Air Mauritius — Renvoi de la Watershed Meeting pour janvier 2022 : Les employés crient leur colère et leur déception

L’annonce en début de semaine dernière, par les administrateurs d’Air Mauritius, qu’en vertu d’une décision de la Cour suprême, le délai prévu sous la section 225 (4) de l’Insolvency Act a été prorogé, renvoyant ainsi la Watershed Meeting pour la compagnie d’aviation nationale et sa filiale Airmate – prévue initialement début décembre 2020, mais reportée pour juin 2021 – au plus tard le 31 janvier 2022, suscite la colère, la frustration et le découragement des employés. Surtout qu’ils s’attendaient que leur cauchemar prenne fin ce mois-ci, après plus d’un an de mise sous administration volontaire et de travail à temps partiel pour certains, quand ce n’est pas le leave without pay pour d’autres, sans compter la réduction des salaires,. Ce communiqué émis par les administrateurs vient ainsi accentuer leur détresse. Évoquant l’opacité autour du travail effectué depuis plus d’un an par Sattar Hajee Abdoula et Arvindsingh Gokhool, qui à ce jour annoncent une économie de seulement Rs 1,75 milliard annuellement, insuffisante pour sortir la compagnie de l’administration volontaire, ces employés se disent désespérés quant à l’avenir de leur compagnie et le leur.

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Après plus de 20 années de service au sein de la compagnie d’aviation nationale, Brigitte s’est retrouvée l’an dernier contrainte de signer le deal des administrateurs de MK à l’effet que, comme d’autres, pour garder son poste, elle travaillerait un mois et serait en leave without pay (LWP) le mois suivant. Cela fait plus d’un an que Brigitte se démène pour survivre. Car même sans enfants, elle a des dettes à honorer chaque mois. C’est ainsi que la construction de sa maison a été mise en suspens en attendant une amélioration de sa situation financière. Car les banques ont refusé sa demande de prêt. « En raison du manque de visibilité quant à la situation d’Air Mauritius notamment, les banques ont refusé ma demande de prêt. Du coup, je me retrouve avec d’autres prêts à rembourser et un loyer à payer, alors que mon salaire a été réduit et qu’après chaque mois de travail, je suis mise en LWP pour le mois suivant », explique la quadragénaire. « Une fois que j’enlève tous les frais à payer, il ne reste rien dans le salaire, que je dois faire durer sur deux mois », soupire-t-elle.

Si elle espérait que la watershed meeting, qui a déjà été renvoyée en décembre dernier à ce mois-ci, amène une solution pour sauver la compagnie d’aviation nationale, et par là même l’emploi, Brigitte est aujourd’hui « sceptique » et surtout « désespérée ». Cette hôtesse de l’air a tenté de trouver un autre travail.

« À quoi ça sert de nous faire languir ? »

Mais personne n’embauche en ce moment. Surtout pas pour des personnes dans sa situation qui « peuvent travailler un mois et disparaîtront le mois suivant pour revenir ensuite après », car malgré tout, elle est toujours employée par Air Mauritius. « Même les supermarchés ne veulent pas me recruter. Pourtant, je suis disposée à travailler n’importe où, que ce soit à la caisse, dans les rayons, ou dans l’arrière-plan, à éplucher les légumes », dit-elle. Mais à Maurice, il n’existe pas de contrat à durée déterminé comme cela me permettrait de garder mon emploi que j’aime chez Air Mauritius et de travailler un mois sur deux, explique Brigitte.

L’annonce d’un nouveau renvoi de la watershed meeting accentue ainsi davantage la pression sur le moral des employés, qui espéraient tous cette réunion censée dévoiler un plan d’action pour la compagnie d’aviation nationale et par la même occasion établir l’avenir des employés de MK. « C’est difficile. On attend, on attend. Cela fait plus d’un an que nous sommes dans cette situation d’attente. Et cela pèse sur notre moral. Surtout que nous ne savons pas si nous attendons pour le meilleur ou pour le pire. C’est une véritable torture », dit l’hôtesse de l’air.

Tantôt en colère, tantôt frustrée, Brigitte essaye de rester un tant soit peu positive. « L’idée est que les administrateurs fassent quelque chose pour tirer Air Mauritius de là où elle se trouve aujourd’hui. On leur a assigné cette tâche. S’ils sont en train de travailler, d’où la nécessité de repousser encore une fois la watershed meeting, cela se comprend. Mais si c’est pour mettre la clé sous le paillasson, à quoi ça sert de nous faire languir encore et encore?» dit-elle.

