Abécédaire : Tout allait bien… et vint vingt vingt (2020)

Nous allons dans quelques jours clore cette année, car oui, il faut bien “pousser tous les diables” de 2020 pour accueillir la nouvelle année, qui s’annonce meilleure, avec notamment l’avènement d’un vaccin conte le coronavirus. Du moins, on garde les doigts croisés. Cette année, nous l’avons tous vécue différemment, dans l’angoisse pour beaucoup à cause de la Covid, dans la tristesse pour ceux qui ont perdu un être cher ici ou ailleurs, dans la colère pour beaucoup qui ont souffert et qui souffrent encore de la crise Covid et de la crise Wakashio, mais aussi dans la joie et le soulagement, car nous pouvons enfin la fêter cette fin d’année ! Week-End vous propose au travers de cet abécédaire une liste des événements qui auront marqué 2020. Une liste aléatoire et subjective qui, sans prétention aucune, fige “2020” dans le papier et dans l’histoire…

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A comme Angus. Non, pas la viande, mais le scandale. L’acquisition de terres à Vacoas, plus précisément à Angus Road, impliquant le Premier ministre, aura marqué bien des esprits cette année. Si cette affaire ne date pas d’hier, ce sont les récentes et fracassantes révélations du Leader du Reform Party, Roshi Bhadain, qui auront mis le feu aux poudres. Ainsi, pendant plusieurs semaines, les Mauriciens auront eu droit à un nouvel épisode dans l’affaire, où il y aurait angus… anguille sous roche. A aussi comme Ayaan Ramdoo, mort des mains de son beau-père. Le 13 novembre, l’île Maurice entière s’émeut face au récit de ce crime atroce, impliquant un enfant de 2 ans, un beau-père violent et une mère complice. Un énième cas qui nous rappelle que les enfants sont en fin de compte les seules et réelles victimes…

B comme Biden. Le duo Biden-Harris a été élu personnalités de l’année par le journal anglais Time. Le duo démocrate marque ainsi l’histoire des États-Unis, en remportant des élections, et des États jadis républicains, dans un contexte difficile, notamment sur fond des manifestations Black Lives Matter (BLM). En plus de la victoire de Joe Biden, les États-Unis élisent pour la première fois de l’histoire une femme vice-présidente, Kamala Harris, née d’une mère indienne et d’un père jamaïcain. 2020 aura aussi vu la chute de Donald Trump, le “guerrier solitaire”, au terme d’une course haletante et trépidante qui aura duré plusieurs jours et plusieurs  tweets , qui resteront certainement dans les annales. Et tout cas, jamais les élections américaines n’auront autant fasciné  !

C comme coronavirus. Ou Covid, ou Covid-19 ou… cauchemar  ! Ça y est, on y est presque, 2020 est quasiment fini. 2020 marque un tournant dans l’histoire du monde. Il y aura ainsi un avant et un après-coronavirus, comme pour un Anno Domino. De Wuhan en Chine à la planète entière, le coronavirus, qui a fait des millions de victimes et des centaines de millions de contaminés, a mis le monde à genoux, le masque sur le nez et les mains remplies de gel hydraulique. Cette pandémie nous aura aussi appris à reconnaître les vrais héros, les frontliners, mais aussi à valoriser les relations humaines et la famille…

D comme Dimple. La Woman Police Constable Dimple Raghoo est morte sur le front en faisant son travail, soit la lutte contre la drogue. Alors qu’elle s’apprêtait à intercepter un colis de drogue, à Beau-Vallon, elle a été renversée et traînée par la voiture des trafiquants. Un élan de solidarité se déferle alors à travers le pays pour rendre hommage à cet officier décédé pendant l’exercice de ses fonctions. Rappel glaçant que la drogue synthétique sévit encore dans le pays. 2020 aura aussi été l’année où la question de la dépénalisation du cannabis a fait débat.

E comme Élections villageoises. Après huit longues années, les villageois des 130 villages de l’île ont pu accomplir leur devoir civique. Un événement inédit, car le décompte s’est tenu le même jour et la proclamation des résultats a eu lieu le soir même. Des élections villageoises donc palpitantes et pour le moins folkloriques, avec des partis “cheval”, “parapluie”, “globe” ou “téléphone portable”.  À savoir que même si la tendance dans certains villages montrait un certain détachement du parti au pouvoir, les sept représentants élus pour siéger sur le District Council ont eux décidé à marcher “ansam” avec le gouvernement. C’est d’ailleurs le Premier ministre, lui-même, qui les aura présentés à la presse  !

F comme Fake News. L’ennemi juré des médias a fait fracas cette année, ici et ailleurs. Il faut croire que pendant le confinement, les conspirateurs et rageux du clavier ont eu beaucoup de temps sous la main. Les grands groupes médiatiques ont ainsi dû redoubler d’efforts pour identifier les fake news et les réfuter. À Maurice, les auteurs de fake news» ont été d’ailleurs sévèrement punis… encore faudrait-il bien les définir, ces fake news.

