VIH & SIDA—NICOLAS RITTER (PILS) : « Frustré et inquiet que des patients meurent malgré tout »

Le directeur de PILS et premier Mauricien à avoir publiquement admis être séropositif, Nicolas Ritter, dit attendre avec impatience et avec beaucoup d’excitation la tenue du 12e Colloque VIH & sida de l’océan Indien, qui se tiendra du 13 au 15 novembre à l’hôtel Intercontinental de Balaclava. Cependant, dit-il « je ne peux cacher ma frustration et mes inquiétudes, car malgré tous les efforts conjugués pour combattre le virus, nos patients meurent ». Au banc des accusés : l’Hépatite C, une pathologie courante chez les Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) et qui « va provoquer une hécatombe si l’on ne s’y prend pas à temps ».
Reconnaissant que « le traitement pour les patients atteints d’Hépatite C est très onéreux », Nicolas Ritter note toutefois que « comme tous les efforts pour endiguer l’épidémie de sida sont concentrés sur le “fire fighting”, on a relégué au deuxième plan tout le reste qui fait qu’une bonne prise en charge d’un PVVIH aide à contrôler la maladie, via des tests et suivis réguliers, et empêcher que le taux de mortalité ne prenne l’ascenseur ».
Ce qui se trouve être actuellement le cas, déplore le directeur de PILS, qui avoue être « frustré et très inquiet, car nos patients meurent ». « En dépit de tous les efforts qui sont fournis, et parce que, pris par l’urgence de la situation, certains aspects du traitement, hormis les antirétroviraux et les mesures de Réduction des Risques, d’autres éléments importants dans une bonne prise en charge d’un PVVIH ont été relégués en deuxième position… On ne leur accorde qu’une place accessoire, si l’on peut dire ».
Élaborant sur la question, M. Ritter explique que « pour qu’un PVVIH soit en bonne santé, il lui faut des analyses sanguines régulières, une bonne nutrition, une sexualité protégée, des bilans de santé aussi réguliers que possible pour détecter d’éventuelles pathologies comme les complications cardiovasculaires et la tuberculose, par exemple, qui sont très fréquentes chez les malades du sida ». C’est dans cette même optique, continue notre interlocuteur, que « l’Hépatite C, une complication intimement liée à la problématique à Maurice, vu que notre communauté de séropositifs concerne majoritairement des Usagers de Drogues Injectables (UDI), n’a pas eu l’attention nécessaire de la part de nos autorités et c’est cela qui fait que nombre de nos patients meurent ces temps-ci ».
Reconnaissant que « les efforts injectés ont indéniablement aidé à améliorer la situation de l’épidémie de sida à Maurice », Nicolas Ritter constate toutefois qu’« il faut impérativement, régler cette question le plus rapidement possible. Sinon, c’est l’hécatombe qui nous guette ». Il souligne que « le traitement pour l’Hépatite C est extrêmement onéreux, ce n’est pas une nouveauté. La question a déjà été abordée avec le ministre de la Santé, Lormus Bundhoo, qui nous a donné l’assurance que des efforts seront réalisés en ce sens. Il faut comprendre, surtout, que le moment est idéal pour discuter et négocier avec les pharmacies étrangères, afin de trouver des arrangements et des terrains d’entente pour éventuellement trouver des débuts de solution et aider les patients… »
Une approche qui s’inscrit directement dans la ligne de la thématique arrêtée pour le 12e Colloque VIH & sida : « Redynamisons la riposte ». « Des représentants seront là, les acteurs locaux peuvent donc en profiter… »
L’autre enjeu majeur de ce 12e colloque : « Trouver de nouvelles avenues de collaboration entre nos îles, en matière de réseautage et de synergie à l’égard des patients des îles ». Nicolas Ritter rappelle que « cela fait déjà deux ans que le projet AIRIS/sida de la COI a été arrêté, ce qui représente un manque à gagner important dans la lutte sur le plan régional ». Une des répercussions directes de la disparition de ce fonds : moins de participants des îles pourront être présents au colloque cette semaine. D’autre part, les deux réseaux de PVVIH régionaux, Ravane OI et Fam OI Positives, ne peuvent fonctionner à plein régime. « Lors du colloque, nous allons explorer des possibilités pour voir comment optimiser ces ressources et nous entraider ».
Le colloque VIH & sida de l’océan Indien, rappelle encore Nicolas Ritter, est « le rendez-vous attendu pour l’échange et le partage d’expériences, de connaissances, de savoir-faire et de bonnes pratiques entre les îles, et aussi, en bénéficiant de la présence et de la participation des éminents professeurs et scientifiques français. C’est à la fois un bilan d’une année écoulée et une remise à niveau pour les mois qui viennent ».

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