À l’heure du bilan : IBL essuie de pertes de Rs 1,4 milliard avec un chiffre d’affaires sous 1 milliard d’euros

-Chute de 76% des bénéfices opérationnels du pôle “Hospitality & Services” du premier groupe des affaires à Maurice -Arnaud Lagesse, le CEO : « Sans une réouverture dynamique à partir de mi-janvier, je crains le pire »

Le premier groupe du secteur privé n’a pas été épargné par la crise. Malgré ses opérations diversifiées et ses assises financières solides, IBL a faibli avec la crise. Il essuie des pertes – et ce pour la première fois – au terme de l’exercice financier clos le 30 juin 2020, de Rs 1,4 milliard (Md) précisément. L’année précédente, il avait engrangé des profits de Rs 1,3 Md. Son chiffre d’affaires subit les contrecoups de la crise, passant de Rs 39 Md à Rs 36,8 Md. Et pour le premier trimestre de sa nouvelle année financière se terminant au 30 septembre 2020, le groupe affiche des pertes de Rs 52 millions.

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La COVID-19 a provoqué une dégradation des résultats bien que le groupe soit très diversifié. Plusieurs compagnies du groupe ont été en première ligne dès le début de la pandémie présente dont MedActiv, BrandActiv, Logidis, Blychem, Winner’s, HealthActiv et ServEquip, AfrAsia, IBL Seafood, entre autres. Dans le secteur touristique, Lux Island Resorts était en passe d’enregistrer d’excellents résultats, mais tout a basculé à partir de mars. Le chiffre d’affaires du pôle “Hospitality & Services” a reculé de 23% sur l’année financière tandis que les profits opérationnels ont chuté de 76%.
Pour le trimestre clos le 30 septembre, le pôle enregistre des pertes de Rs 371,1 millions. « Nous sentons des signes de reprise mais cela reste extrêmement timide. Les frontières ne sont pas encore ouvertes et on se base uniquement sur la clientèle mauricienne qui vient uniquement pendant le week-end. Nous continuons à développer notre “brand awareness”. Nos hôtels en Chine réalisent de bonnes performances et aident à faire grandir la marque Lux mondialement », explique Arnaud Lagesse, CEO d’IBL. Trois établissements sont opérationnels en Chine et un autre ouvrira ses portes d’ici la fin de l’année. Trois autres sites ouvriront courant 2021, signe de l’importance que prend l’Asie dans les opérations du pôle hôtelier d’IBL.
Par ailleurs, la réouverture du Lux Grand-Baie (ex-Merville) est prévue pour octobre 2021. Lux Le Morne a été rénové avec l’aide des employés et son ouverture est prévue fin 2020 ou début 2021. « Lux Le Morne sera en compétition directe avec le Saint Géran et le Royal Palm », affirme Arnaud Lagesse. L’ouverture d’un “business hotel” de 225 chambres sous la marque Socio est prévue mi-2022 à Trianon, au sein de la Smart City Tribeca Central, développée par Hermes Properties Ltd.
Dans les marchés où Lux est présent, la Chine et La Réunion notamment, la réouverture des frontières a eu lieu en février et en juin respectivement. Aux Maldives, le North Male Atoll est resté ouvert tandis que le South Ari Atoll a rouvert ses portes en août. À Maurice, le Salt Palmar a été le premier à rouvrir ses portes le 15 juin.
Commentant la réouverture des frontières, le CEO du groupe dit être en attente de signaux positifs du gouvernement sur la troisième phase de réouverture d’ici le 15 janvier. Il espère que la réouverture se fera durant le premier trimestre 2021. « Sans une réouverture dynamique à partir de mi-janvier, je crains le pire », soutient-il. Arnaud Lagesse salue au passage la gestion de la crise par le gouvernement pour la période de mars à juin, qui a été « extrêmement bien gérée et qui a grandement aidé dans le positionnement de Maurice et la santé de la population » et il apprécie que le protocole ait été assoupli avec des vols réguliers d’Air Mauritius sur l’Europe. Ce protocole devrait être davantage assoupli, selon lui, afin de permettre de « relancer la destination Maurice », pas simplement pour le secteur touristique mais parce que « Maurice en tant qu’île ne peut pas vivre totalement fermée, en tout cas plus pour très longtemps ». Car, pour lui, les réserves de la Banque centrale vont commencer à s’épuiser et sans une réouverture contrôlée à partir de mi-janvier, le pays sera en grande détresse.
Il ajoute que Maurice doit s’inspirer de ce que d’autres pays font, citant l’exemple des Seychelles : « Ils ont décidé – tout en protégeant la santé de leur population – de privilégier l’économie parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Pour Maurice, l’enjeu est de pouvoir maintenir le pouvoir d’achat de nos compatriotes et une certaine activité et de préserver l’emploi. »
Christine Marot, Group Head of Technology and Sustainability, a parlé du pôle “Life & Technologies” qui servira d’accélérateur pour les activités du groupe dans son ensemble. Ce pôle regroupe des compagnies comme CIDP, QuantiLab, NovaLab, Act et le projet HealthScape. Durant l’année écoulée, ces compagnies ont réalisé 35 projets de recherche, 8 500 études cliniques. Elles comptent 500 clients répartis dans 35 pays. Quand au projet HealthScape, l’ambition est de créer un “health village” qui reposera sur des partenariats clés et des « praticiens passionnés » pour donner un accompagnement à des individus. « Ce sera un “well-being destination” qui répondra aux besoins de bien-être et de santé des individus », explique Christine Marot. Le site de HealthScape à Forbach est développé par Bloomage, IBL Life et Blue Life. Il est entouré d’espaces verts. À terme, il offrira toute une gamme de services médicaux et paramédicaux intégrés, incluant une clinique, un centre de bien-être et de réhabilitation, une maison de repos, un centre sportif et une zone culturelle.
Patrice Robert, Head of Operations, a analysé la performance du pôle “Building & Engineering”. « Les coûts fixes sont énormes pour ces entreprises. Que ce soit Manser Saxon, UBP ou le Chantier naval de l’océan Indien, quand tout s’arrête, ce sont des pertes massives et cela a eu un gros impact sur nos profits à fin juin 2020, mais la bonne nouvelle est que sur le premier trimestre clos le 30 septembre, ce cluster est repassé en territoire positif. » Il affichait des bénéfices opérationnels de Rs 227,4 millions au premier trimestre de l’année financière en cours, en hausse par rapport à la même période en 2019 (Rs 175,6 millions).
Quant au cluster “Commercial & Distribution”, il a été très actif pendant la crise. Il regroupe des compagnies comme Winners, Phoenix Bev, Scomat et Blychem. Il a enregistré une forte baisse de profits l’année au 30 juin, mais a remonté la pente durant le trimestre se terminant au 30 septembre, avec des profits de Rs 244,1 millions (contre Rs 182,6 millions en 2019). « PBL a souffert de la COVID. Quant à Winner’s, elle a assaini son “balance sheet” afin de redémarrer sur des bases plus saines. Durant le trimestre au 30 septembre, ses résultats se sont améliorés grâce à une hausse des activités. »

