ZAHEER ALLAM : Ardent défenseur de l’écosystème et de l’environnement

Zaheer Allam a été choisi parmi les JCI Ten Outstanding Young Persons of the World (TOYP) 2014 et, mardi, au sommet des Petits États insulaires en développement (PEID) aux îles Samoa, le jeune Mauricien a ardemment fait entendre ses idées en faveur de la protection de l’écosystème et de l’environnement. Il y livrait son discours en tant que UN Keynote Speaker sur l’énergie durable. À 27 ans, Zaheer Allam a décidé de faire de l’amélioration et de la protection de l’écosystème de son pays son cheval de bataille. En tant que l’un des trois cofondateurs de la Plateforme citoyenne, il se bat contre la création de centrales à charbon à Maurice. Portrait.
Détenteur d’un Bachelor of Applied Science in Architectural Science de la Curtin University et de deux maîtrises en Green Building et en Project Management du San Francisco Institute of Architecture, Zaheer Allam travaille actuellement à l’Australian Urban Design Research Centre, à Perth. Outre ses activités professionnelles, l’ancien élève du collège Saint-Mary est aussi engagé au niveau de plusieurs Ong, dont la Plateforme citoyenne. C’est un des éléments qui lui a valu d’être choisi par la Jeune Chambre internationale parmi les dix jeunes les plus remarquables sur le plan international pour l’année 2014 dans la catégorie “moral/environmental leadership”. En effet, la JCI honore chaque année dix personnes de moins de 40 ans prodiguant des services remarquables à la communauté et créant un impact positif au niveau local et international, que ce soit à travers leur innovation, leurs pensées ou leur détermination. C’est ainsi qu’en novembre prochain, avec les neuf autres JCI TOYP, Zaheer sera honoré au cours du JCI World Congress, en Allemagne.
On se souviendra que Dean Runghen, jeune travailleur social, avait été classé premier à l’issue du concours JCI TOYP et Zaheer Allam, second. Comment expliquer que c’est ce dernier qui est nommé au niveau international ? « C’est vrai », reconnaît humblement notre interlocuteur. « Le jury à Maurice a nommé Dean Runghen comme étant le grand gagnant tandis que moi, j’ai été second. Dean Runghen le mérite vraiment et j’admire le travail qu’il fait. Moi aussi, je me suis posé la même question. D’après ce que j’ai compris, la JCI existe dans plus de 115 pays et chaque pays envoie les noms des trois premiers candidats. Par la suite, le JCI World Congress procède à une sélection de 20 candidats. Après quoi, cette liste est soumise à un vote public pour une liste finale de dix personnes. Et je m’y suis retrouvé. »
En quoi cette reconnaissance pourrait-elle “booster” ses luttes écologiques ? Pour Zaheer Allam, le principal aspect positif serait que « cela crée un réseau de personnes travaillant dans divers pays et partageant des idéaux comparables », précisant que cela aiderait « à former des partenariats et à militer à un autre niveau ».
Choisi par les Nations Unies
Mais avant de s’envoler pour l’Allemagne, le jeune écologiste a été, depuis la semaine écoulée, aux îles Samoa avec les deux autres fondateurs de la Plateforme citoyenne, à savoir Fabiani Balisson et Yannick Cornet. « C’est une opportunité extraordinaire de pouvoir partager nos idées sur une plus large échelle. Suite à l’envoi de ma candidature cette année, les Nations Unies m’ont choisi parmi les membres du Steering Committee de la conférence des PEID pour représenter les AIMS (l’Atlantique, l’océan Indien, la Méditerranée et la mer de Chine du Sud). Je fais aussi partie du comité de rédaction. Cela a été une aventure incroyable et j’ai fait de mon mieux pour que résonnent mes idées en matière d’énergie renouvelable et d’urbanisme durable », poursuit notre interlocuteur.
