VOYAGE: Le Mont-St-Michel, 1 000 ans de fascination

Fondé il y a plus de 1 000 ans à la suite des songes qu’eût l’évêque d’Avranches, Saint Aubert, le Mont-Saint-Michel avec son abbaye, haut lieu de pèlerinage depuis cette époque, situé en basse Normandie, en France, continue à fasciner petits et grands. Outre la dimension religieuse, le site, le deuxième plus visité en France selon l’office du tourisme de la ville, attire des visiteurs souvent curieux de comprendre ce mont qui redevient île aux grandes marées.
À environ 150 miles de Paris, après avoir longé pendant longtemps des champs et admiré des vaches dans les vertes pâtures, votre regard est soudain attiré par l’édifice grisâtre d’une abbaye émergeant dans le fond d’un décor semblable à une peinture, sous un ciel couvert malgré l’été. Vous vous rendez tout de suite compte qu’il s’agit du Mont-Saint-Michel. Il se laisse admirer pendant quelques secondes avant de disparaître derrière les arbres. Quelques kilomètres plus loin, un écriteau annonçant la biscuiterie Saint Michel (1950) confirme votre approche des lieux. Vous avez hâte d’y être.
L’extérieur du Mont fourmille de monde, des touristes surtout. Tous se dirigent vers lui mais profitent quand même de la vue dégagée pour se faire prendre en photo devant le monument. Des dizaines de mouettes volent au-dessous du sable cherchant de la nourriture.
Une fois devant le mur d’enceinte, un panneau indiquant l’heure des marées et avisant les automobilistes de déplacer leur véhicule vous donne une première réponse à vos attentes : effectivement, le lieu est réputé pour l’amplitude de la mer de près de treize mètres, notamment les jours de fort coefficient et où elle se retirerait à grande vitesse sur une dizaine de kilomètres. On dit qu’« elle revient à la vitesse d’un cheval au galop ». Aujourd’hui, cependant, c’est seulement aux grandes marées d’équinoxe, soit 53 jours par an, que le Mont-Saint-Michel redevient île. Vous vous attardez quelques secondes devant les travaux en cours dans le cadre du projet de désensablement autour du Mont avant de vous diriger vers la grande porte.
L’enceinte du Mont-Saint-Michel est bondée de monde.
Ville historique, construite sur un îlot rocheux en granite, elle a été confiée au service des Monuments historiques de France depuis 1874 et classée patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979 ; elle perpétue sa tradition millénaire d’accueil. Si elle est émaillée de bâtiments représentatifs de différents styles du Moyen Âge, de musées et boutiques qui font revivre son histoire à travers des reconstitutions et la vente des produits en cuivre, poteries ou faïences ou encore de ses biscuits au beurre salé ou des crêpes et galettes, la principale attraction demeure l’abbaye « qui a un sens magique religieux », comme le dira plus tard un des guides des lieux. Ce sanctuaire a été construit en l’honneur de l’archange Saint Michel.
Vous empruntez la route principale qui mène vers l’abbaye, admirant au passage les escaliers et ruelles menant vers les demeures des riverains. Un quart d’heure d’effort physique car vous ne cessez de monter et vous y êtes. Certains optent pour des visites libres alors que d’autres attendent l’heure pour des visites guidées. Entre-temps, vous admirez la vue de la mer qui s’est retirée et des promeneurs qui s’aventurent sur plusieurs kilomètres à pied ou à cheval.
17 Monts Saint-Michel
Le guide explique le sens magique des lieux de par sa situation : en hauteur, surplombant la baie du Mont-Saint-Michel. Et de noter la tradition religieuse ancienne maintenue par les chrétiens en priant en hauteur. Selon lui, ce qui est intéressant avec le Mont-Saint-Michel : il est difficilement accessible. « C’est difficile de venir à cause du sable qui est dangereux. Si je suis arrivé, c’est formidable ! Ca veut dire que dieu me protège », lance-t-il avec un brin d’humour.
Très vite le guide tente de répondre à la question de savoir si le Mont est Normand ou Breton. « Administrativement, il est normand : d’une part parce que la rivière que vous voyez à son pied le sépare de la Bretagne et d’autre part, à cause de ses origines religieuses ». La première petite chapelle fut construite en 708. Devenue rapidement un lieu de pèlerinage majeur, l’abbaye accueille les bénédictins qui vinrent s’installer au Xe siècle, pendant que se développait le village en contrebas. Le guide précise qu’il n’y a pas un seul Mont-Saint-Michel : « Il y en a partout en Europe et Saint Michel arrive toujours dans des endroits élevés. Celui-ci est le plus connu de tous. » Et d’ajouter qu’entre le site normand et l’Italie, il y a dix-sept Monts Saint-Michel. Bien que célèbre jusqu’au 13e-14e siècle, l’abbaye a aussi servi de prison.
Pour lui, le Mont-Saint-Michel est une histoire de catastrophe : « Le sol n’est pas très bon, il est irrégulier et quasiment toute la construction a été faite dans le vide. L’abbaye n’a pas été faite sur du roc. C’est une construction sur une autre construction sur une autre construction et souvent, cela tombe ». D’où la succession de reconstruction de l’édifice dont la dernière date du 18e siècle. Il souligne que le monument est considéré breton dans la mesure où les pierres ayant servi à sa construction proviennent de la Bretagne et « même de la Grande Bretagne ». Notre interlocuteur observe qu’à chaque fois, le lieu s’est développé pendant des périodes où il n’y avait pas de guerre. C’était le moment propice pour le roi de donner de l’argent.

La visite se poursuit dans les parties principales du bâtiment – réfectoire, les différentes chambres et le scriptorium, sans oublier celle surnommée “La Merveille” où, selon le guide, les moines se rencontraient pour se parler et se détendre. Les lieux entourent un jardin créé sur le monument. Au fur et à mesure que vous avancez, le guide donne des explications sur la complexité et la technicité de sa construction. De même que les différents usages des lieux.
Une fois la visite guidée de l’enceinte de l’abbaye terminée, vous empruntez la porte menant vers les jardins et y descendez jusqu’à rejoindre l’escalier principal par où vous êtes monté plus tôt. Vous vous dirigez ensuite vers les remparts et vous vous imprégnez de l’atmosphère des lieux alors que vous regagnez la sortie. En route, petite escale à la chapelle, l’occasion d’admirer Saint Michel tuant le dragon et d’écouter un chant liturgique. Une halte dans une des boutiques souvenirs, ne serait-ce que pour ramener quelques galettes ou sablées bretonnes est la bienvenue !
Les lieux étant réputés pour l’alternance entre éclaircies et ciel couvert et pluvieux, vous pouvez être surpris par la pluie en pleine visite de la ville. Il est donc conseillé de prendre ses précautions. D’ailleurs, même en été, nombreux sont-ils, européens et étrangers, à se vêtir chaudement.
Vous quittez le Mont St-Michel. En quelques minutes, l’édifice est recouvert d’un voile de brume.
—————————————————————————————————————————————

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -