Vous, fils spirituel de Guy Rozemont ?

J’ai failli m’étouffer en vous écoutant, Monsieur Ramgoolam, ce dimanche 15 novembre, parlant au nom des morts, au nom de l’un des plus illustres hommes que ce pays ait jamais porté. Si vous pouvez parler au nom de Guy Rozemont, tout le monde le peut et je me suis demandé ce qu’il aurait peut-être aimé vous dire, à vous, ô grand cordonnier du Parti Travailliste, à vous qui chaussez tout le monde, pourtant visiblement mal chaussé vous-même, pour reprendre votre métaphore des « soulye ». Je vous ai écouté, Monsieur Ramgoolam, je vous ai regardé, et oui je vous confirme, la chaussure que vous souhaitez enfiler ne vous sied pas.
« Tro boukou kapon dan sa pei la… bizin vinn divan ». Je suis d’accord avec vous sur ce point et c’est bien pour cela « ki mo pe vinn divan pou dir ou ».
Monsieur Ramgoolam, sachez tout d’abord que je ne veux plus de vous pour mon pays, qu’à chaque fois que je vous vois prendre la parole au nom du Parti, au nom des Mauriciens, avec votre tout nouveau ton compatissant, puisant désespérément dans l’Histoire du Parti pour faire oublier la vôtre, vous présentant comme le digne héritier des Rozemont, Curé, Anquetil… tout mon être aimerait vous dire de vous taire. Je vous adresse ces mots car le Parti Travailliste est mon héritage aussi et vous le souillez.
Lorsque vous évoquez Rozemont le héros, Rozemont le grand syndicaliste, Rozemont le courageux, où vous situez-vous par rapport à tout cela ? J’ai un début de réponse, si vous acceptez de m’entendre : Ramgoolam, qui a piétiné les valeurs du Parti Travailliste, Ramgoolam qui confond courage et arrogance, Ramgoolam et sa version « copinage doré » du syndicalisme, Ramgoolam qui parle de « Equal Opportunities Act », de chances égales dans un pays multiethnique et qui sait pourtant que s’il est toujours le numéro 1 du Parti malgré son curriculum vitae scandaleux, il le doit à trois nuisances qui empêchent aussi l’évolution de la politique mauricienne ; nous appelons à la barre Communautarisme, Castéisme et Amnésie. Un trio infernal !
Je vous accorde néanmoins de grandes qualités de conteur. Même si j’imagine que vous auriez sans doute préféré le terme « orateur »? Rozemont l’était en effet et vous faites bien de le rappeler. Il avait aussi cette sincérité, ce sens de l’engagement, ce charisme qui font battre encore nos coeurs de Mauriciens. Je peux comprendre que vous soyez tentés vous et vos fidèles de vous rouler dans les traces de ce dernier, excusez-moi l’expression, tels des charognards.
Vous avez parlé d’éduquer la relève, qu’elle doit connaître l’Histoire du Parti : « apre la mor la tisann » comme on dit. En effet, il faut connaître l’Histoire pour comprendre les valeurs mais encore faut-il pouvoir les incarner et c’est là que je me permets de douter.
Je vous avoue aussi, que vous me faites souvent penser à un gourou où le Parti en l’état pourrait bien être votre secte. C’est peut-être pour cela que je suis toujours tentée de parler de Ramgoolamisme. Je vous tirerais bien mon chapeau mais je ne le fais pas pour des situations aussi malsaines. Tous ces fidèles qui gobent vos paroles peu crédibles, vous devez bien en rigoler je parie, lorsque vous rentrez chez vous.
Rassurez-moi, lorsque vous évoquiez le Dr Curé injustement accusé de vol de l’argent des travailleurs, vous n’espériez pas du coup que nous allions, par une analogie douteuse, crier au coup monté pour vos affaires en cours ? Vous n’êtes pas Curé. Vous avez tenté des petites manipulations émotionnelles dont vous avez le secret et votre sens de l’humour est intact en tout cas, pour notre plus grand bonheur. Vous, fils spirituel de Rozemont, car il vous aurait, selon vos dires, donné votre première leçon d’orateur… et (moment d’humour) transmis son amour des belles voitures. On va dire que j’extrapole un peu ici, mais vous aussi après tout… Incroyable, mais vrai ! Vous avez osé tenter tout au long de votre discours de créer ce lien entre lui et vous. C’était perdu d’avance !
Monsieur Ramgoolam, si vous aimez ce Parti ainsi que vous le scandez dans vos diverses apparitions, libérez-le ! Le Parti Travailliste a un avenir, mais pas tant que votre ombre planera au-dessus. Vous pouvez vous moquer de moi si vous le souhaitez, du haut de mes 26 ans, n’est-ce pas… Mais l’avenir c’est moi, et j’irai la chercher cette jeunesse intelligente, celle qui n’a pas été biberonnée par vos soins : elle porte en elle les vraies valeurs du Parti Travailliste. Il y a des Rozemont, des Curé, des Anquetil qui ne demandent qu’à se révéler ; le pays les a portés une fois, elle les portera à nouveau. Au moment venu, Monsieur, nous vous arrêterons. Vous en avez assez fait. Nous vous dirons, « NON » ! Et si vous vous fiez à votre aile de jeunes adorateurs, je vous dirais qu’il y a une autre aile en marge qui se forge seule comme Rozemont, il suffit de la rassembler. Celle-là vous dira « NON », Monsieur Ramgoolam. Je m’y engage ! Je donnerai de mon temps et de mon énergie. Je ne vous pardonne pas d’avoir trainé le Parti dans la boue, d’avoir laissé le peuple désemparé et les autres non plus au fond d’eux ne vous ont pas pardonné. Vous leur faites croire que vous êtes l’homme de la situation, qu’il n’y a pas d’alternative. Vraiment ? Vous exploitez leur attachement au Parti, mais vous n’êtes pas le Parti, Monsieur Ramgoolam.
Votre père regrettait les morts prématurées de Rozemont et Seeneevassen. Il disait selon vous, qu’avec eux, jamais il n’y aurait eu 44 % de votes contre l’indépendance. Mais voyez-vous, lorsque vous modifiez une partie de l’Histoire, cela n’affecte pas qu’un aspect de celle-ci. Si ces deux hommes avaient vécu plus longtemps en effet… vous ne seriez peut-être même pas là où vous êtes, Monsieur Ramgoolam.
Vous avez rappelé ce que représente le Parti et de ce fait je vous le demande, incarnez-vous toutes ces valeurs ? Pour ma part, je n’ai que faire des mea culpa et autres larmes de crocodile. Vous aviez des responsabilités, Monsieur, et vous nous avez abandonnés, pour des raisons que vous connaissez mieux que quiconque. Vos agissements passés sont des trahisons envers le peuple. La confiance est rompue et c’est sans retour pour ma part ! Rozemont vous a connu gamin apparemment… je pense qu’il vous aurait bien tiré les oreilles de là où il est.
Partez, Monsieur Ramgoolam ! Je parle en mon nom, mais je sais que de nombreux autres Mauriciens, de fervents Travaillistes, se seraient joints à moi, pour vous le dire : partez ! Vous n’avez aucun respect pour nous, car bien évidemment vous devez nous prendre pour des imbéciles pour vous pavaner de la sorte sur toutes ces estrades, à faire le procès des autres… à reprocher des choses que l’on pourrait vous imputer à vous aussi et même plus. Mais Monsieur, rendez-vous compte du ridicule !
Je finirai ici, je l’avais écrit une fois, et je le réitère aujourd’hui ; Rozemont aurait provoqué « une révolte des anges », pour vous faire prendre la sortie, Monsieur !

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