VIOLENCES ENVERS LES FEMMES : La CTSP donne la voix aux femmes

À l’heure où la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) participait à une manifestation qu’organisent la General Workers Federation, le Joint Negotiating Panel et la Kanpayn pu enn Nuvo Repiblik à Port-Louis dans le but de protester contre les amendements que le ministre du Travail, Shakeel Mohamed se propose d’apporter à l’Employment Rights Act et l’Employment Relations Act, Jane Ragoo, présidente de la CTSP, a accueilli hier des femmes du secteur privé. Cette activité spéciale a été organisée à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la Femme, où une discussion a eu lieu sur le thème de la violence envers les femmes. La rencontre a eu lieu au siège de la CTSP, à Rose-Hill, où une centaine de femmes étaient présentes, parmi lesquelles Lindsey Collen.
Jane Ragoo a introduit la discussion sur une note d’encouragement pour les femmes et a ainsi souligné « qu’une femme éclairée, éduquée et cultivée sera celle qui luttera pour les droits que les femmes méritent, surtout en tant qu’employée ». Lindsey Collen, qui est une militante de longue date pour les droits des femmes et de la justice sociale, a, quant à elle, retracé l’histoire du mouvement féministe à Maurice. Expliquant en détail et à l’aide d’un schéma le concept de la violence patriarcale, Lindsey Collen a voulu démontrer que dans toutes les structures sociales, il peut exister une forme de violence patriarcale. Son allocution était axé sur trois thèmes : le viol et la violence ; la violence domestique ; et la violence dans les cellules policières et les prisons.
La violence dans les cellules policières et les prisons ne semble pas concerner les femmes à première vue, mais pour Lyndsey Collen, il s’agit d’un même type de violence que celui de la violence domestique, où la prisonnière se trouve en position de dominée et subit les abus de pouvoir des gardiens et des policiers. Au sujet de la violence domestique, elle a conseillé qu’il ne faut pas attendre d’être arrivé au plus bas pour réagir, et qu’il faut au contraire choisir le moment où tout est calme pour rompre. Il faut surtout, dit-elle, exposer le problème et le rendre public.
Elle a raconté comment, avant même la création de syndicats, les femmes se rassemblaient pour lutter pour des causes. « Dan Mouvman Liberasyon Fam, nou mission se akil bann violer. Nou pa la pou pini zot me nou bizin akil zot. Nou lalit se kont la dominasion bann zom ki violant bann fam avek konplisite bann lezot zom », a-t-elle dit. Elle a également souligné qu' »il faut que toutes les femmes sachent que la demande faite par la Fédération des femmes pour qu’une femme aille directement à l’hôpital après avoir été victime d’une agression sexuelle a été approuvée et qu’un protocole a été émis à ce sujet ». Ainsi, toute femme qui a été victime d’une agression sexuelle doit exiger de se rendre immédiatement à l’hôpital, qu’une unité d’urgence soit organisée afin de procéder à tous les examens et soins médicaux nécessaires, et qu’une policière se rende dans le centre de santé où elle se trouve pour prendre sa déposition.
Témoignages poignants
Suivant la discussion, la deuxième partie du rassemblement s’est déroulée sur une séances de questions, de commentaires et de témoignages. Ce sont des témoignages poignants qui ont même fait pleurer toute la salle. Les femmes employées dans les écoles primaires et secondaires du gouvernement et qui se disent « ultra exploitées », ne touchant qu’un salaire de Rs 1500, ont témoigné du manque de « considération de leur métier, que certaines personnes considèrent comme dégradants ». Certaines femmes ont parlé du problème de discrimination, de harcèlement moral et sexuel qu’elles subissent parfois sans pouvoir briser le silence ou enclencher des procédures plus poussées. Elles ont également évoqué le fait que bien souvent, ce sont des femmes qui profitent de leur statut pour maltraiter et humilier d’autres femmes. Elles souhaitent plus de solidarité entre les différents mouvements féministes de l’île.
Lors de cette réunion, Jane Ragoo a évoqué un autre type de violence dans le travail qui se manifeste de plus en plus : le stress. Ceci peut être provoqué par le fait que l’employeur demande toujours plus de productivité, ou qu’il réprimande ou humilie l’employée devant ses collègues, ou encore s’il décide de suspendre une employée pour une raison non justifiable. « Ce sont des formes de violence qui empêchent les femmes d’avancer », a dit Jane Ragoo qui « souhaite qu’il y ait plus de réunions de ce genre, réunissant les femmes travailleurs afin de les encourager à parler et de faire prendre conscience que c’est leur droit de revendiquer un bon salaire et un environnement sans risques au travail. »
Les femmes déléguées de la CTSP et représentantes des syndicats de différents secteurs d’activités, les femmes employées dans les écoles primaires et secondaires du gouvernement, et les femmes du Mouvman Liberasyon Fam (MLF), en présence de Jane Ragoo, présidente de la CTSP, et de Lyndsey Collen, ont profité de l’occasion pour formuler une série de demandes à l’intention du gouvernement pour revoir certaines lois. Harmoniser les Remuneration Orders, fixer les 40 heures de service pour tous les secteurs, éliminer toute forme de discrimination, sont entre autres les demandes formulées. « Bizin rekonet ki travay ki fer dan lakaz se enn travay noble ek li bizin rekonpanse », indique Jane Ragoo, se fondant sur le slogan « Every woman is a working woman ». Elle soutient que les femmes au foyer doivent elles aussi pouvoir contribuer au National Pension Fund (NPF), et propose ainsi que l’époux perçoive une somme d’argent par son employeur pour la contribution de sa femme au NPF.

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