Outre le découragement et l’incompréhension, c’est aussi la colère qui anime bon nombre d’employés d’Air Mauritius qui se retrouvent pour beaucoup dans une situation précaire. « Comment a-t-on pu donner une extension de l’administration volontaire alors que les administrateurs n’arrivent pas à assurer les salaires ? » s’interroge Andy, flight purser. S’attardant sur le sentiment de ras-le-bol et de lassitude des employés vis-à-vis de tout ce qui concerne l’actuelle administration, il explique que « nous ne croyons plus un mot de ce que racontent les administrateurs. »D’ailleurs, rappelle-t-il, au début, les administrateurs avaient attribué la faute aux salaires des employés. « Nous connaissons le niveau de salaires dans le secteur et ce que paye MK est bien en dessous de ce que paient ses concurrents directs. C’est bien accommodant de faire porter le chapeau aux salaires, comme pour détourner l’attention des causes réelles », dit-il.

Si la watershed meeting devait aussi venir mettre en lumière les raisons derrière la chute de MK, la longue attente pour sa tenue et ses renvois frustrent les employés, dit Andy. « Ce qui résume cette administration volontaire, c’est l’opacité dans laquelle les administrateurs travaillent. Nous, nous voulons savoir si à ce jour les causes réelles de la chute de la compagnie sont connues et si le travail effectué jusqu’ici va permettre de redresser la situation. Et qu’on ne nous parle pas de Covid. La Covid-19 est une situation temporaire. Dites-nous quelles sont les actions qui ont été prises pour que notre compagnie retourne vers des sommets », dit-il.

Opacité

Dans le sillage, ce flight purser note « un manque de confiance de l’actionnaire principal », soit l’État, qui n’a pas recapitalisé dans la compagnie. D’où l’accentuation du découragement et de la frustration chez les employés de MK, dit-il. « D’ailleurs, si l’État même n’a pas confiance en MK, je vois mal revenir la confiance de la clientèle envers une compagnie qui, de par ce qu’elle communique actuellement, ne dégage pas l’image qu’elle va poursuivre ses activités ou maintenir son réseau. Quelle confiance aura la clientèle d’acheter un billet si la compagnie ne donne pas l’assurance qu’elle va tenir ses engagements ? Combien de clients actuellement ne savent pas si leur billet va être remboursé? » dit ce membre de l’équipage.

Plusieurs décisions prises jusqu’ici par les administrateurs étonnent le personnel d’Air Mauritius qui reste sceptique quant à la volonté de sauver la compagnie. À titre d’exemple, le flight purser soutient qu’au moment où l’administrateur disait, dans sa première conférence de presse en 2020, que « pa kapav met bwat lor chaise », évoquant ainsi l’impossibilité de mettre du cargo en cabine, Air Austral finalisait ses procédures de cargo en cabine. « « Cela fait 28 ans que je travaille dans cette compagnie et je ne l’ai jamais vue dans un tel état de déroute. Il y a eu des moments de doute sur ce qui se faisait dans le passé, comme lors du hedging. Mais au moins il y avait un plan qui était mis en place et surtout la direction avait saisi l’importance de garder le personnel motivé. Aujourd’hui, on nous accuse d’avoir causé la perte de la compagnie », déplore ce membre d’équipage.

« J’imagine le pire »

Découragé, il fait ressortir qu’il a à sa charge deux enfants encore très jeunes et pour lesquels en sus des frais personnels, il doit aussi et surtout assurer la scolarité. « Aujourd’hui, après avoir payé le prêt pour la maison et l’école, il ne reste plus rien. Tout ce que j’ai pu économiser pendant toutes ces années y passe. Heureusement que je reçois de l’aide des parents pour faire les courses. Si au moins les administrateurs avaient assuré les salaires pendant la période où le gouvernement assurait le GWAS, au lieu de nous mettre en LWP, nous aurions pu souffler un peu. J’ai bien l’impression que ces gens vivent dans une telle richesse qu’ils sont incapables de concevoir les difficultés dans lesquelles leur décision place les gens tels que nous », dit Andy.

