VARMAGATE : Menace d’inculpation sur le PPS Reza Issack

Avec la fin de la déposition de Mario Jeannot, le père de Florent Jeannot, concernant des tractations au sujet de l’affaire de violence physique impliquant l’ancien Attorney General Yatin Varma, le Central CID se prépare à loger les premières inculpations provisoires sous le délit de Perverting the Course of Justice. Ainsi, depuis le début de la matinée, le Private Parliamentary Secretary (PPS) Reza Issack, était attendu aux Casernes centrales en vue de consigner sa version des faits et être confronté aux détails fournis par Mario Jeannot quant à son rôle dans ce qui est en passe d’être connu comme la Varmagate. Ses conseils légaux étaient retenus par des obligations professionnelles en Cour dans la matinée. Le député correctif de Rose-Hill (No 19) s’est finalement présenté au QG du Central CID vers les 12 h 20.
Des dernières informations disponibles, le président du conseil d’administration de la Mauritius Ports Authority (MPA), Maurice Allet, devrait rentrer au pays plus tôt que prévu suite à des instructions émanant de l’hôtel du gouvernement. La direction de la clinique Fortis-Darné a été mêlée dans une nouvelle enquête policière collatérale suite à la publication sur Facebook du rapport des analyses toxicologiques des prélèvements stomacaux de Yatin Varma et émanant du laboratoire du ministère de la Santé.
À la mi-journée, aucune indication officielle n’était disponible si Reza Issack allait se rendre à la convocation du Central CID en tant que PPS avec la menace de la première inculpation provisoire dans la Varmagate pesant sur ses épaules. En cours de matinée, le principal concerné se trouvait à l’étude de ses conseils légaux pour les dernières consultations sur la stratégie à être adoptée suite au rendez-vous avec les enquêteurs de la police. Sur le coup de midi, une escouade du Central CID a quitté les Casernes centrales en vue d’aller chercher Reza Issack, qui ne s’était pas présenté à l’heure fixée dans la matinée.
Des sources proches du politicien Reza Issack laissent entendre que ce dernier pourrait, à la toute dernière minute, soumettre sa démission en tant que PPS pour éviter un embarras au Premier ministre Navin Ramgoolam, avec une éventuelle inculpation provisoire. Quant à son poste de membre de l’Assemblée nationale, le choix reste ouvert jusqu’à au moins la fin de l’enquête policière ou encore la décision du Directeur des poursuites publiques (DPP) d’instruire un procès au pénal devant les instances judiciaires appropriées dans ce « High profile political case ».
Néanmoins, en cas de démission de Reza Issack de l’Assemblée nationale, l’Electoral Supervisory Commission et la Commission électorale devront se réunir pour désigner un remplaçant au député correctif du No 19. Les prévisions officielles sont que ce siège devrait revenir à Rashid Meerun, candidat battu du Parti travailliste, ancien diplomate et aussi journaliste.
Même si publiquement, Reza Issack affirme être intervenu dans les négociations « dans le seul but d’aider Yatin Varma en tant qu’ami », il sera confronté aux révélations de Mario Jeannot quant à son involvement de premier plan dans les négociations en vue d’amener Florent Jeannot à se rétracter et à retirer ses accusations à l’encontre de l’ancien Attorney General. Le PPS avait remplacé Maurice Allet, qui avait initié les contacts avec Mario Jeannot dès le 19 mai dernier.
Dans sa version des faits, Reza Issack devra donner des indications sur la personnalité qui l’avait approché afin de reprendre le rôle d’intermédiaire, abandonné par le président de la MPA. Les limiers du Central CID, placés sous la double supervision des ACP Pregassen Vuddamalay et Heman Jangi, devront l’interroger au sujet de la rencontre initiale au domicile des Jeannot à Flic-en-Flac du 11 juin suite à un appel téléphonique du PPS.
Puis les rencontres se sont succédé avec l’ancien Attorney General accompagnant Reza Issack chez les Jeannot dans la soirée du 12 juin avec une bouteille de champagne en cadeau ; le PPS recevant le 14 juin Mario Jeannot à son bureau pour la poursuite des négociations et le 15 juin en compagnie de Yatin Varma chez les Jeannot.
Auparavant, soit le vendredi 14 juin, Reza Issack avait effectué le déplacement en compagnie de Yatin Varma à l’étude de Me Roubina Jaddoo, dont les services ont été retenus dans cette affaire par Florent Jeannot. Ils ont attendu pendant une heure dans leur tentative de rencontrer Me Jaddoo.
