Agalega – Places limitées à bord du MV Trochetia hier : Départ reporté à la dernière minute pour une quarantaine d’Agaléens

Manque de coordination entre les autorités et gros mécontentement des passagers n’ayant trouvé place envers l’OIDC

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Le MV Trochetia, qui a mis cap sur Agalega hier soir pour le compte d’Afcons Infrastructure, devait embarquer également une soixantaine d’Agaléens, à Maurice depuis plusieurs mois pour différentes raisons. Sauf qu’au final, seulement une vingtaine d’entre eux ont pu monter à bord. Les autres ont été informés tard jeudi après-midi par l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) du manque de places, avant d’être priés de venir récupérer hier leurs bagages, qui se trouvaient déjà dans un container prêt à être embarqué. Une situation déplaisante pour les personnes concernées, et qui se disent très en colère. Plusieurs Agaléens ont d’ailleurs refusé d’aller chercher leurs bagages hier. Selon nos informations, le Mauritius Shipping Corporation aurait informé Afcons Infrastructure d’un nombre réduit de passagers, cette fois en raison de la nature « dangereuse » de certains produits se trouvant sur le bateau.

Le MV Trochetia, qui a appareillé, hier, pour Agalega, transporte essentiellement des matériaux de construction, du ravitaillement, mais aussi du diesel, de l’essence et du gaz (voir photo). « Après la catastrophe du MV Wakashio, les autorités redoublent de vigilance en ce qu’il s’agit du transport de Dangerous Cargo. C’est pour cette raison que le bateau ne peut prendre plus de 20 passagers cette fois-ci », explique à Le-Mauricien un officier de l’OIDC. C’est ainsi que l’embarquement de la vingtaine de passagers acceptés à bord s’est déroulé sous le regard des officiers de l’OIDC. La présence de ces derniers n’est d’ailleurs pas passée inaperçue et a même donné lieu à quelques commentaires, car ce n’est pas dans l’habitude de cet organisme, fait-on comprendre, de dépêcher ses officiers lors du départ d’un bateau vers Agalega.
De leur côté, la quarantaine d’Agaléens qui n’ont pu trouver place sur le bateau hier blâment surtout l’OIDC. Ils reprochent aux responsables de n’avoir pas vérifié auprès d’Afcons Infrastructure, qui a affrété le bateau, s’il y avait possibilité de transporter des passagers et, si oui, combien de places étaient disponibles.
« OIDC finn apel nou lindi pou dir nou ki bato pe ale vandredi e ki nou bizin retourn kot nou », confie Mireille, une mère de famille arrivée à Maurice pour raisons médicales durant le mois de mars, soit juste avant le confinement sanitaire. « Me zot ti bizin verifie avek Afcon komie dimounn kapav ale avan ki zot telefon nou. Ils n’ont pas fait leur travail correctement. Il n’y a en plus eu aucune excuse de leur part », poursuit cette habitante d’Agalega, vexée par la manière de faire de l’OIDC.
Selon des témoignages, une soixantaine d’Agaléens, désireux de rentrer chez eux, ont été informés lundi de la date du départ du bateau, en leur demandant par la même occasion de venir déposer « au plus vite » leurs bagages dans un container mis à leur disposition à Pailles. Aussi ont-ils immédiatement rassemblé dans des boîtes en carton et autres sacs de voyage tous leurs effets personnels, qu’ils ont achetés durant leur séjour à Maurice, et les derniers achats concernant des produits alimentaires. « Nou finn respekte konsign ki finn donn nou e nou finn al depoz nou bann zafer dan kontener a Pailles », ajoute un Agaléen.
D’où la colère de ces passagers lorsqu’ils ont appris la nouvelle jeudi qu’ils ne pourront monter à bord en raison d’un manque de places, et qu’ils devront de fait patienter jusqu’au mois de septembre. Ces derniers fustigent les autorités pour ce manque de coordination. « Si ti ena kordinasion ant OIDC, Afcons ek Mauritius Shipping, pa ti pou ena sa bann kafouyaz e mekontantman ki ena zordi », disent ces Agaléens.
Par ailleurs, bon nombre des passagers qui ne sont pas partis ont refusé, à l’instar de Mireille, d’aller récupérer leurs bagages au quai de départ, malgré la directive reçue de l’OIDC hier matin. En effet, cet organisme leur a demandé hier d’écrire une lettre pour expliquer les raisons pour lesquelles ils ne viendront pas chercher leurs effets, mais ils ne l’ont pas fait. Plusieurs de ces Agaléens ont avancé deux raisons pour expliquer leur décision de laisser leurs bagages dans le container : d’une part le manque de places chez les personnes ayant accepté de les héberger et, de l’autre, un problème d’ordre financier. « Ils doivent payer un transport pour aller chercher ces bagages au port et ils n’ont pas d’argent », explique ainsi un Agaléen vivant à Maurice.
Un autre passager a déclaré qu’il louait ces derniers mois une petite chambre à Rose-Hill et qu’il a déjà rendu la clé au propriétaire dès qu’il a appris qu’il devait partir vendredi. Selon lui, face à cette situation inattendue, une famille agaléenne a accepté de l’héberger jusqu’au mois de septembre, mais il ne veut cependant pas abuser, dit-il, de la générosité de ces bons samaritains.
Pendant ce temps, à Agalega, les travaux de construction de l’aérodrome et de la nouvelle jetée, selon les témoignages des habitants, avancent à vue d’oeil. « Lazete fini sorti depi lor laplaz inn ariv dan delo », expliquent des habitants du Village La-Fourche (voir photo des travaux de la jetée prise hier). S’agissant de la nouvelle piste d’atterrissage, des témoins sur place racontent que les travaux de revêtement sont quasiment bouclés. « Kapav nouvo lapiss pou pret ver zanvie », indique-t-on devant l’avancement des travaux.

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