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Nouvelle stratégie pour Winner’s

Winner’s repart sur de nouvelles bases. Il y a eu des changements au niveau de l’équipe et l’enseigne a présenté une nouvelle stratégie en avril avec l’objectif d’être plus “relevant” commercialement, explique Aldo Létimier, COO de Winner’s. Cette année, on a pris la marque Leader Price et on a commencé avec 700 produits. Nous avons démarré en juillet/août. Les produits sont bons et les prix aussi », explique-t-il. Par ailleurs, il a suggéré de visiter le Winner’s de Rivière du Rempart : « Nous avons revu son concept. C’est désormais une nouvelle expérience de Winner’s. » Interrogé par un analyste financier, Aldo Létimier a indiqué que des changements d’appellation pourraient être apportés à la marque, sans donner plus de détail : « Est-ce que tous les emplacements doivent être appelés Winner’s ou par une autre dénomination ? Peut-être y aura-t-il des Winner’s orange et des Winner’s bleu », a-t-il lancé, sans donner plus de précisions à ce stade.

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Rs 3 milliards d’obligations

IBL travaille sur une émission obligataire, sachant qu’il y a deux ans il avait lancé un programme de Rs 10 milliards. « Il nous reste Rs 3 milliards à émettre sur ce programme, si le besoin se fait sentir, mais nous le ferons uniquement en fonction de nos projets de développement. Si besoin, le “board” prendra la décision d’émettre des bons additionnels, mais sans investissement prévu, nous n’allons pas recourir à des dettes supplémentaires », a expliqué le CEO d’IBL. Par ailleurs, le groupe soutient activement ses filiales, dont Manser Saxon et Winner’s qui ont été recapitalisées pour un montant total de Rs 1,7 milliard.

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