Agalega – Après neuf mois d’arrêt : La production d’huile de coco bientôt relancée

  • Le matériel pour remplacer un tuyau de chauffage défectueux – équipement primordial dans la fabrication d’huile – enfin arrivé à Agalega
  • Demande pressante dans l’archipel pour la modernisation du système de production et pour une meilleure exploitation commerciale du produit; un gros stock d’huile invendu dans le store de l’OIDC à Maurice

Après avoir ignoré pendant plusieurs mois une demande des Agaléens pour remplacer un tuyau de chauffage, qui constitue une pièce primordiale dans leur usine de fabrication d’huile de coco, l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) a enfin fait l’acquisition de l’équipement, lequel a été débarqué dans l’archipel durant la semaine écoulée. On annonce une possible reprise de la production de ce produit agaléen avant la fin de l’année. Mais les habitants réclament un système de production moderne et constatent que leur « huile de coco à l’état originel » n’est pas suffisamment mise en valeur par l’OIDC. Ils s’interrogent sur la vingtaine de fûts de ce produit invendus qui dorment dans les stores de l’OIDC. Par ailleurs, au moment ou l’on parle de la nécessité de l’énergie verte, l’huile de coco, soulignent des Agaléens, se présente comme une alternative.

- Publicité -

Aux dires des habitants, c’est à la suite d’un article paru dans Le Mauricien en avril dernier, faisant état de l’arrêt de production d’huile de coco depuis le mois de septembre de l’année dernière, pour cause d’une panne du calorifère (appareil servant à chauffer la pulpe du coco) – que l’OIDC (gestionnaire de l’archipel) a fait diligence avec les procédures administratives pour l’achat d’un nouveau tuyau de chauffage. « Zot finn bouze pou pas enn komann enn nouvo tinel pou sofaz kan lagazet finn koz sa problem-la », disent plusieurs habitants. Après neuf mois d’attente, l’équipement en question a été acheminé lors du dernier voyage du Trochetia et a été débarqué mercredi dernier.

À présent, les habitants espèrent un retour à la normale dans la production d’huile de coco avant la fin de l’année, tout en priant les autorités mauriciennes d’enclencher au plus vite une réflexion profonde sur la nécessaire modernisation du processus de production, le système actuel étant archaïque, de même que la commercialisation de ce produit. Des habitants se disent mécontents en apprenant que l’OIDC a toujours sur les bras une importante quantité de ce produit exporté vers Maurice l’année dernière. « Alors que l’huile de coco est très demandée sur le marché, l’huile d’Agalega, qui est sans additif, et qui est la meilleure huile de la région, reste dans le store de l’OIDC. Dans les supermarchés, un litre d’huile de coco venant d’autres pays est vendu à Rs 500, alors que l’OIDC vend notre huile à Rs 100 le litre. Bizin fer enn lanket pou kone kifer OIDC pa pe resi vann delwil Agalega », tonnent ces habitants.

Nos interlocuteurs souhaitent aussi une réflexion sur le potentiel du coco d’Agalega dans d’autres domaines. « Une nouvelle piste d’atterissage et une nouvelle jetée augureront, nous l’espérons, un nouvel avenir pour la population agaléenne. Nous pensons que la production d’huile de coco, qui est la seule activité économique de l’archipel, doit entrer dans la stratégie de développement que les décideurs ont pour l’archipel. Mais il faudrait définitivement donner une nouvelle dynamique à cette activité », disent pour leur part les responsables de l’association Les Amis d’Agalega. Et si l’OIDC, ajoutent-ils, n’a pas les ressources nécessaires pour entreprendre cet exercice de réflexion, qu’elle fasse alors appel aux organismes et aux professionnels ayant les compétences nécessaires. « Bizin enn refleksion bien serie », souligne-t-on du côté des Amis d’Agalega.

Autre point nullement insignifiant soulevé par des habitants : pourquoi pas l’utilisation d’huile de coco comme carburant de substitution à l’heure où l’écologie et le développement durable sont au coeur de toutes les conversations et de tous les débats ? Ils n’ont pas tort de lancer l’idée, car on a tenté une expérience dans le passé chez eux dans le cadre d’un projet du Mauritius Research Council (MRC), avec la collaboration de l’Université de Maurice, du Mauritius Standards Bureau et de l’OIDC. « On avait effectué des tests sur les tracteurs et sur les générateurs électriques, et on a obtenu des résultats plutôt positifs », témoigne d’ailleurs un officier de l’OIDC.

Si ce dernier se dit favorable à un recours éventuel d’huile de coco dans le futur pour le fonctionnement de véhicules, en revanche, il souligne l’apport nécessaire des nouvelles technologies dans la réussite de cette démarche. « À partir des premières expériences effectuées par le MRC, on peut creuser davantage et innover grâce aux nouvelles technologies et un fine-tuning au vu de la nature du produit », explique notre interlocuteur.

—————————

HUILE DE COCO INVENDUE : Une trentaine de « drums » dans les stores

Selon nos informations, l’OIDC n’arriverait pas à écouler depuis un an la cargaison d’huile de coco provenant d’Agalega. Cet organisme aurait sur les bras entre 20 et 30 fûts d’huile dans son store, à Pailles. L’OIDC avait effectivement lancé l’année dernière un appel d’offres pour la vente de ce produit et les deux soumissionnaires qui avaient décroché le contrat, en acceptant de payer pas moins de Rs 20 000 le baril (soit Rs 100 le litre), se sont désistés. Avant 2018, l’OIDC mettait en vente l’huile de coco d’Agalega à Rs 60 le litre, soit un total de Rs 12 000 le baril. Certaines personnes ont exprimé un intérêt d’achat au détail de cette huile mais ont été confrontées à un refus catégorique; l’OIDC aurait avancé que deux soumissionnaires devaient acquérir tout le stock.
« Pourquoi l’OIDC ne confie-t-elle pas la vente de ce produit à un autre organisme, comme la State Trading Corporation ? » se demande un habitant, évoquant aussi les autres productions à Agalega à l’avenir.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -