Air Mauritius et Covid-19 – Les pilotes demandent aussi l’amendement des protocoles sanitaires

Dans un courriel adressé vendredi au Dr Gaud, tout comme les membres Cabin Crew, ils souhaitent revoir la problématique de l’auto-isolement et du transport vers l’aéroport à Paris notamment

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L’association des pilotes de ligne d’Air Mauritius (MALPA) a adressé un courriel, vendredi, à l’une des représentantes du gouvernement sur le Covid-19, Mme Gaud, pour porter à son attention certaines préoccupations concernant les protocoles actuels du ministère de la Santé pour l’équipage pilote. Cette démarche inhabituelle, même si figurent en copie un représentant du ministère de la Santé et un représentant d’Air Mauritius, le pilote responsable de la sécurité de ses confrères, démontre que pour être éventuellement entendu dans ce domaine, le couple Gaud/Joomaye est devenu un maillon incontournable, alors que l’Etat et les ministères possèdent en leur sein des fonctionnaires tout à fait capables de comprendre le problème et d’aider à prendre les décisions avisées.

En gros, les pilotes demandent d’apporter les trois changements suivants dans le but, au bout du compte, de protéger les passagers et le citoyen mauricien, de même que leurs conditions de travail. Les pilotes soutiennent leurs préoccupations concernant les protocoles actuels du ministère de la Santé afin d’expliciter leurs revendications.

1. Que ceux qui sont en auto-isolement ne soient pas inscrits pour un vol avec un autre pilote qui n’est pas en isolement si le vol ne nécessite pas d’isolement par la suite. Cela éviterait un contact entre un pilote sain et un pilote en isolement, ce qui demeure un risque de contamination.

La MALPA rappelle que les pilotes peuvent être rappelés pour effectuer un autre vol pendant leurs sept jours d’isolement. Elle explique qu’il existe actuellement deux types de vols : un qui nécessite 7 jours d’isolement (avec passager ou escale) et un autre (cargaison) qui ne nécessite aucune isolation. Selon elle, il y a eu plusieurs cas où un pilote (pilote A) qui a été appelé pour effectuer un vol pendant ses sept jours, où son isolement a été jumelé avec un autre pilote (pilote B) pour un vol cargo. Dans cette situation, il y a un facteur de risque. Le pilote A poursuivra son isolement, tandis que le pilote B, qui a été en contact étroit avec le pilote A et peut avoir été contaminé, est désormais libre de se déplacer sur l’île. Elle s’interroge sur comment demander au pilote A de n’avoir aucun contact avec les membres de sa famille et ses amis, mais peut-il être en contact avec un collègue? Elle rappelle que le port d’un masque et d’un gant n’est pas possible dans le cockpit et qu’il n’est pas non plus possible de désinfecter chaque bouton après que le collègue l’ait touché.

2. Que l’auto-isolement ne soit pas considéré comme un jour de congé sur la liste des pilotes. Le pilote devrait, en fait, bénéficier d’un minimum de «vrai jour de congé» pour pouvoir rester en bonne santé.

Les pilotes affirment qu’après un vol qui nécessite une auto-isolation, les pilotes sont inscrits en mode OFF sur leur liste. Ils soutiennent qu’un «jour de congé» est un jour très important pour un pilote. C’est une journée libre de tout service qui permet au pilote de participer à des activités de loisirs et de se reposer afin d’être en meilleure santé mentale et physique pour son prochain vol. En mode isolement, ils ne sont pas en mesure de participer aux activités de loisirs normales. De plus, des périodes d’isolement récurrentes (certains sont en isolement depuis plus de 25 jours consécutifs) peuvent avoir un impact négatif sur la santé et le bien-être d’une personne. Pour convaincre leurs interlocuteurs, les pilotes ont ajouter à leur courriel un document médical et officiel de la profession qui explique la raison pour laquelle les pilotes ont besoin de jours de congé appropriés et pourquoi le devoir d’auto-isolement ne peut être considéré comme un jour de congé.

3. Que l’équipage dispose d’un mode de transport vers et depuis l’hôtel à Paris pour minimiser les contacts possibles et diminuer l’exposition potentielle au virus.

La MALPA explique que lors d’une escale à Paris, l’équipage est prié de ne pas quitter les locaux de l’hôtel. Cependant, l’équipage est prié de se rendre à pied et via une navette publique en commun du terminal 2 à l’hôtel qui se trouve dans le terminal 3 et inversement. Les pilotes témoignent qu’il y a eu de nombreux cas où la navette était remplie sans maintenir la distance sociale, ce qui constitue un risque majeur de contamination des équipages, surtout dans un pays où la pandémie est au maximum. La MALPA insiste sur le fait que toutes les autres compagnies aériennes aient un bus qui les emmène de l’avion directement à l’hôtel.

Les pilotes espèrent que le gouvernement sera sensible à leurs demandes qui sont légitimes et visent à aider le pays de conserver sa longévité de Covid-free island.

Pour maintenir en l’état d’auto-isolement

Le personnel navigant se dit «coerced»

Le personnel navigant dit subir d’énormes pressions de toute part pour affirmer qu’il peut poursuivre le protocole sanitaire de l’auto-isolement à domicile en famille s’ils veulent reprendre leur travail et les vols. Sinon, leur a-t-on fait comprendre, ce sera la sanction du leave without pay pour les trois prochains mois.

Le Cabin Crew considère comme hautement discriminatoire ce qui ressemble fort à un chantage abject du management d’Air Mauritius.

Etrangement, après le sondage auprès des employés qui se disent affectés par ce protocole sanitaire conjoint MK/ministère de la Santé pour l’auto-isolement à la maison, le management de MK avait agréé à ce que certains employés soient dirigés sur des vols qui ne nécessitent pas d’isolement. Pourtant, pour d’autres c’est le congé sans solde pour trois mois.

Les hôtesses et les stewards touchés par cette mesure réaffirment leur désapprobation devant cette politique de deux poids, de deux mesures, puisque dans la même catégorie de personnel navigant, les administrateurs veulent créer deux groupes, l’un qui travaille et l’autre mis en congé sans salaire. Le pire, disent-ils, c’est qu’une énorme pression est exercée sur le personnel naviguat pour qu’ils renoncent à cette revendication qui vise surtout à protéger leurs familles, mais aussi la population mauricienne. Pour MK et le gouvernement, reloger ailleurs ces membres du personnel représenterait un budget supplémentaire aux autres quarantaines existantes et obligatoires, comme pour le personnel médical et hôtelier. Le Cabin Crew considère qu’ils sont aussi légitimes comme frontliner que ceux qui bénéficient d’un hébergement de l’Etat lorsqu’ils sont en service.

En fait, les employés qui ne sont pas d’accord avec cet auto-isolement parce qu’il met à risque de contamination éventuelle les autres habitants de la maison, la famille en particulier, les conjoints, les enfants et les grands-parents.

Le Cabin Crew, preuve à l’appui, montre que leurs revendications ne sont pas nouvelles et conjoncturelles, puisque cela se trouvait déjà sur leurs listes de demandes de protection depuis mars dernier, lors des premières incursions de la Covid-19 chez nous.

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