Vivian Gungaram : « Je ne vois aucun athlète mauricien réaliser les minima pour les JO 2020 »

L’année 2019 a été pour l’une des meilleures qu’aura connue l’athlétisme mauricien, avec notamment 31 médailles d’or, dont 13 récoltées par les handisportifs, aux Jeux des Iles de l’océan Indien (JIOI). La page 2019 à présent tournée, Vivian Gungaram, président de la Mauritius Athletics Association (MAA), nous dévoile l’objectif principal pour 2020, qui les championnat d’Afrique à Alger du 24 au 28 juin.

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Vivian Gungaram, revenons d’abord sur les JIOI dans leur globalité. Diriez-vous qu’ils ont été un succès ?
— Un total succès je dirais. Il y a eu l’apport du public mauricien. Cela a créé une alliance les sportifs et le public. Ce dernier a suivi les principaux acteurs dans tous les coins de l’île, créant ainsi un engouement formidable pour cette 10e édition.

Et en athlétisme ?
— On ne peut qu’être satisfait. Nous nous attendions à une douzaine de médailles d’or. Au bout du compte, nous récoltons 18 médailles. C’est, bien sûr, sans compter la performance des handisportifs.

Abordons justement ce volet. À eux seuls, les handisporifs ont récolté 13 médailles d’or, portant le total de l’athlétisme mauricien à 31 médailles. Est-ce une surprise pour vous ?
— Pas du tout ! Ils ont eu une bonne préparation et ils ont travaillé pour les médailles. Mais contrairement aux Jeux de 2015 à La Réunion, où les handisportifs avaient porté l’athlétisme mauricien, ils n’ont pas surclassé les autres athlètes. Grâce aux regroupements, il y a eu une collaboration entre la MAA et les fédérations handisportives. Les résultats ont été au rendez-vous.

Il y a aussi le cas que la majorité des médailles d’or ont été obtenues par des éléments masculins. Comment expliquez-vous cette baisse au niveau des athlètes féminins ?
— L’athlétisme féminin est un problème mondial actuellement, et pas uniquement dans notre discipline. En ce qu’il s’agit du nombre, vous avez dû remarquer que nous avions eu 30 places disponibles mais nous en avons pris que 24 chez les femmes. Selon la politique de la MAA, nous ne pouvons aligner des athlètes juste pour combler le vide. Si les sportifs ont réalisé de bonnes performances, c’est tout à fait normal de les voir en sélection. Par contre, sil ce n’est pas le cas, nous ne pouvons faire autrement car nous avons des décisions et des responsabilités à tenir.

Durant les JIOI, qu’a été pour vous le moment le plus mémorable en athlétisme ?
— Je dirais que c’est le moment où Noemi Alphonse encourage sa concurrente réunionnaise après sa victoire en course en fauteuil. C’est ça, le sport.

Établissons un constat des dix années écoulées. Diriez-vous que le niveau de l’athlétisme mauricien a régressé ?
— Oui et non. En termes de performances, je dirais que c’est le cas car nous avons une nouvelle génération autre génération actuellement. Nos jeunes aujourd’hui font face à des problèmes majeurs comme les études, le transport, l’aspect financier… Ils évoluent selon l’environnement d’aujourd’hui. C’est pour cela que nous ne pouvons établir de comparaisons avec les dernières années. L’athlétisme n’est pas un jeu, car pour moi, le mot « s’entraîner » veut dire souffrir. Mais nous avons quand même de bons éléments pour l’avenir.

Les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo animeront principalement l’année sportive. Avez-vous une idée de l’athlète qui pourra décrocher sa qualification pour l’athlétisme mauricien ?
— Soyons honnêtes. Valeur du jour, je ne vois aucun athlète mauricien réaliser les minima pour les JO 2020. Nous aurons peut-être une chance au niveau de la marche avec Jérôme Caprice au 50 km, cela grâce au ranking system. Mais pour les autres athlètes c’est très compliqué. S’il y en a un qui se démarque et qui arrive à réaliser les minima, ce sera un plus mais je ne vois pas comment ce sera possible.

La première sortie de l’équipe nationale se tiendra le mois prochain en Afrique du Sud lors d’un stage. Comment sélectionner les athlètes étant donné qu’il n’y a pas eu de compétition depuis octobre dernier ?
— Nous travaillons actuellement sur ce sujet mais il faut savoir que notre objectif cette année reste les championnats d’Afrique à Alger, en Algerie du 24 au 28 juin. On va d’abord retenir une quinzaine d’athlètes, tous des médaillés potentiels, qui seront appelés à participer à la plupart des stages.

Comment les préparer pour cet évènement africain ? Car il faut rappeler que lors de Jeux d’Afrique 2019, Maurice avait décroché une seule médaille…
— Il faut savoir que les stages et les compétitions ne suffisent pas pour obtenir le meilleur des athlètes. Du moment que nous faisons notre présélection, nous allons faire une demande au ministère afin d’avoir un budget spécial. Et de là, nous mettrons toutes les facilités à la disposition des athlètes, que ce soit en termes de transport ou de tout autre besoin.

Dans la lignée des compétitions, que pouvons-nous attendre du Meeting International de Maurice en avril prochain ?
— Les choses avancent. Les invitations ont déjà été envoyées. Il y aura un changement contrairement aux autres années. Nous allons inclure cinq épreuves (internationales) handisport dans la compétition. Ce sera une première pour Maurice, et ce sera un plus pour les handisportifs.

En 2019, plusieurs athlètes se sont plaints des bourses du High Level Sport Unit ? Est-ce justifié, selon vous ?
Il y a eu des manquements, en effet. Mais à la suite d’une réunion avec le ministère, tous les litigies concernant l’athlétisme ont été réglés.

Comment se passe le développement de l’athlétisme à Rodrigues ?
— En début de semaine, nous avons ouvert le deuxième centre d’athlétisme à Rodrigues. Ce nouveau centre est mieux équipé que le premier, ce qui est un plus pour les athlètes rodriguais.

En tant que délégué technique de la Confédération Africaine d’Athlétisme (CAA), quels seront vos projets pour cette année ?
— Je travaille actuellement sur le cross du championnat d’Afrique à Togo et sur les championnats d’Afrique. J’ai aussi commencé à travailler sur les Jeux de la Francophonie, qui se tiendront l’année prochaine en République démocratique du Congo.

En décembre dernier, deux athlètes, Jérémie Cotte (19 ans) et Jéremie Lararaudeuse (18 ans) ont bénéficié d’un stage en Côte d’Ivoire. Y aura-t-il d’autres Mauriciens qui seront appelés à effectuer ce genre de déplacement ?
— Jérémie Cotte et Jérémie Lararaudeuse ont participé à un stage organisé par la CONFEJES car nous les préparons pour les JO 2024 à Paris. On va les diriger vers un ou deux stages par an, afin de les mettre dans les meilleures dispositions pour 2024.

À quoi peut-on s’attendre de l’athlétisme en 2020 ?
— Certes, les JO 2020 seront l’évènement à ne pas manquer mais nous n’avons pas d’éléments pour représenter l’athlétisme. Mais nous allons maintenir nos équipes jeune et senior, pour toutes les compétitions, avec comme objectif principal les championnats d’Afrique.

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