VIOL ET VOL À RIVIÈRE-NOIRE : Polocco, « Mo pena nanye a fer avec sa zafer viol-la »

Quinze jours après le vol dans un bungalow de Rivière-Noire et le viol de l’épouse d’un manager de restaurant de nationalité sud-africaine, la police a mis un terme à la cavale de Steeve Prinslet Serret, alias Polocco, âgé de 32 ans et recherché également pour d’autres délits, et de sa compagne, Leena Jessica Gentille, 22 ans, habitant Riambel. Alors qu’un intermédiaire avait pris contact avec les Police Headquarters dans la journée d’hier en vue de permettre à ce suspect, présenté comme ennemi public No 1, de se constituer prisonnier, une importante opération policière était déjà en cours suite à des informations précises quant au lieu de cachette de ce couple avec un faux air de Bonnie & Clyde à la cité Briquetterie à Abercrombie. Depuis hier après-midi, ils sont soumis à des interrogatoires serrés des limiers de la CID de la Western Division menés par l’assistant surintendant de police, Daniel Monvoisin.
À la mi-journée, Polocco avait déjà comparu devant le tribunal de Bambous, présidé par la Senior Magistrate Priscilla Veerabadren, et a été reconduit en cellule policière au Vacoas Detention Centre jusqu’au 6 mars. Il a retenu les services de Me Rouben Moorrongapillay et dès la première séance d’interview dans les locaux de la CID de Rose-Hill, le suspect a fait valoir son droit au silence.
« Mo pou gard mo drwa o silans. Mo pou dir tou dans la Cour. Mo pena nanyen à fer avek sa zafer viol-là. Mo dakor pou fer test ek fingerprint et fer confrontation direk pou nimport ki temwin la polis ena », a soutenu formellement le dénommé Polocco aux enquêteurs de la CID de Rose-Hill. Il a été inculpé provisoirement du délit de viol.
D’autre part, lors de sa comparution devant le tribunal de Bambous dans la matinée, le suspect Polocco s’est plaint d’actes de brutalité policière alléguée, dont il a été victime depuis son arrestation. « Mo soufer asmatik mwa. Hier monn vomi disan, monn gagn bate ar lapolis. Mo anvi al lopital. Hier zot finn amen mwa lopital me apre dan cell monn vomi disan ankor », a-t-il déclaré à la Cour. Il a souhaité être détenu en prison au lieu d’être incarcéré dans une cellule policière.
La Senior Magistrate, qui a voulu confirmer s’il y a des marques physiques de blessure ou d’agression, a déclaré que « mo pou fer amenn ou lopital. Dokter ava gete si ou ena mark ». À ce stade de l’enquête, même si Polocco nie toute participation ou connaissance de l’agression sexuelle de la Sud-africaine, il devra faire face à plusieurs inculpations provisoires.
La première porte sur le délit de non-respect des conditions de sa remise en liberté provisoire dans le cadre de l’enquête pénale sur le meurtre de Denis Fine, tué par balle un 3 janvier à la Maison-Blanche, Pamplemousses, soit « Absconding Bail ».  Un autre délit grave attend également ce suspect, soit celui de vouloir attenter à la vie des officiers de police lors de l’exercice de  leurs fonctions.
Deux membres de la force policière avaient été blessés lors d’une opération en début de semaine dernière en vue de procéder à l’arrestation de Polocco dans la région de Roche-Bois. En prélude à cette nouvelle inculpation, le suspect devra être confronté aux deux policiers sur qui il avait foncé avec la voiture volée. Cet exercice pourra être complété en cette fin de semaine.
Polocco sera également inculpé dans le vol et l’agression du couple de Rivière-Noire dans la nuit de la Saint-Valentin. Il devra également être interrogé sur le vol d’une voiture volée le 7 février dernier dans la région de Riambel et qui a été incendiée en début de semaine dernière à Roche-Bois suite au raid policier raté. Il subira aussi des interrogatoires sur une série vols et d’agressions avec ses prévenus portant des cagoules et commis à travers l’île, plus particulièrement dans le Nord, en début d’année.
Le cas contre Leena Jessica Gentille, qui a été inculpée devant le tribunal de Bambous de « Larceny armed with Offensive Weapons », est, semble-t-il, plus direct pour les limiers de la CID de la Western Division. Elle avait été identifiée dans un enregistrement de caméra de surveillance d’un guichet ATM d’une banque de Rivière-Noire dans la nuit du vol et du viol. Cette habitante de Riambel avait été trahie par le tatouage spécifique qu’elle porte au bras gauche, entre autres. Elle était partie retirer de l’argent après avoir volé les cartes de crédits bancaires de leurs victimes tout en leur forçant de révéler les PINs nécessaires pour ces opérations.
Peu après son arrestation, hier, Leena Gentille avait commencé à coopérer avec la police en passant aux aveux sur le vol, qui a tourné également au viol de Rivière-Noire. Lors de cette interview initiale, elle aura fourni à la police des indications au sujet de la composition du gang portant des cagoules et opérant la nuit. Elle aurait également indiqué à la police qu’elle avait reproché à l’un des suspects d’avoir laissé ses pulsions sexuelles prendre le dessus alors qu’il avait pour mission de surveiller l’épouse du manager .
Mais à un certain moment, un homme de loi s’est présenté à la CID de Rose-Hill affirmant que ses services ont été retenus par les parents de Leena Gentille. L’interview fut stoppée mais après le départ de l’avocat, la prévenue, qui avait ordonné au violeur présumé de donner un bain à la victime, a signifié son intention de poursuivre sers explications à la police.
Alors que des proches de Polocco tentaient de négocier la reddition dans la journée d’hier, une importante opération policière, engageant des membres de la Field Intelligence Unit de Port-Louis, de l’Anti-Drug and Smuggling Unit de Port-Louis Nord, des éléments du commando de la Special Mobile Force et encadrés de membres de la Special Supporting Unit (SSU) était engagée. L’objectif était d’encercler une maisonnette à la cité Briquetterie  sur la route Abercrombie où Polocco et Leena Gentille avaient pris refuge.
La suspecte de Riambel devait se rendre aux policiers après les premières sommations alors que Polocco avait voulu tenter en vain un ultime baroud d’honneur face aux forces de l’ordre. Mais le suspect a été vite maîtrisé alors qu’une perquisition se déroulait avec des armes tranchantes saisies. À ce matin, le principal occupant de cette maisonnette était sous le coup d’une arrestation pour le délit de « Harbouring Criminal ».
Aux dernières nouvelles, Mike Giovanni Pierre, âgé de 37 ans, accusé du viol de la Sud-africaine, a été admis à la salle 11 du Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC). Très peu de détails ont filtré quant à son état de santé mais il s’était plaint d’avoir été malmené physiquement par des policiers. Une enquête sera initiée sur la base du diagnostic dressé par les médecins de l’hôpital.
Pour sa part, James Mercier, l’un des premiers prévenus interpellés et dont la mère a logé une complainte à la Commission des Droits de l’Homme pour des blessures retrouvées sur son fils, s’est rétracté de ses premières révélations. Il nie avoir été en compagnie de Polocco à Grand-Baie la veille du vol ou du viol de Rivière-Noire. Il ajoute avoir été forcé par la police à faire état de ces détails. Il a retenu les services de Me Jean-Claude Bibi.

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