XAVIEL-LUC DUVAL : « Je n’ai pas le droit de rester silencieux »

Le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, a, dans un discours majeur prononcé devant une forte assistance composée de délégués et sympathisants bleus – réunie à Ébène hier –, renouvelé sa position par rapport à la réforme électorale et constitutionnelle, qui domine actuellement l’actualité. « En tant que leader du PMSD et leader d’un parti qui a bâti la Constitution de Maurice, je n’ai pas le droit de rester silencieux », a-t-il lancé. Il a insisté sur le fait que « personne ne peut mettre en doute la contribution du PMSD dans le développement du pays ». Tout en observant que « Navin Ramgoolam est avec nous », il a insisté sur le fait qu’une alliance avec le Ptr doit être basée sur « le respect mutuel, un programme commun et un idéal commun ». Le leader du PMSD est d’accord pour l’abolition du système de “best loser” qui, pour lui, est un « système anti raciste » – à condition toutefois que le seuil d’éligibilité ne soit pas de plus de 5%. « Le seuil d’éligibilité de 10% est un pas en arrière pour la démocratie », a-t-il estimé. La réunion du PMSD était marquée par l’absence de son porte-parole, Jacques Panglose, qui a démissionné du PMSD. Il a été remplacé par Aurore Perrault.
Le leader du PMSD a consacré la première partie de son intervention sur la participation du PMSD dans le développement du pays. Pour lui, le PMSD est un parti national. « Toute l’île Maurice est représentée à ce congrès aujourd’hui. Toutes les cultures présentes à Maurice se retrouvent dans le PMSD et ce pays réussira lorsque toutes les communautés apporteront leur contribution, leur intelligence et leurs forces », a-t-il soutenu. Pour lui, c’est le pays tout entier qui « a amené le pays là où il se trouve, et pas une ou deux communautés ». Et d’insister sur le caractère « social-démocrate » de son parti. « Nous ne sommes pas des socialistes, nous ne sommes pas des communistes, nous ne sommes pas un parti de droite à la Le Pen non plus. Nous sommes au centre de la politique. Nous pensons qu’on ne peut pas créer de richesse sans le capital. Nous ne sommes pas stupides non plus pour croire qu’on peut créer de la prospérité sans le secteur privé. Nous croyons en cela depuis l’indépendance. Il y a le secteur public, mais il y a aussi le secteur privé », a-t-il dit. Et de rappeler l’importance des valeurs sociales pour le PMSD. « Nous avons parlé des cités ouvrières, des travailleurs de la zone franche… Nous avons introduit la Cost of living Allowance (COLA) et le 13e mois. La contribution du PMSD est indéniable », a-t-il dit. Et de rappeler que, grâce à Rama Valayden, un ministre du PMSD, 25 000 familles sont devenues propriétaires de leur maison, avant de revenir sur la contribution de sir Gaëtan Duval  dans le développement touristique et la zone franche. «
Qui a amené Brigitte Bardot à Maurice ? Qui a invité Sol Kezner à venir à Maurice construire les plus beaux hôtels du monde. En 1983, lorsque le pays était à genoux, Gaëtan Duval a pris sa valise et a fait le tour du monde pour encourager les investisseurs à venir à Maurice pour pouvoir créer de l’emploi et permettre à chacun de manger à sa faim. La zone franche s’est développée et a employé 90 000 personnes », a-t-il dit. Xavier-Luc Duval a aussi fait mention du droit à la double nationalité, introduit en 1995, et de la suspension de la peine de mort qui, dit-il, « sont les oeuvres du PMSD ». De plus, a-t-il dit, « c’est grâce au PMSD que les subventions sur le riz et la farine, qui s’élèvent aujourd’hui à Rs 1 milliard, ont été maintenues ». Et d’observer que la loi a été amenée « pour que personne ne soit emprisonné pour ne pas avoir payé ses dettes ». C’est pourquoi, poursuit-il, « avec tout le respect pour nos partenaires, “Resulltat lor Resultat” a été notre slogan depuis 9 ans », a-t-il dit. « Personne ne peut mettre en doute la contribution, le patriotisme, l’intégrité et l’honnêteté de nos grands tribuns depuis Jules Koenig, Gaëtan Duval et les autres. Personne ne peut mettre notre contribution en doute », a-t-il dit pour conclure ce chapitre.
