VIOL ET MEURTRE: l’horreur indescriptible

L’horreur est indescriptible. Violée, assassinée, bâillonnée, encagoulée, mise dans un sac puis balancée dans un ravin de Plaine Champagne, comme une ordure.
Peut-on imaginer la souffrance, la peur, l’impuissance de cette jeune fille. Cela a dû être l’horreur.
Il n’y a aucune société, traditionnelle ou moderne, développée ou en voie de développement, où les filles et les femmes peuvent dire qu’elles sont totalement en sécurité. En temps de guerre comme en temps de paix, dans la rue tout autant que dans leur propre maison, les filles et les femmes sont vulnérables. Vulnérables aux injures sexistes, aux attouchements et au viol. Aucune femme, jeune ou âgée, riche ou pauvre, aucune n’est complètement à l’abri.
Malgré les discours très à la mode sur le « gender », aucune étude n’a été entreprise à Maurice pour aider à mieux cerner ce grave problème et à réfléchir sur des possibilités d’actions de prévention dans la durée. On doit ainsi se référer aux travaux menés dans d’autres pays. Une enquête nationale en France en 2002 révèle que les agressions sexuelles touchent surtout les femmes dans leur jeunesse. Plus de la moitié des femmes agressées sexuellement l’ont été avant l’âge de 18 ans et plus d’un tiers avant 15 ans. Les attouchements sexuels ont eu lieu essentiellement avant l’âge de 15 ans ; les tentatives de viol et les viols ont lieu surtout après qu’elles ont atteint 18 ans. Les violences sexuelles constituent l’expression brutale du pouvoir et de la mainmise que les hommes peuvent s’arroger sur les femmes à tout âge et en toute circonstance.
Chez nous, d’après les journaux, comme ailleurs, les auteurs des viols et d’autres agressions sexuelles sont en général connus de leur victime. Les hommes, grand-père, père, frère, oncle, beau-père ou autre fréquentant la famille en sont fréquemment les auteurs. Ces hommes sont souvent beaucoup plus âgés que leurs victimes. Ces liens de parenté et d’intimité rendent la dénonciation plus difficile, sinon impossible. Cette proximité familiale enferme beaucoup de victimes dans le silence. Certaines, des années plus tard, se confient et disent qu’elles n’ont pu rien dire car elles savaient qu’elles n’allaient pas être crues ou qu’on allait les accuser de vouloir briser la famille.
 Il y a aussi la difficulté des mots pour dire l’innommable. Selon l’étude précitée, plus de 67% des victimes n’avaient jamais parlé à personne avant l’enquête. Ce silence renforce un sentiment de honte, de culpabilité qui pèse sur les victimes et épargne les agresseurs. Le cercle familial et clos permet aussi la répétition de ces violences, s’échelonnant sur plusieurs années, souvent jusqu’à ce que les victimes quittent la maison familiale.
 Les agressions sexuelles et le viol sont lourds de conséquences pour les victimes. Beaucoup d’entre elles portent le sentiment d’une souillure toute leur vie. Si l’agresseur a été jugé et puni, cela aide à la réhabilitation mais ne referme jamais la souffrance, la douleur nichée quelque part au sein de l’être. Presque deux tiers des victimes souffrent d’une perturbation durable de leur sexualité. Le fait d’en parler peut être un soulagement mais les conséquences de ces violences n’en sont pas moins importantes.
Que faire pour protéger les filles et les femmes contre les violences sexuelles. L’on note toute une panoplie de mesures que les professionnelles de diverses disciplines doivent discuter et adopter. En premier lieu, il faut impérativement briser le silence et l’occultation des violences sur les filles et les femmes. C’est pour cela que quand les cas sont rapportés et prouvés, la justice ne doit, en aucune circonstance, se montrer indulgent envers les agresseurs. On a un devoir de reconnaître les crimes sexuels et de les punir sévèrement. Il ne peut avoir reconstruction de l’être brisé autrement.
La protection des filles passe aussi par une vraie éducation sexuelle, qui n’aura pas peur, pour des raisons rarement explicites, de parler de la violence au sein des familles. Cela ne brisera pas la famille mais aidera à protéger beaucoup de filles et de femmes.
Il ne suffit pas d’être interloqué et choqué à chaque fois qu’un crime sexuel fait la une des journaux. Il faut agir dès maintenant pour éviter que d’autres jeunes filles soient massacrées et balancées dans des ravins. C’est trop horrible et ces crimes doivent non seulement nous interpeller mais nous pousser à agir, avant tout au sein de notre famille.

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