Agriculture – Fall Army Worm : Guerre des interdictions des fruits et légumes à Rodrigues

Des limons de Rodrigues ne pourront plus être exportés  à Maurice pendant au moins une année

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Johnson Roussety du FPRe réclame une compensation

de Rs 36 millions en faveur des planteurs de limons affectés

L’Assemblée régionale proscrit l’importation de pommes d’amour, de piments et de choux et de nouvelles  conditions phytosanitaires pour les fruits et légumes  débarqués à Rodrigues

Après la fièvre aphteuse affectant l’élevage à Rodrigues et la culture de maïs abandonnée à cause de la présence dévastatrice de la larve de Fall Army Worm, la chenille des légionnaires, c’est au tour des limons de Rodrigues de passer à la trappe. Au cours de la semaine écoulée, avec le départ du MV Black Rhino de Port-Mathurin à destination de Port-Louis, aucune cargaison de limons, pourtant un symbole agricole de l’île, n’a été embarquée. Les planteurs pouvaient à peine dissimuler leur exaspération face à l’absence de toute communication officielle des autorités compétentes. De son côté, Johnson Roussety, leader du Front patriotique rodriguais écologique (FPRe), est monté au créneau pour réclamer des explications et pour initier une campagne visant à réclamer le versement d’une compensation de l’ordre de Rs 36 millions aux producteurs de limons de Rodrigues. D’autre part, l’Executive Council de l’Assemblée régionale de Rodrigues a décrété la prohibition de toute importation de pommes d’amour, de piments, de choux, présentés comme des vecteurs potentiels de la chenille des légionnaires.

Si pour les champs de maïs dévastés par les larves de Fall Army Worm, la nécessité de mettre un terme à toute culture pour les deux prochaines récoltes, soit jusqu’à la fin de l’année, est acceptée par la communauté des planteurs, par contre, pour les limons, la décision d’interdire toute exportation sur Maurice n’a pas été encore digérée. En plus, les producteurs de limons se sont retrouvés devant un fait accompli.

Au départ du MV Black Rhino, au cours de la semaine écoulée, ils sont descendus à Port-Mathurin avec leurs cargaisons de limons à destination de Maurice. L’ordre était formel : aucun limon ne peut être embarqué, et cela sans aucune explication. Devant cet état de choses et averti des difficultés des planteurs, Johnson Roussety s’est saisi de la question. Il a tenté en vain de pousser les autorités, à Rodrigues et à Maurice, de faire marche arrière.

En attendant de pouvoir mobiliser les Rodriguais pour un mouvement de protestations en vue de déposer leurs récoltes de limons devant les bureaux de la Commission de l’Agriculture de l’Assemblée régionale de Rodrigues, il a animé un point de presse pour alerter l’opinion. Il devait faire état du désarroi des planteurs, qui ne savent plus que faire. Cette interdiction d’exportation intervient au mauvais moment, car l’année dernière, avec une surproduction de ces agrumes, ils n’avaient pu obtenir qu’un prix de survie.

Le leader du FPRe affirme ne pas comprendre comment le gouvernement régional de Rodrigues a pu avaliser une telle demande de Maurice. « Le risque de contamination par la larve est nul, car Maurice et Rodrigues sont déjà infectés. Une absurdité. Bien plus grave, une injustice, car l’importation des légumes depuis Maurice est maintenue, alors qu’on interdit l’exportation des limons. Les planteurs de limons sont privés de leur gagne-pain », déclare-t-il. Il ajoute que le limon, étant acide, ne semble pas être capable de véhiculer la transmission de la chenille en question.

Rs 36 millions réclamées

Johnson Roussety a apostrophé le commissaire à l’Agriculture, Richard Payendee, sur son projet que la Rodrigues Trading and Marketing Company rachète les limons. ‘’Eski RTMC pou asté tou limon la ek sili pa pe dir sa la parski li koné pena bocou limon et après bane planteurs pou lor la paille, parski pou ena bocou limon plitar”, s’insurge-t-il. Il a lancé un appel au Chef commissaire Serge Clair et aux commissaires de l’Assemblée régionale en vue d’assumer leurs responsabilités et de proposer des solutions viables aux planteurs.

Devant l’absence de réactions de la part de l’Administration de Rodrigues, le leader du FPRe est revenu à la charge, hier, sur sa page Facebook. Il réclame le paiement d’une compensation de l’ordre de Rs 36 millions aux planteurs. « Si Rodrigues exporte des limons pour un montant de Rs 1 million à chaque voyage du bateau. Avec trois rotations par mois, cela nous amène à 36 millions. D’où la somme de Rs 36 millions réclamées », explique-t-il.

Johnson Roussety pousse la provocation encore plus loin en proposant aux deux députés de l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR), Francesco François et Buisson Léopold, à interpeller le gouvernementant central sur cette question cruciale, soit par une Parliamentary Question à l’Assemblée nationale au ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun : « Will the Minister give the justification, taking account of the fact that the Fall Army worm has also been found to be present in Mauritius, as to why export of lemons from Rodrigues has been banned and whether he is aware of the estimated loss of Rs 1 million per boat trip for lemon growers and seek means to compensate them for the estimated total loss of about Rs 36 million for one year ? »

Dans le même posting, le leader du FPRe ajoute qu’en cas de refus des députés de l’OPR de soulever la question, il ne voit pas d’inconvénient à ce que le relais soit pris par le député du PMSD, Patrice Armance. Il a condamné « l’incompétence du gouvernement régional à réagir dans l’urgence et en faveur de la population » et mis en garde des répercussions sur d’autres secteurs d’activités économiques, dont le tourisme, où dans une tentative de lutte contre la prolifération de la chenille des légionnaires, aucune desserte aérienne nocturne ne sera assurée.

D’autre part, l’Executive Council de l’Assemblée régionale a pris a décision d’interdire l’importation de tomates, de piments et de choux suite à des recommandations du Crisis Committee institué après la détection de la présence de la larve constituant une menace grave pour l’agriculture. Il a été également décidé que toutes les cargaisons de fruits et légumes devront être importées à Rodrigues dans des conteneurs réfrigérés. Des certificats phytosanitaires devront obligatoirement accompagner ces importations.

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