Si contrairement à une centaine de ses collègues, Chaya, âgée de plus de 50 ans et comptant plus de 30 ans de service, n’a pas été remerciée jusqu’ici par Air Mauritius, sa situation n’est pas pour autant moins précaire. Aujourd’hui, avec le nouveau renvoi de la watershed meeting des administrateurs, elle craint d’être « dans le second batch. » « Je n’ose même pas ouvrir les mails que MK nous envoie tellement j’imagine le pire », soupire-t-elle. Elle ne cache pas sa frustration et sa déception du nouveau renvoi de la rencontre. « Nous attendions cette réunion en pensant que cela allait enfin trancher sur l’avenir de MK, mais avec tous ces renvois, la corde est aujourd’hui comme un élastique qui ne tient plus. On est découragés », dit Chaya. Après plus d’un an sous administration volontaire, la frustration grandit de jour en jour, dit-elle, faisant ressortir qu’en outre, avec les informations qui circulent, « il y a de quoi être désespérés. »

D’autant que le flou perdure quant aux mesures prises par les administrateurs pour réellement sortir MK sous administration volontaire. Le délai s’étend au fil des mois. « Qui plus est, il n’y a aucune communication entre les administrateurs et les syndicats », s’insurge-t-elle. Les révélations à une question du député PTr Fabrice David au Parlement par le Premier ministre à l’effet que les employés de MK et d’Airmate Ltd ont bénéficié d’un soutien de Rs 557,8 M, soit 13 mois et demi sous le Wage Assistance Scheme, suscitent aussi les interrogations des employés de MK quant aux économies réelles que font les administrateurs pour sauver la compagnie d’aviation nationale. « Si c’est le gouvernement qui nous paye, alors où va l’argent de notre salaire qui devrait sauver la compagnie ? » demande Chaya.

L’AMCCA demande au Premier ministre d’enquêter

  Pourquoi 225 employés de MK sont privés de l’aide salariale de la GWAS

  Le PM invité à s’enquérir aussi sur la caisse de retraite et les affaires de l’entreprise

  Les membres du personnel navigant exposent les sacrifices qu’ils ont consentis pendant des années pour sauver MK

Pour faire suite à la réponse du Premier ministre au Parlement, le 18 mai dernier, affirmant que tous les employés éligibles du secteur du tourisme ont bénéficié de 13 mois et demi de salaire du Government Wage Assistance Scheme (GWAS) de mars 2020 à avril 2021, la Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) par le biais de sa présidente, Yogita Baboo, l’invite à ouvrir une enquête, puisque les employés éligibles d’Air Mauritius n’ont pas reçu les 13 mois et demi complets de cette aide salariale du gouvernement. Le PM est aussi appelé à s’enquérir du devenir de la caisse de retraite de la compagnie et de l’état des affaires de l’entreprise, alors que l’association met en relief les nombreux sacrifices consentis par leurs membres pour sauver Air Mauritius.

L’AMCCA constate qu’environ 225 de ses membres, bien qu’éligibles au GWAS, en ont été privés. Ses membres éligibles n’ont reçu qu’entre 8 et 10 mois de salaire de base au lieu de 13 mois et demi, comme indiqué. Le syndicat ne comprend pas pourquoi seuls les employés d’Air Mauritius, citoyens mauriciens, en particulier le personnel de cabine, membres de l’AMCCA, ont été exemptés de cette aide financière.

L’administration volontaire ne peut et ne doit pas être une excuse pour exempter les employés d’un secteur aussi touché que l’industrie du transport aérien, de percevoir la totalité de la GWAS. L’AMCAA considère que cette exemption est une discrimination allant à l’encontre du principe de la bonne gouvernance.

Le syndicat du personnel navigant dit noter avec tristesse aussi que des Rs 9 milliards qui avaient été votées dans le dernier budget (2020-2021) pour soutenir la compagnie nationale d’aviation, aucune aide financière aux salariés n’en fait partie.

Les membres d’équipage de cabine s’estiment lésés et disent avoir été traités injustement. Ainsi, ils demandent au PM Pravind Jugnauth d’enquêter sur la question et de rétablir leurs droits à recevoir 13 mois et demi de salaire dans le cadre du GWAS, comme cela a été le cas pour tous les employés du secteur du tourisme, entre mars 2020 et avril 2021 à ce jour.