D’ailleurs, lors de la rencontre du 15 à Flic-en-Flac, cet éventuel contact avec Me Jaddoo avait été évoqué par Reza Issack lors de ses échanges avec la mère de Florent Jeannot. Les enregistrements des échanges attribuent au PPS Issack la déclaration suivante : « meyer fason anlev tou persepsyon person an deor pa bizin kone ki laranzma zot fer. Fer zot laranzma, apre zot retir zot case, person pa bizin kone ».
Plus tard, suite à des garanties contre un éventuel coup fourré au préjudice de la victime après avoir retiré sa plainte de la police, le même Reza Issack aura soutenu que « mwa seki mo sigere seki tout se fait… Mo pena nanyen kontr avoka. Once it’s over kot zot inn gagn garanti. Enan enn papie mo inn fer li fer, inn anregistre tou. Nou inn fer sa hier enn papie legal mem. Suit a akisidan kinn arive M. Varma ek Jeannot inn desid kouma enn lakor de ne pas donn oken suit polisier, legal ou autre. Nou inn fer enn papie ».
Avec le retard de Reza Issack pour se rendre à son rendez-vous d’interrogatoire, les responsables de l’enquête du Central CID se gardent de faire des commentaires sur les développements à prévoir, refusant de s’engager dans des spéculations autour d’une éventuelle inculpation provisoire du PPS. « Nous allons enregistrer sa déposition. Nous allons le confronter aux éléments, qui ont déjà été versés dans le dossier à charge et nous aviserons de la décision à prendre au moment approprié », laisse-t-on entendre du côté du Central CID.
Reza Issack est arrivé aux Casernes centrales vers les 12 h 20 en compagnie de ses hommes de loi, Mes Rama Valayden, Samad Goolamaully et Neelkant Dulloo. La voiture des limiers du Central CID, désignés pour aller chercher Reza Issack, suivait de très près celle transportant le PPS et ses conseils légaux.
Avec l’interrogatoire de Reza Issack, le prochain suspect susceptible d’intéresser les enquêteurs de la police n’est nul autre que Maurice Allet. Ce dernier a été sommé d’écourter sa mission officielle au nom de la MPA en Europe pour rentrer au pays dans les meilleurs délais. Il devrait être de retour au plus tard durant le week-end pour se mettre à la disposition de la police.
Les explications de Maurice Allet sont considérées comme étant cruciales pour mieux comprendre le background de ces négociations engagées depuis le 19 mai dernier. Pour la première rencontre du 20 mai avec Mario Jeannot dans les locaux de la MPA, Maurice Allet avait donné des instructions formelles aux préposés de cette instance pour qu’aucun détail de la présence du père de Florent Jeannot ou de celle de toute autre personne susceptible de l’accompagner ne soit consigné formellement dans les livres de sécurité.
La police, qui procède actuellement au visionnage des enregistrements des caméras de surveillance installées dans le port, est déjà en présence de ces instructions « Top Secret » du président du conseil d’administration de la MPA. Ce dernier devra convaincre les enquêteurs de l’extrême importance de cette réunion, au point où les consignes de sécurité pour être admis dans l’enceinte portuaire ont été dérogées formellement.
Maurice Allet devra être interrogé sur les multiples contacts entre le 19 mai et le 5 juin avec Mario Jeannot, d’une part, et Yatin Varma, de l’autre et ce sans oublier les tête-à-tête dans l’enceinte de l’écurie Allet au Mauritius Turf Club ou encore sur les bancs de l’Eglise Montmartre le 4 juin dernier.
Pour ce qui est de la convocation de l’ancien Attorney General, le Central CID devra prendre une décision à la sortie de clinique du principal concerné. En principe, Yatin Varma, admis à la clinique Fortis-Darné, devra être en mesure de rentrer à son domicile vers la fin de la semaine. Dépendant de l’avis de ses médecins, dont le psychiatre Dr Anil Banymandhub, un rendez-vous devra être fixé.
Dev Hurnam, qui avait donné une déposition dès lundi soir à la police sur un éventuel complot « to pervert the course of justice » contre l’ex-Attorney General et qui a poussé la police à accélérer les procédures d’enquête, s’insurge du traitement accordé à Yatin Varma à la clinique. Il déplore qu’une sentinelle policière n’ait pas été placée à côté de M. Varma à la clinique car « il est un prime suspect dans ce délit très grave d’entrave à la justice ».

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