VIKTOR YAZYKOV : Un navigateur d’exception

Viktor Yazykov, un navigateur solitaire, a touché Grand-Baie la semaine dernière à bord de son petit voilier de 10 mètres, “Daughter of the wind”, après être parti de la Nouvelle-Zélande. Il a effectué cette traversée en 57 jours sans escale. Il a pris l’avion ce week-end pour un petit séjour chez lui à Sochi et sera de retour dans deux mois pour reprendre la mer.
Cet originaire de la ville de Sochi en Krasnodar Kraim, Russie, s’est intéressé à la navigation depuis son enfance. Ses deux jeunes frères et lui utilisaient le petit bateau de pêche de leur père pour faire des sorties sur les rives de la Mer Noire.
C’est en lisant la biographie du Canadien Joshuas Slocum « Sailing alone around », premier navigateur à effectuer le tour du monde en solitaire, qu’il aura pris goût à la navigation. Il avait 14 ans lorsqu’il perdit son père et son oncle, qui périrent noyés lors d’une partie de pêche. Ses frères et lui décidèrent alors, pour commémorer leur mémoire de construire un yacht afin de parcourir le monde.
Appelé pour son service militaire à l’âge de 18 ans, il dira que l’entraînement qu’il a reçu pendant cette période lui a été très bénéfique pour sa carrière de navigateur. Il entreprit par la suite des études dans le domaine de la navigation à la prestigieuse école Far East National College dans la région de Vladivostok. Il devient par la suite marin-pêcheur et travailla dans les régions de la Mer Noire, dans la Mer de Baring et dans le Pacifique. Entre les campagnes de pêche, il travaillait dans un club nautique et enseignait à des jeunes les rudiments de la voile.
En 1981, après avoir retapé un vieux bateau, il réunit une équipe de jeunes pour des leçons de navigation. Ils partirent ainsi vers le Japon dans le cadre d’un échange entre deux villes soeurs. La traversée ne fut pas de tout repos. À leur arrivée, ils reçurent un accueil triomphal, car Viktor Yazykov était le premier navigateur russe à bord d’un yacht à faire un tel parcours.
En 1983, après la mort de leur mère, Viktor et ses frères mettent en chantier la construction d’un autre bateau, utilisant le bois de châtaignier, le meilleur qui soit pour la construction d’un bateau en raison de sa robustesse. Il dut abandonné le chantier lorsque le KGB fit appel à lui pour reprendre du service dans l’armée, à la suite de la catastrophe de Tchernobyl le 26 avril 1986. Il fut chargé avec d’autres soldats du nettoyage des dégâts causés par cet accident nucléaire eu dut faire face à des conditions de travail extrêmes ; plusieurs soldats y laissèrent leur vie. Après deux mois, les médecins de la base signifièrent à Viktor Yazykov qu’il avait été exposé au maximum à la radiation ce qui lui valut d’être relevé et de rentrer chez lui. Le gouvernement russe voulait lui payer une indemnisation mais il refusa, considérant que c’était comme-ci on le payait pour mourir. Mais grâce à l’entraînement reçu lors de son service militaire, il trouva assez d’énergie pour combattre sa maladie. Petit à petit, il recouvra la santé et pu terminer son yacht de 10 mètres, entrepris avec l’aide de ses frères et qu’il baptisa « Laguna ».
En 1992, il obtint un visa de sortie du gouvernement de la Russie et entreprit un voyage de la ville de Sochi vers l’Angleterre avec son épouse Ludmilla. Ils subirent un très fort cyclone dans la mer de la Méditerranée et connurent la peur de leur vie, pensant ne pas pouvoir s’en sortir. Les Yazykov arrivèrent à temps pour participer à la course de Newport à Rhode Island, très célèbre compétition de voile. Ils terminèrent à la 4e place après avoir navigué pendant 28 jours.
Lorsqu’ils quittèrent les eaux britanniques vers les États-Unis, où, selon les organisateurs de la course, un visa d’entrée leur serait remis, les officiers américains leur refusa l’entrée et Viktor Yazykov fut même menacé de déportation. La presse américaine relata leurs mésaventures dans leurs colonnes et reçurent par la suite, après des interventions en haut lieu, un permis de séjour. De plus la permission fut même accordée au navigateur russe de travailler à Rhode Island, dand le Nord Est des Etats Unis.

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