Abordant les débats sur la réforme électorale et constitutionnelle, le leader du PMSD a dit observer qu’il aurait pu « rester tranquille ». Il explique : « J’ai un poste de vice-Premier ministre. J’ai une voiture qui m’attend, je pars en voyage mardi… Cependant, je n’ai pas le droit, en tant que leader du PMSD et leader d’un parti qui a bâti la Constitution de Maurice, de rester silencieux. » Il est de son devoir, selon lui, d’avoir « un langage de vérité » et de dire « kot li bon, kot li pas bon, et kot bisin faire attention », ajoutant : « Il ne faut faire aucun pas en arrière. »
Pour lui, le “best loser system” a « bien servi ce pays » afin d’assurer que le Parlement soit représentatif de toutes les diversités culturelles et politiques. « Grâce à ce système, lorsqu’il y a eu 60-0, on a pu avoir une opposition parlementaire » dans le pays. « Le BLS n’est pas une mesure raciste. C’est une protection contre le racisme », a-t-il considéré. « Malgré tout, nous sommes disposés de voter pour son changement, à condition qu’il y ait un meilleur système », a-t-il poursuivi, estimant que « ceux qui ont participé à la rédaction de la Constitution n’étaient pas des imbéciles ». Et de continuer : « Les Ramgoolam, Bissoondoyal, Duval et Koenig ne savaient-ils pas ce dont le pays avait besoin ? Ne savaient-ils pas que nous sommes tous des minorités dans ce pays, que nous sommes tous venus d’ailleurs, que le pays n’est pas plus pour un ou pour l’autre ? Qu’il n’y a pas de grande et de petite communauté et que toutes les communautés ont le droit de vivre dans la paix, la sérénité et l’harmonie, et de participer à sa prospérité ? »
Xavier-Luc Duval a insisté sur le fait que, dans la majorité des pays du monde, il y a « des recensements, soit sur la base des communautés, soit des religions ». Il explique : « Depuis 1972, il y a un recensement sur la base des religions à Maurice. Nous demandons à l,2 millions de personnes à quelle religion ils appartiennent et ils répondent gentiment. Seules 1 200 personnes ont refusé de répondre », a-t-il observé. Tous les pays font ce genre d’exercice, a-t-il précisé, « pour que leur politique marche convenablement, pour savoir si tout le monde s’intègre bien dans la population, pour savoir si tout le monde profite du secteur public et dans le secteur privé ».  
Xavier-Luc Duval dit que le PMSD est d’accord pour abolir le système “best losers”, mais à deux conditions : « Nous sommes contre le seuil de 10%, qui est un pas en arrière pour la démocratie. Il tuera la diversité culturelle et la diversité au Parlement », a-t-il  poursuivi. « Je dis fermement que j’ai envie de protéger la diversité culturelle et politique au Parlement. C’est pourquoi nous sommes en faveur d’un maximum de 5% pour avoir droit aux proportionnelles. » Il reprend : « Il ne faut pas que seuls deux dirigeants discutent de la réforme. »
Il préconise également que tous les partis soumettent leur liste de proportionnelle. « Le PMSD soumettra sa liste. Le Ptr, le MMM et le MSM doivent aussi le faire, qu’ils soient en alliance ou non », a-t-il estimé. Xavier-Luc Duval a également préconisé une réforme institutionnelle majeure dans le pays afin de s’assurer qu’il y ait « de la compétence à la tête de ces institutions ». Il propose de fait la création d’une institution qui effectuera le “vetting” de chaque personne nommée pour démontrer si elle a la compétence nécessaire pour occuper ses fonctions.
Concernant ses relations avec Navin Ramgoolam et le Ptr, Xavier-Luc Duval affirme : « Je connais la pensée de Navin Ramgoolam et du Ptr. Zotte lecoeur avec nous. » Plus loin, il dit « oui à l’alliance avec le PTr ». Mais attention, prévient-il : « Une alliance basée sur le respect mutuel, sur un programme commun, une vision commune, un idéal commun et sur un projet ambitieux pour les Mauriciens. »
Xavier-Luc Duval a rappelé que le PMSD a été l’allié du Ptr pendant 15 ans, que ce soit dans l’opposition ou au gouvernement. En  2011, dit-il, lorsque le MSM a quitté le gouvernement, il avait choisi de soutenir le Ptr, son allié, « mem si nou perdi nou majorite au Parlement ».
Il a terminé en demandant à l’assistance de « ne pas avoir peur », affirmant que le PMSD reste « déterminé dans son objectif d’être le digne successeur  de Jules Koenig et de Gaëtan Duval ».

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