AGALEGA — Crainte du Covid-19 : Colère avec le débarquement des contractuels d’Afcons hier après-midi

Hier soir, l’un d’entre eux était toujours en isolation sur le bateau; cette décision suscite angoisse et interrogations dans la population

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La proposition des habitants pour la mise en retrait de l’ensemble des passagers pendant dix jours sur le bateau avant leur débarquement ignorée par les autorités

Possible “sit-in” des employés de l’OIDC aujourd’hui

Le lundi de Pâques a été sous tension à Agalega en raison de l’arrivée dans l’archipel d’une centaine de travailleurs contractuels d’Afcons Infrastructure, malgré l’appel pressant des habitants depuis une semaine aux autorités de ne laisser personne sur place par mesure de prévention s’agissant de la pandémie de Covid-19. Les protestations des habitants hier matin contre le débarquement d’une centaine de passagers, soit des ouvriers pour le compte d’Afcons Infrastructure, ont été vaines. À l’exception de l’un d’entre eux, en isolation dans une cabine, les autres passagers sont descendus du navire hier après-midi sous la supervision de la police, qui avait d’ailleurs depuis très tôt interdit l’accès dans le périmètre du débarquement, au Village-La-Fourche. Selon des renseignements disponibles, des employés de l’OIDC comptaient faire un “sit-in” aujourd’hui pour exprimer leur colère contre cette situation et contre le manque d’informations sur le cas de cet ouvrier.

Le cas de ce passager en isolation et l’installation d’un cordon de sécurité par la police à l’endroit du débarquement des passagers ont provoqué colère et inquiétudes parmi les Agaléens hier. Ces derniers sont remontés contre les autorités en raison notamment du manque d’informations par rapport à cette situation. Pourquoi a-t-on mis le passager en isolation pendant le voyage et pourquoi l’est-il toujours, alors que ses amis sont descendus du bateau depuis lundi ? Pourquoi la police a-t-elle interdit aux habitants l’accès à l’endroit du débarquement ? Est-ce que les autorités peuvent confirmer que le bateau a quitté Port-Louis avec retard en raison d’un éventuel cas de Covid-19 parmi ces travailleurs indiens ? Autant de questions qui reviennent sans cesse au sein de la communauté des Agaléens.

Cent travailleurs étrangers sont arrivés sur le bateau et, selon des informations, les autorités mauriciennes se seraient basées sur un rapport soumis par le médecin du ministère de la Santé en poste dans l’archipel pour autoriser hier après-midi le débarquement des passagers, sauf pour l’un d’entre eux. Selon les procédures, le représentant du ministère de la Santé dans l’archipel est monté bord du bateau pour procéder à des tests habituels, comme la prise de température, sur tout passager qui arrive dans l’archipel. Et il n’aurait rien trouvé d’anormal parmi ceux arrivés dans la nuit de dimanche à lundi. Il semblerait que le Rapid Test, pratiqué uniquement sur le passager en isolation, aurait donné un résultat négatif. « Si rezilta-la negatif kifer zot finn gard sa pasaze-la an isolasion alor ki lezot finn desann ? » se demandent ainsi certains habitants.

Les Agaléens soulignent qu’ils n’ont rien contre la présence des étrangers dans l’archipel, faisant ressortir la bonne entente qui règne jusqu’ici entre les travailleurs d’Afcons Infrastructure et la population. Cependant, ils estiment qu’il aurait été plus prudent, dans la conjoncture, et donc en raison de la virulence de la pandémie en Inde et de la résurgence de la deuxième vague avec des cas de contamination à Maurice, de ne laisser personne entrer dans l’archipel, y compris les membres de leurs familles à Maurice. « Se pou protez nou ti zil ki nou pe dir lotorite napa les person rantre pou le moman, parey kouma dan Rodrig », expliquent les habitants.

Ces derniers se disent ainsi « profondément blessés » par ce qu’ils estiment être de « l’indifférence des autorités » à considérer deux propositions qu’ils ont soumises hier, uniquement dans le but, disent-ils, de protéger leur archipel contre les risques d’éventuels cas de contaminations à la Covid. Soit : 1) une quarantaine de dix jours à bord du bateau pour la centaine de passagers avant d’autoriser ensuite leur débarquement s’ils n’ont aucun problème de santé et; 2) faire venir à bord du Dornier une équipe du ministère de la Santé pour des tests PCR sur tous les passagers.

« Bann lotorite finn inior konpletman nou bann propozision e sa ve dir ki lavwa bann Agalein dan Repiblik Moris na pa konte ditou. Me dan Moris dan ninpor ki ti landrwa a sak fwa dimounn fer tapaz kont ninport ki problem, bann politisien ek bann lotorite galoupe pou gete ki pe arive. Me dan Agalega, kan nou kriye, person pa tande dan Moris. Sa latitid-la fer bien dimal e nou santi nou blese », confient au Mauricien avec une note d’amertume des habitants. Hier après-midi, le médecin du ministère de la Santé a rencontré des habitants au sujet du protocole en vigueur concernant l’arrivée des passagers dans l’archipel. Mais la population n’est toujours pas rassurée pour autant quant aux mesures spécifiques par rapport à la prévention de la pandémie.

Des habitants ont émis l’idée d’un “sit-in” ce matin pour exprimer leur mécontentement envers les autorités. Les habitants réclament aussi de nouvelles mesures de prévention relatives à cette deuxième vague de la pandémie à Maurice et une communication des autorités s’agissant de ce passager en isolation sur le bateau. Aux dires des habitants, ce lundi de Pâques aura été « stressant et éprouvant » pour eux et pour les responsables de l’administration de l’archipel.

Par ailleurs, cette mobilisation de la population depuis le week-end pour faire respecter le caractère “Covid-Free” de l’archipel ne laisse pas insensible à Maurice, notamment l’association Les Amis d’Agalega, des proches des habitants, des politiciens et d’autres citoyens. Laval Soopramanien, président des Amis d’Agalega, appelle ainsi le gouvernement « à établir une ligne de communication au plus vite avec les habitants afin d’éviter une brèche dans la bonne entente entre les travailleurs étrangers et la population ».

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