G comme Gujadhur. Figure symbolique du confinement à Maurice et fier inventeur du néologisme “Kokovid”, le Dr Vasantrao Gujadhur a été le “guide spirituel” des Mauriciens pendant cette dure période. Ils ont ainsi été nombreux à l’attendre tous les soirs, pour le regarder parler sur la chaîne nationale, mais aussi pou “gagn koze kouyon”, comme l’on dit plusieurs internautes sur le ton de l’humour…

H comme homélie. À l’occasion de la fête du père Laval, le cardinal Piat prend la parole devant un parterre d’invités, dont le chef du gouvernement. «  Lepep Moris pe soufer  », dit-il sans langue de bois. Une homélie vibrant de sincérité, qui aura néanmoins été reçue comme une «  claque  » par certains. Cette homélie, qui a été reprise des centaines de fois par les internautes mauriciens toujours sur le ton de l’humour et de la dérision, qui est disponible en intégralité sur le site officiel du diocèse, restera gravée dans l’histoire… à un des moments les plus sombres du pays.

I comme Ivan. Ivan Collendavelloo, alors vice-Premier ministre, est révoqué. Impliqué dans une affaire de turbines électriques, soit la St-Louis Gate, Ivan le Terrible, ou pas, est sacrifié sur l’autel, pardon, à l’hôtel du gouvernement. Assis au dernier rang à l’assemblée, l’enquête se poursuit…

J comme Jagutpal  ! Cette séquence de 4 secondes de l’acteur indien Dharmendra hurlant à tue-tête «  Jagaptaaal ! » dans le film  Ram Balram  est une pièce d’anthologie. Pour cause, elle reste collée au ministre de la Santé. En effet, le Dr Jagatpul a été gâté pour ce premier mandat. Contraint de gérer la crise Covid, mais aussi le scandale impliquant l’achat de masques et de ventilateurs à un prix “dérisoire”, il est de loin un des ministres les plus populaires. C’est-à-dire que si l’on devait demander à n’importe quel Mauricien de citer le nom d’un ministre lors d’un quiz radiophonique, on peut être certain que «  Jagatpal !   » serait une des réponses.

K comme Kistnen. Une affaire digne des grands romans policiers, sauf que parfois la réalité dépasse largement la fiction. La mort de Soopramanien Kistnen dans des circonstances troublantes fait la Une des journaux depuis mi-novembre. Ce dernier aurait été sur le point de faire certaines révélations… des révélations que les Avengers, soit le panel d’avocats représentant la famille du défunt, comptent éclater au grand jour. Affaire à suivre.

L comme Lockdown. Évidemment, que serait 2020 sans le Lockdown  ? Cet anglicisme a fait son apparition dans le vocabulaire commun des citoyens du monde. Ainsi, le mot “Lockdown”, soit “confinement” a été élu mot de l’année 2020 par le groupe éditant le dictionnaire anglais Collins. Ce terme, qui désigne notamment la mesure de restriction prise dans le monde pour tenter de limiter la propagation de la Covid-19, figure dans une liste de dix autres mots — dont plusieurs autres sont liés à la pandémie — établie par des lexicographes étudiant l’évolution de la langue anglaise.

M comme MK. La chute du Paille-en-queue aura été le coup de trop pour le pays, déjà en période difficile. C’est cette année que la compagnie nationale d’aviation, Air Mauritius, pique du nez et tombe sous administration volontaire. Des milliers d’employés ont ainsi été contraints de se réinventer. Gageons qu’en 2021 la compagnie nationale puisse retrouver sa prestance d’antan.

New Normal. Tel est l’intitulé du discours budgétaire du nouveau ministre des Finances Renganaden Padayachy. Un budget qui tombe à l’heure où le pays commence à mesurer l’étendue des dégâts du confinement sur l’économie. Un New Normal auquel la population tente de s’adapter, car entre la théorie et les réalités du terrain, il y a un monde de différence. Au final, c’est le caddie de la ménagère qui a le dernier mot  !

O comme opposition. Opposition au parlement, opposition dans la rue, opposition à la Contribution sociale généralisée (CSG), opposition tout court. Bref, 2020, l’année de toutes les oppositions.

P comme Phokeer. L’honorable Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, aura beaucoup fait parler de lui… notamment pour son timbre de voix assez particulier. Affectueusement surnommé Mr Loudspeaker, il aura été aux premières loges pour assister aux nombreux walk-out des membres de l’opposition et aux boutades de part et d’autre. Une très bonne idée, finalement, de retransmettre en direct les débats parlementaires  !

