WORLD MUSIC : Robin, des cultures métissées

Chaleureux de la voix, Robin, auteur-compositeur-interprète réunionnais, connu comme le porte-parole du métissage musical, a fait un passage à Maurice, le temps de se produire au Kezi Bar, à Flic-en-Flac et de découvrir des musiciens mauriciens. Rencontre avec cet artiste qui nous présente ses deux derniers disques. Son album Vivr`ici est un vibrant hommage à son île contenu dans le titre « Réunion ». Avec son dernier album en date, Polychrome, il a installé un style subtil qui a fait couler une énergie sereine dans ses ballades et autres chansons — mélange de Maloya, de folk, de musique pop, un véritable travail de fusion sur la World Music. Robin a su réarranger de façon contemporaine des thèmes comme « Un monde meilleur », « Love », « TrankÎle » et bouleverser le maloya par ses recherches acoustiques. C’est là toute la richesse du disque. Il faut savoir que cet artiste a produit ses albums avant de se mettre à composer. Il a travaillé pendant son séjour parisien avec plusieurs formations, et joué notamment avec Zedess, vedette du reggae Burkinabé, en tant que batteur, percussionniste et choriste. S’il reste proche de la saveur originelle de son île, Robin sait aussi livrer un chant altruiste et apaisant qui renforce l’attrait de Polychrome. Des titres comme « Zordi », « TrankÎle » sont autant de preuves que Robin ne se replie pas dans l’oubli face à un espace physique et culturel menacé, mais offre un chant enraciné, joue des frontières et des styles bien que l’on soit tenté de reconnaître en lui une nouvelle invention linguistique : une langue, dit-il, qui est un brassage ethnique des îles de la région, un intermédiaire qui explique ou raconte la chanson (Owe Wayo). Il y a une maturité certaine qui vient de l’expérience éprouvée par le musicien. Son récent disque rappelle quelques maux de la terre et des hommes. Outre les paroles, il y a une déclinaison de combinaisons rythmiques ouvertes, inclassable : quelque part entre le maloya métissé ou évolutif, la pop, la folk. Robin aime dire que : « La musique réunionnaise, ce n’est pas seulement le maloya. Elle ne doit pas s’arrêter à un style… » Voilà une manière d’emmener la tradition réunionnaise dans une nouvelle direction. Robin parvient à mener de front une introspection sur une tradition musicale ancrée dans le vécu (la protection de l’environnement, l’éducation des enfants) et la construction d’une histoire individuelle. Il fait partie de la nouvelle génération de la musique métissée : une musique émouvante, une voix habitée, des textes poétiques loin de toute illusion. Le chant est sage, sans cris, mais empreint d’amour, de respect et de paix. Le texte (écrit en créole réunionnais, mais aussi en français et dans son «langage rêvé», est parfois pessimiste mais son propos chante le bonheur, celui de vivre pour tenter de changer les choses (Les Rythmes de l`espérance, Zordi). Robin appréhende la réalité sur le mode de la fable, réconcilie l’avenir et la nostalgie. Dans Vivr`ici, un disque-culte, une référence culturelle, il y a la volonté de revigorer la culture de son pays. La démarche est radicale et le contenu intense (Réunion). Il y a aussi la défense du patrimoine avec un bel hommage à Gramoun Lélé, figure emblématique de la musique réunionnaise. Chanteur de musique moderne, Robin fait la part belle aux instruments, guitare, accordéon, percussions… Amoureux de son pays natal, il déploie aussi une activité tous azimuts. Bientôt, un projet musical à Maurice. La musique de Robin est un voyage et nous invite à voyager. Vivr`ici et Polychrome sont l’oeuvre d’un auteur qui noue des correspondances entre l’imaginaire africain et les rythmes modernes.

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