Fort des divers diplômes qu’il détient et de deux qualifications professionnelles du LEED Green Associate et du PMP, Zaheer Allam estime néanmoins que son vrai apprentissage dans le domaine a commencé quand il s’est initié aux travaux de Nikos Salingaros, « classé 11e meilleur urban thinker de tous les temps et figurant parmi les 50 visionnaires ayant changé notre monde ». Il développe : « Je ne l’ai jamais rencontré, mais nous interagissons via Skype et par e-mail. C’est mon mentor. Il cisèle et oriente mes idées dans les bonnes directions. Il a accepté d’aider notre pays à travers des interviews et opinions sur l’urbanisme et l’énergie renouvelable, qu’il partage dans la presse. »
L’intérêt de Zaheer Allam pour la protection de l’environnement résulte d’une profonde connexion avec la nature que le jeune écologiste dit avoir toujours ressentie. Et les idées de son mentor, couplées à son engagement au sein de la Plateforme citoyenne, devaient le décider à poursuivre dans cette voie. « Comme le secteur de l’énergie est l’une des industries les plus polluées dans le monde, il est plus que nécessaire de s’y focaliser si nous voulons viser la durabilité. Le Dr Khalil Elahee, de l’Université de Maurice, m’apporte aussi son soutien en façonnant et révisant mes idées dans ce domaine.  »
Autour d’une tasse de thé
Le cofondateur de la Plateforme citoyenne se souvient encore de la naissance de l’Ong. « Tout a commencé autour d’une tasse de thé avec des amis lorsque j’ai eu vent de la création d’une centrale à charbon dans le pays. Je suis vite rentré chez moi où j’ai commencé à lancer une pétition sur Internet. Le lendemain, j’ai vu que Fabiani Balisson, que je ne connaissais alors pas, avait créé un réseau Facebook pour protester contre un tel projet. Nous n’avons pas attendu longtemps avant de nous rencontrer et de mettre en place des stratégies. Par la suite, durant notre campagne, nous avons embarqué avec nous Yannick Cornet, qui partage nos idéaux en faveur d’un avenir durable. » Pour le jeune TOYP 2014,  le combat au sein de la Plateforme citoyenne demeure l’un « des projets les plus passionnants dans lesquels je me suis impliqué ». La Plateforme citoyenne regroupe plusieurs Ong et autres associations militant pour le développement durable, dit-il, avant d’ajouter : « Nous comptons aujourd’hui un réseau de quelques milliers de personnes. » Le cofondateur de la plateforme indique que la lutte se poursuit à travers des campagnes de sensibilisation et trois procès logés en Cour suprême. « Mais, pour moi, le sommet aux Îles Samoa constitue le paroxysme de la campagne écologique que nous menons. À l’échelle internationale, nous faisons partie des rares Ong luttant pour l’énergie renouvelable. Et en siégeant sur le “steering committee” de la conférence des PEID, nous nous sommes retrouvés dans une bonne position pour que les documents soient présentés aux 88 chefs d’État de la région. Pour leur dire que nous devons réfléchir à l’avenir que nous voulons pour nos enfants. »
Même s’il travaille à Perth, Zaheer a toujours un regard sur le fonctionnement de la Plateforme citoyenne, à qui il apporte son soutien en ce qui concerne les stratégies à adopter pour les campagnes et à d’autres niveaux. Zaheer Allam a publié une vingtaine d’articles dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme. « L’un d’eux a été sélectionné parmi les vingt meilleurs écrits de 2013 et influence les débats actuellement dans le sud de l’Inde. Mes travaux sont aussi en train d’influencer une conférence internationale sur la “design pedagogy” et sur l’homogenization of the Indian built environment. J’ai aussi été publié dans l’International Society of Biourbanism. L’un de mes travaux a par ailleurs été choisi pour une exposition par l’Australian Institute of Architects à l’Australian National Architecture Conference à Perth cette année. J’espère à l’avenir pouvoir enseigner à l’université et faire des recherches. »
En dehors de ses activités professionnelles et de ses engagements écologiques, Zaheer Allam est aussi un artiste, plus précisément dans le domaine de la photographie, où il a déjà été primé. Il est d’ailleurs l’un des administrateurs du PAPM (Photographes amateurs et pros mauriciens), un groupe constitué de photographes mauriciens sur Facebook. Des réseaux qui sont autant de forces pour bâtir un avenir durable et meilleur.

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