Affaire Jamal Khashoggi : Posture inconfortable pour le GM de Pravind Jugnauth

  • Arvin Boolell réclame la suspension des trois accords conclus, hier, avec le Saudi Fund pour un montant de Rs 3,5 milliards
  • Le ministère des Affaires étrangères toujours « silencieux » sur les circonstances du meurtre de sang-froid du journaliste du Washington Post au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul

Depuis le début de la semaine, le gouvernement de Pravind Jugnauth se retrouve dans une posture diplomatique des plus inconfortables dans la conjoncture internationale. Et cela pour ne pas dire un faux pas diplomatique. Alors que les appels du monde entier en vue de faire la lumière sur la disparition mystérieuse du journaliste du Washington Post, Jamal Khashoggi, le 2 octobre dans le consulat d’Arabie saoudite à Ankara en Turquie, acculent les autorités saoudiennes, le gouvernement a procédé à la signature de trois accords de financement avec le Saudi Fund pour un montant de 100 millions de dollars américains (Rs 3,5 milliards). Déjà avec le silence affiché par les Affaires étrangères depuis le début de ce mois, des interrogations se sont posées, mais avec la signature de financement d’hier, les protestations sur le plan politique iront crescendo. L’envoyé spécial des Saoudiens, Khalid Bin Sulaiman Alkhudairy, Vice President et Managing Director du Saudi Fund for Development, pour les besoins de cette signature, est arrivé à Maurice hier matin pour repartir cet après-midi.

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À ce matin, les explications de l’hôtel du gouvernement sur ce qui semble être une « opération de séduction des Saoudiens », étaient attendues alors que le président de la Turquie, Ergan Erdogan, s’apprêtait à révéler les circonstances odieuses dans lesquelles le journaliste du Washington Post a été assassiné de sang-froid dans des locaux préservés par la Convention de Vienne.

De son côté, l’ancien ministre des Affaires étrangères et député du PTr, Arvin Boolell, est monté au créneau, ce matin, pour réclamer la suspension, jusqu’à nouvel ordre, des trois accords signés hier avec le Saudi Fund « en attendant que l’affaire Khashoggi soit éclaircie ». Il espère également que Maurice ne soit représentée à la réunion qu’organise aujourd’hui l’Arabie saoudite sur l’investissement du futur.

Pour Arvin Boolell, « il est du devoir de Maurice d’envoyer un signal fort afin de s’associer à la communauté internationale pour condamner la façon dont le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été tué » dans le consulat de l’Arabie saoudite en Turquie. « Nous savons que la politique du gouvernement est “moralite pa ranpli vant”, mais nous ne pouvons hypothéquer notre souveraineté et faire la sourde oreille devant les entorses aussi flagrantes contre les droits de l’homme. Maurice est non seulement membre de la Commission des droits de l’homme des Nations unies mais dispose également d’une Commission des droits de l’homme. Il est hors de question que la République se plie devant un pays uniquement parce qu’il nous accorde des prêts à un taux avantageux », a dit Arvin Boolell.

Maurice a signé hier trois accords de prêt avec le Saudi Fund for Development concernant le financement de la construction de trois projets, à savoir le nouvel hôpital anticancéreux, les logements sociaux et le complexe multisports. Un prêt concessionnel d’un montant de USD 25 millions a été alloué pour le projet de Cancer Hospital, qui permettra de détecter le cancer à un stade précoce et fournira ainsi les traitements nécessaires en vue de sauver plus de vies. Un prêt concessionnel de USD 50 millions a été accordé pour le financement de la construction de 1 050 logements sociaux pour la classe nécessiteuse. Enfin, un prêt concessionnel d’un montant de USD 25 millions a été accordé pour le financement de la construction d’un complexe multisport.

Arvin Boolell espère d’autre part que la République de Maurice s’abstienne de participer à la conférence organisée par l’Arabie saoudite sur l’investissement du futur. Cette réunion avait été présentée de part et d’autre comme le « Davos du désert ». Cependant, les dirigeants de Davos ont, dans un communiqué diffusé hier, refusé que son nom soit associé à cette manifestation, surtout après la condamnation de la façon dont le journaliste Jamal Khashoggi a trouvé la mort dans un consulat de l’Arabie saoudite. Il a rappelé que « récemment une femme engagée dans la lutte pour les droits de la femme en Arabie saoudite avait été arrêtée à Dubaï pour être incarcérée dans ce pays » et ajoute que « le Premier ministre du Liban s’était retrouvé à un certain moment cette année “on house arrest” » dans ce même pays.

La mort de Jamal Khashoggi a été condamnée à Maurice par le leader du MMM, Paul Bérenger, lors de sa conférence de presse samedi. En revanche, le gouvernement mauricien, dont le ministre des Affaires étrangères se trouve à l’étranger depuis près de deux semaines, « est resté silencieux » sur ce dossier jusqu’à présent.

Affaire à suivre…

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