Agaléga : pénurie d’huile de coco après l’arrêt de la production il y a sept mois

  • Exportation interrompue : 30 « drums » d’huile envoyés d’habitude à Maurice à chaque voyage du bateau pour être vendu à Rs 20 000 le « drum » par l’OIDC; un manque à gagner de plus de Rs 2 M par an
  • Une panne prolongée du calorifère (appareil de chauffage) suscite des interrogations

Alors que la production d’huile de coco à Agalega est la principale activité économique de l’archipel, la fabrication de ce produit s’est arrêtée depuis bientôt sept mois. Le calorifère (appareil servant à chauffer la chair du coco afin de la ramollir) est en effet hors service en raison d’une panne concernant la partie principale de l’équipement.

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Les Agaléens exportaient jusque-là vers Maurice à chaque voyage du bateau pas moins de 30 « drums » d’huile, alors que la vente est prise en charge par l’OIDC. La vente de 120 « drums » par an rapportait un peu plus de Rs 2 M.

Cette panne prolongée du calorifère commence à susciter des interrogations. L’OIDC attendrait une requête officielle pour la réparation de cet équipement alors que dans l’archipel, on affirme avoir informé les autorités mauriciennes du problème depuis plusieurs mois.

Connue principalement pour son huile de coco, Agalega a été jusqu’à la fin des années 70 le principal fournisseur de ce produit dans la région de l’océan Indien. Dans les manuels d’histoire, à l’époque coloniale, l’huile de coco d’Agalega était même qualifiée de « reine des huiles » en raison de sa pureté.

La technique de production d’huile de coco à Agalega, sous la responsabilité de l’OIDC, n’a guère évolué. À l’exception de l’extraction de l’huile (la dernière étape), faite mécaniquement, les autres étapes dans le processus de production sont en effet restées les mêmes, soit fait de manière artisanale.

Avant l’arrêt des opérations de l’usine, vers le mois de septembre, environ une dizaine de personnes étaient affectées au défibrage des noix de cocos et on laisse entendre qu’environ 5 000 à 6 000 noix de coco étaient défibrées chaque jour. Même si les nouvelles technologies n’ont pas fait leur entrée, les employés de l’OIDC arrivaient néanmoins à produire en quantité suffisante pour l’exportation vers Maurice.

L’OIDC organise quatre voyages du bateau par an vers Agalega. Et au retour du bateau, l’administration d’Agalega envoyait à Maurice environ 30 “drums” d’huile. Ainsi, ces dernières années, les Agaléens en fournissaient en moyenne 120 “drums” par an à l’OIDC.

« L’OIDC lançait ensuite des appels d’offres pour la vente et revendait généralement un “drum” à Rs 200 000. » À noter cependant qu’on peut aussi acheter ce produit en détail auprès de cet organisme à Rs 100 le litre. On peut en trouver au bureau de l’OIDC, à Port-Louis. 

Produit de qualité.

Depuis quelques années, d’autres importateurs d’huile de coco sont apparus sur le plan local, mais la qualité de l’huile produite à Agalega reste pour autant « différente » des autres produits provenant de l’étranger.

« L’huile de coco d’Agalega est pure et on n’y a pas ajouté d’additifs », affirment ainsi des habitants. Le problème, c’est que la dernière exportation d’huile de coco vers Maurice date de septembre de l’année dernière, occasionnant ainsi une perte d’environ 90 “drums” depuis l’arrêt de la production. Et une perte de 120 « drums » environ par an si cette interruption se prolonge.

Par ailleurs, les différentes délégations ministérielles en mission dans l’archipel ces derniers mois de même que les récents visiteurs ont été déçus de ne pas trouver ce produit. Même les habitants en sont privés depuis plusieurs mois. En effet, les quelques bouteilles d’huile qu’il restait dans les boutiques de l’OIDC après l’arrêt de la production ont été vite épuisées.

« Pena enn gout deluil koko dan Agalega. Ou konn sa lekpresion “Les cordonniers sont les plus mal chaussés ?” », ironise sur un ton amer une habitante. 

Cette panne prolongée du calorifère commence à susciter des interrogations parmi les habitants et les Agaléens résidant à Maurice. Les résidents comptent de fait écrire aux autorités concernées à ce sujet.

Aucune requête.

Selon nos informations, les responsables de l’OIDC à Maurice disent n’avoir reçu aucune requête officielle émanant de l’administration de l’archipel pour réparer la pièce défectueuse. Mais des habitants qui connaissent bien le dossier affirment le contraire : « Depi lontan bann responsab isi inn fini anvoy rekisizion pou repar sa lekipman-la. » 

On laisse également entendre que bien avant que l’équipement ne tombe en panne, les officiers dans l’archipel avaient prévenu les autorités mauriciennes de la vétusté de cet appareil et auraient fait une demande pour le remplacer. « Il n’y a aucune volonté pour faire réparer cet appareil ni pour moderniser le système », dit avec agacement un habitant.

N’y a-t-il pas de manque à gagner dans les caisses de l’OIDC avec cette panne prolongée du calorifère ? « Bien sûr, parce qu’il y a une bonne demande pour notre huile. On aurait pu avoir envoyé ces derniers mois au moins 90 “drums” et cela aurait rapporté plus de Rs 1 M si l’OIDC avait mis en vente cette huile », répond un employé. Pourtant, à Maurice, certaines personnes proches de l’OIDC répondent qu’il « y en a suffisamment en stock » en ce moment.

Dans les milieux de cet organisme, on évoque également une commande importante qu’aurait faite un entrepreneur l’an dernier, mais que celui-ci aurait changé de décision par la suite. En revanche, certaines personnes “self employed” qui voulaient s’approvisionner en huile de coco d’Agalega auprès de l’OIDC l’an dernier ont été déconcertées d’obtenir une réponse négative en raison, leur a-t-on fait comprendre, « d’un manque de stock ».

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