20 ans après – La veuve de Kaya : « Que l’État assume ses responsabilités »

— Véronique Topize : « L’âme de Kaya ne sera pas en paix tant que l’on ne saura pas les circonstances exactes de sa mort »

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Ce jeudi 21 février marquera les 20 ans de la mort de Kaya. Une décision a été prise par le Conseil des ministres pour qu’un calendrier d’activités soit établi et des activités organisées, sur le plan national, pour marquer la mémoire de cet artiste, décédé alors qu’il se trouvait en détention dans une cellule d’Alcatraz, aux Casernes Centrales. Sa veuve, Véronique Topize, et ses deux enfants, Azariah (28 ans) et Lumia (25 ans), n’ont cependant « toujours pas fait le deuil » de Kaya. « Et ce sera le cas tant que l’État n’instituera pas une Commission d’enquête pour faire la lumière sur les circonstances du décès de Kaya. »

Véronique Topize et les deux enfants de Kaya, leur fils Azariah et leur fille Lumia, ne feront partie « d’aucune des activités, concerts ou hommages en hommage » à Kaya. « Nous nous dissocions de tout cela. » La veuve du père du seggae « laisse à chacun sa conscience », poursuivant : « Je n’interdis à personne de faire quoi que ce soit : Kaya appartient à tout le monde. C’était un homme du peuple, un être humain qui savait vivre bien avec tout le monde. » Elle nuance cependant ses propos : « C’était mon mari, le père de nos enfants. Comment peut-on s’attendre à ce que je fasse partie des activités et célébrations marquant les 20 ans de la disparition de mon mari alors que nous, la famille, ne savons toujours pas dans quelles circonstances exactes il a trouvé la mort ? »

Notre interlocutrice soutient que « si un gouvernement veut vraiment honorer la mémoire de Kaya, qu’il fasse éclater la vérité, que l’on institue une Commission d’enquête pour établir comment il a trouvé la mort alors qu’il se trouvait en détention à ce moment-là ». Car Véronique Topize n’en démord pas, elle n’adhère à aucune théorie : « On a évoqué toutes sortes de théories à sa mort : crise d’épilepsie, symptômes de manque… et je ne sais quoi encore. Encore et toujours, des zones d’ombre subsistent. Je demande donc que l’on nous fasse justice, à moi et à ses deux enfants. Car nous ne pouvons faire notre deuil tant que l’on ne saura pas comment il est mort. So lam an soufrans… Li pe reklam lazistis ! » Pour la veuve de Joseph Reginald Topize, « l’État nous doit cette explication ».
Celle qui a connu le désespoir en apprenant la mort de son mari et qui a frôlé la mort, peu après, relate que ses deux enfants sont traumatisés. « Lumia s’est murée dans un monde de silence : elle ne parle jamais de son père et de sa disparition. » Quant à leur aîné, Azariah, « il me demande régulièrement quand son père obtiendra justice et quand l’on nous dira comment il a trouvé la mort ».

Pour Véronique Topize, « nos vies se sont arrêtées » ce 21 février 1999. « Nous avons continué à exister, mais sans vivre. Tant que l’âme de Kaya ne trouvera pas la paix, et cela passe par savoir ce qui s’est passé pour qu’il meure, nous ne pouvons prendre un nouveau départ. » Notre interlocutrice s’interroge : « Je ne comprends pas pourquoi faire la lumière au sujet de sa mort n’est pas un souci primordial ! Il s’agit d’un citoyen de ce pays qui a trouvé la mort alors qu’il était en détention policière. Après les émeutes et tout ce qui a suivi, c’est comme si on avait enterré Kaya et le secret de son décès. » Mais, renchérit-elle, « tant que je vivrais, je n’arrêterais jamais de me battre pour que la vérité éclate, car je dois cela à mes enfants et à Kaya ».

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