi très développée. En plus de la production réservée, une partie, à l’exportation, ils font aussi pousser dans leur cour, des légumes, des salades et des choux-fleurs. Mais, contrairement aux Dhunoo, les Bhutoo utilisent des pesticides pour leurs fruits et légumes ! Toutefois, ils recommandent de « toujours mettre les légumes à tremper une heure avant de les consommer. Et pour les choux-fleurs, au moins une nuit », dit-il.

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