Actuarial Society of Mauritius : la CSG soulève une 2e vague de critiques chez les actuaires

— Sattar Jackaria : « Government has the luxury of printing money, but the private sector hasn’t ! »

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Les actuaires ne sont pas tendres face à l’introduction de la Contribution sociale généralisée (CSG) proposée par Renganaden Padayachy. Une réforme introduite à la hâte et sans consultations avec les spécialistes de la pension. L’affaire est loin d’être terminée pour le bouillant ministre, qui a lâché son projet de CSG comme une fleur le 4 juin dernier. Jeudi, lors d’une conférence de l’Actuarial Society of Mauritius (ASM) – qui a fait salle comble — les actuaires en ont remis une couche.

Sattar Jackaria, actuaire et Head of Financial Services chez IBL, n’a pas mâché ses mots : « En tant qu’actuaire, notre code dit que “we need to care and speak up”. » Pour lui, la CSG n’est nulle autre qu’une “tax reform” et non une “pension reform”, avec des « very serious consequences » sur les générations futures. « Depuis 20 ans on est au courant du problème du NPF, qui n’est pas soutenable, mais on n’a rien fait, et aujourd’hui, on vient vous dire qu’il faut “act now” », déplore-t-il.

« We are in a mess »

Évoquant la tentative de Pravind Jugnauth, il y a quelques années, d’introduire le ciblage, il a qualifié ce sujet de « tabou à Maurice ». Et de poursuivre : « We know that the Basic Retirement Pension is unsustainable and yet it is being increased ! Government has the luxury of printing money, but the private sector doesn’t. » Il prévient de même que « we are in a mess », faisant allusion au vieillissement de la population, et demande ainsi à l’auditoire de calculer combien feront les Rs 13 500 de BRP — promises par le gouvernement — mutipliées par le nombre de bénéficiaires actuel (224 000), alors qu’il n’y en avait que 69 000 en 1982.

Selon ce professionnel, il incombe de s’attarder sur un ratio important : le “Pensioner Support Ratio” pour savoir combien de salariés soutiennent un pensionné. Selon ses analyses, en l’an 2000, 6,6 salariés soutenaient un pensionné, et en 2019, ce ratio est passé à 3,6 salariés pour un pensionné. Une situation « inquiétante », selon l’actuaire. « The cost of elderly has tripled. Has no one seen that ? Has no one seen where we are heading ? », se demande-t-il. Il soutient que les conséquences seront « dramatiques », car, avec ce ratio, Maurice se situe au même niveau que de grands pays développés, comme les États-Unis et les pays de l’OCDE, alors que « nous ne sommes qu’une très petite économie, extrêmement vulnérable aux chocs externes », dit-il. Il ajoute : « Will we be able to sustain this ? If we don’t act now, there won’t be any future for this country. »

Analysant en détail le montant des contributions et le paiement des bénéfices, l’actuaire estime — selon ses prévisions — que le gouvernement récoltera Rs 3,6 milliards par an de la CSG venant du secteur privé. Cependant, après un premier décaissement annoncé pour 2023, on ne sait pas ce qu’il adviendra de la CSG : « Le budget ne dit rien de ce qui se passera à partir de 2023. Vous avez une idée, vous ? » Et quelqu’un dans la salle de répondre : « Les élections ! » Sattar Jackaria poursuit : « In 2023/24, there will be no more money, the system collapses three years down the road. In 2023/24, we will have to pay Rs 11 billion and we are only getting Rs 4 billion. No more money afterwards… Is this what we call sustainable ? I leave it to you… For me, sustainable means you get contributions equally opposite to the amount you pay and this needs to be happening in time, not for one, two or three years. A pension system is not based on three years. It is based on forty or fifty years. »

En conclusion, Sattar Jackaria déclare qu’en 2015/16, le BRP (Basic retirement pension) coûtait Rs 14 milliards, soit 3,2% du PIB. Avec la mesure proposée, on atteint Rs 42 milliards d’ici deux à trois ans, soit 7,4% du PIB (et 32% des recettes de l’État).

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