Vitesse et sexe

La saga MedPoint au Privy Council, assorti de la présence (décriée et contestée) du directeur de l’ICAC à Londres; l’accident et l’explosion d’une BMW à Mapou, qui a causé la mort de quatre jeunes dans des conditions atroces, et une opération de dépistage de travailleurs étrangers œuvrant au noir, et leur traitement pour le moins brutal, auront retenu l’attention, essentiellement, cette semaine écoulée. Sans compter ce nouveau cas d’une ado (15 ans) enceinte de plus de quatre mois et qui est décédée en milieu hospitalier…

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À peine la nouvelle année entamée que l’on dénombre déjà, à vendredi après-midi, 10 morts sur nos routes. Dix morts en 18 jours : un bilan lourd, déjà, et qui n’augure rien de positif pour le reste de l’an. Si les autorités policières se targuaient, en fin d’année 2018, devant les caméras de la MBC, que l’année écoulée allait finalement être moins meurtrière que 2017, en revanche, force est de constater que, sur le plan de l’éducation des conducteurs, il y a encore énormément de chemin à faire !

Des policiers qui se trouvaient non loin du lieu de l’accident de Mapou ont attesté que la BMW à bord de laquelle se trouvaient Kushal Boodhoo (25 ans), Adarsh Jeenea (23 ans), Desigen Nulliah (24 ans) et Yusriah Ruhomally (22 ans) roulait à 140 à l’heure peu avant d’aller s’écraser contre un arbre, exploser et prendre feu. On retiendra surtout ceci : bien que les sanctions aient été prises et les lois durcies, pour ce qui est du comportement au volant, c’est une autre histoire ! La vitesse est grisante, confère un sentiment d’euphorie et de liberté que l’on n’éprouve rarement ailleurs : c’est un fait et nombre de conducteurs sont d’accord sur ce point. Mais rouler à vive allure, à tombeau ouvert, risquer la vie d’autrui et mettre en péril la sienne, cela fait réfléchir plus d’un allumé du volant !

Dans quelles circonstances ces quatre jeunes ont trouvé la mort, cette semaine, est une chose. Une enquête déterminera les tenants et aboutissants de l’affaire. Cependant, l’on n’a de cesse de réclamer une campagne nationale, et pourquoi pas, agressive, sur l’éducation et le comportement réfléchi et responsable au volant. On ne le répétera jamais assez : actionner une clé pour une mise en marche, qu’il s’agisse d’une moto, d’une voiture, d’un van ou d’un camion et d’un autobus, implique une responsabilité immense. C’est loin d’être un jeu d’enfant, que l’on soit un conducteur aguerri ou un « Lame Dibwa ». Conduire entend prendre des risques, calculer et anticiper des sorties de routes, des mauvaises décisions et des erreurs; de soi comme des autres. C’est pour cela qu’il importe d’avoir les bons réflexes.

À cet effet, sans une réelle et bonne conscientisation et formation, bon nombre d’entre nous passent à côté de l’essentiel… Rien ne ramènera ces quatre disparus, ainsi que les autres victimes des accidents de la route, à leurs parents, proches et amis. Cependant, l’on peut éviter que d’autres Kushal Boodhoo, Adarsh Jeenea, Desigen Nulliah et Yusriah Ruhomally ne viennent alourdir la facture déjà trop salée !

Si l’on se garde bien évidemment de commenter l’affaire MedPoint et l’épisode qui a débuté cette semaine, avec le passage devant le Conseil privé de la Reine – par respect pour l’institution –, en revanche l’on ne peut passer sous silence la présence de l’homme fort de l’ICAC à Londres. Cette Commission, déjà grandement décrédibilisée dans l’opinion publique, en prend un autre sale coup…
L’an dernier, le sujet épineux des adolescentes ayant des relations sexuelles, est revenu dans l’actualité, et ce de manière triste, parce que l’une d’elles y a laissé sa vie.

Et voilà qu’un nouveau cas est enregistré ; 15 ans, enceinte de plus de 4 mois, et décédée en milieu hospitalier. Le retard que l’on prend à inclure l’éducation sexuelle dans le cursus scolaire, dès le primaire, de plus, est une bombe à retardement sur laquelle est assise notre société. Plus les autorités concernées tâteront le terrain et seront tièdes à l’idée de prendre le taureau par les cornes, plus on fera courir des risques à nos ados d’avoir des relations sexuelles, précoces et non-protégées.

La pédagogue Mariam Gopaul, ancienne représentante de l’Unicef à Maurice, et qui anime toujours des formations, localement et à l’étranger, sur les sujets touchant à l’enfance, ne cesse d’affirmer que nos ados sont très fragiles mais qu’ils sont loin d’être stupides ! Autant jouer cartes sur table !

Husna RAMJANALLY

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