Q comme quatorzaine et quarantaine. C’est le ministre Joe Lesjongard qui utilisera ce terme lors d’une conférence de presse. Ce qui lui avait valu d’ailleurs plusieurs boutades. Au fil du temps, “quatorzaine” finira par faire son entrée. Il s’agit de la période de 14 jours que toute personne foulant le sol mauricien doit observer, en ligne avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. 14 jours payants au frais du visiteur, allant de Rs 40 000 à Rs 200 000. L’on se souviendra aussi du Quarantine Bill et ce fameux réfractaire qui avait «  sot miray  » pour aller rejoindre sa chère et tendre…

R comme Rassemblements pacifiques. À Maurice, l’année fut marquée par un des plus grands rassemblements citoyens de l’histoire du pays. Le 29 août, plusieurs milliers de Mauriciens, sous l’impulsion de Bruneau Laurette, descendent dans les rues de la capitale pour scander la fameuse phrase « Bour li deor ! » Une marche citoyenne symbolique, au lendemain du confinement et de l’échouement du Wakashio. Deux semaines après, une autre marche est organisée à Mahébourg, où idem des milliers de citoyens se mobilisent. Après, d’autres marches seront organisées, notamment en hommage au petit Ayaan et à la WPC Dimple Raghoo. L’opposition aura, elle aussi, organisé sa marche en décembre pour scander cette fois, « bour li andan ». Missive aux dirigeants, évidemment…

S comme Sir Gaëtan Duval. Un mois après le naufrage du Wakashio, un autre drame en mer se produit. Le 31 août, le remorqueur de la Mauritius Port Authority (MPA), le Sir Gaëtan, coule au large de Poudre d’Or au nord-est de Maurice, faisant trois victimes : Hemant Seewoo, Sylvain Addison et Lindsay Plassan. Le capitaine Moswadeck Bheenick, qui était porté disparu en mer depuis le 31 août dernier, a été déclaré mort par la Cour suprême.

T comme Télétravail. Covid oblige, presque toutes les entreprises du monde se mettent au télétravail, forçant des millions de salariés à travailler de chez eux. Une aubaine pour certains, un tracas pour d’autres. Dans un rapport publié par l’Organisation internationale du travail, il est indiqué que « durant la pandémie, le télétravail s’est révélé un aspect crucial de la poursuite des activités, alors qu’on lui reconnaît d’habitude uniquement les avantages suivants : réduction des trajets pendulaires  ; concentration accrue des travailleurs sur leurs tâches, sans les interruptions du travail en présentiel ; meilleur équilibre entre le travail et la vie personnelle. Le télétravail offre aux travailleurs la possibilité de bénéficier d’horaires plus flexibles et de travailler hors des locaux de l’employeur, mais il peut aussi comporter des risques — tels un sentiment d’isolement (notamment pour les personnes vivant seules) et la perte de contact avec les autres employés — qu’il est essentiel d’anticiper et de prévenir. » À bon entendeur  !

U comme Unis. Unis dans l’adversité, les Mauriciens ont traversé le cyclone. Ensemble, ils ont fabriqué des bouées absorbantes pour sauver leur lagon lors du naufrage du Wakashio. Unis, ils n’ont pas hésité à offrir des denrées, des légumes du jardin à leur voisin dans leur besoin. N’en déplaise à certains, sur Internet notamment, avec les nombreux dérapages à relent communal, les Mauriciens restent unis. « As one people, as one nation… »

V comme Vaccins. Antivax, détournez les yeux, cet article ne vous plaira pas. Après l’année catastrophique dominée par la Covid, la course pour trouver LE vaccin bat son plein. Si les campagnes de vaccination ont déjà commencé dans certaines parties du monde, dont l’Angleterre et les États-Unis, les autres pays attendent la livraison des vaccins. Encore faudrait-il trouver le bon vaccin, entre Pfizer/BioNTech, efficace à 90%, le vaccin Moderna efficace à 94,5 % et le russe Spoutnik V de 92%, entre autres. Le cauchemar Covid est-il donc bientôt terminé  ?

W comme Wakashio. Le 25 juillet, le vraquier japonais battant pavillon panaméen MV Wakashio s’échoue dans nos eaux. Deux semaines après, soit le 6 août, une fuite d’huile est détectée et plusieurs tonnes d’hydrocarbures se déversent dans le lagon de Blue Bay. Une catastrophe naturelle, qui fait la Une de tous les journaux du monde et qui mobilise des Mauriciens des quatre coins de l’île, qui se mettent à construire des “bouées sarlon”, avec de la canne et des bouteilles. Un système D qui fonctionne et qui permet d’éviter une pire catastrophe. Si aujourd’hui Mahébourg tente de panser ses plaies, avec notamment les exercices de nettoyage des côtes par des dépollueurs étrangers, Maurice sait que les répercussions sur son écosystème seront longues et pénibles. Il faudra bien des années pour s’en remettre.

X comme X. 10, c’est le nombre de victimes du coronavirus à Maurice. Qu’elles ne soient jamais oubliées…

Y comme You’ll Never Walk Alone. Petit clin d’œil aux fans de Liverpool, qui sont très nombreux à Maurice. Cette année, trente ans après le dernier titre national acquis sous les ordres de Kenny Dalglish en 1990, le Liverpool FC réinscrit enfin son nom au palmarès du championnat d’Angleterre, pour la 19e fois de son histoire, cette fois sous les ordres de Jürgen Klopp. Comme quoi, les fans de Liverpool ont finalement eu l’occasion de mettre les points sur “i”… comme dans “Mauritus”

Z comme Zoom. Parce que nous avons tellement “zoomé” cette année. Réunions professionnelles, cours, anniversaires, premiers rencards, Zoom a été l’application mobile la plus téléchargée de cette année. Nous aurons ainsi appris à vivre par écrans interposés… Bienvenue dans le futur, Marty !

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