Le trou de la caisse de retraite dans le collimateur

Il est également demandé au PM d’enquêter sur la caisse de retraite de la compagnie Air Mauritius. L’AMCCA explique que les administrateurs ont envoyé tous les employés éligibles atteignant 33 ans et 1/3 de service ou plus à la retraite, sans s’assurer que le fonds de pension était en mesure de maintenir le paiement de leur lump sum. Plus de 130 salariés qui comptaient 33 ans et 1/3 d’ancienneté ou plus ont été contraints de prendre leur retraite mais à ce jour, ces personnes n’ont pas reçu leur lump sum.

Ce n’est qu’après avoir accepté leur lettre de départ à la retraite qu’ils ont été informés que le paiement de leur lump sumdépendra uniquement de l’issue de la Watershed meeting qui a été reportée plusieurs fois, la dernière prévue pour ce mois de juin l’ayant été à janvier 2022. Il est important de prendre note, selon le syndicat, que le Conseil d’administration, composé de 6 membres, dont 4 d’Air Mauritius et 2 du côté des salariés, n’a jamais soulevé la question de manque éventuel de fonds dans le régime de retraite.

D’autre part, l’AMCCA regrette que les administrateurs, qui ont également le devoir fondamental de s’enquérir publiquement de l’état des affaires de la société, ont omis de le faire jusqu’ici. Il en résulte la grande inquiétude pour ceux qui partent à la retraite sans leurs cotisations. Le fait que la Watershed meeting a, de nouveau, été reportée à janvier prochain n’est pas pour les rassurer.

Enquête approfondie sur l’état des affaires de l’entreprise

L’AMCCA se demande aussi pourquoi la compagnie est toujours sous administration aujourd’hui. Elle note que le ministre des Finances a informé la Chambre que seulement 3 milliards de roupies ont été injectées dans MK. En toute transparence, donc, elle demande aux autorités la raison pour laquelle on maintient le statu quo. Ce, alors que le coût attendu de l’entreprise était estimé à Rs 9,5 milliards en mars 2021 et que Rs 2 milliards d’économies ont été réalisées grâce à l’Administration en novembre 2021. Ainsi, le coût estimé de maintien de la solvabilité de l’entreprise est passé à Rs 7,5 milliards – ce qui est bien en deça du montant budgété de Rs 9 milliards approuvé pour être injecté dans le transporteur national.

L’association regrette que si toutes les autres compagnies aériennes dans le monde fonctionnent toujours, même à une capacité inférieure avec l’aide financière de leur gouvernement, Air Mauritius maintient, elle, cette situation d’inactivité commerciale.

Yogita Babbo exhorte le PM – sur qui repose le dernier espoir de l’AMCCA pour retrouver leur fierté et remettre Air Mauritius dans les airs – à comprendre que cette situation d’administration de MK pèse lourdement sur les employés. Elle s’avère aussi être une expérience traumatisante étant donné que les employés des compagnies aériennes traversent déjà le stress de la situation de pandémie de Covid 19. L’AMCCA lui demande, puisque MK relève du PMO, d’user de sa pleine autorité pour initier une enquête transparente avec des personnes sans intérêt particulier, afin de mettre en lumière toutes les incohérences ayant entraîné la chute de notre National Carrier.

Les efforts et sacrifices des employés pas reconnus

La présidente de l’association récuse avec force la position des administrateurs de jeter le blâme sur des épaules des employés quant à l’état actuel de l’entreprise, ce qui est totalement faux. Elle soutient que les rapports annuels officiels publiés par MK montrent que les employés ont, au fil des ans, continué à honorer leurs contrats de travail et ont assumé leur devoir 24 heures sur 24 pour assurer le bon fonctionnement de l’entreprise à leur niveau de compétence, et ce, toute bonne foi.

L’AMCCA a tenu, dans ce courrier, à rappeler au chef du gouvernement que depuis les fameux épisodes du Hedging, les employés de MK ont consenti à de nombreux sacrifices par convention collective pour soutenir la survie de l’entreprise. Elle cite à titre d’exemple que la communauté des équipages de cabine a épargné à Air Mauritius Ltd de dépenser un montant de Rs 50 millions pour le recrutement de 50 cabin crews sur une base permanente. À cette époque, l’AMCCA avait accepté d’augmenter ses heures de travail de 900 à 1000 heures, sans aucune augmentation du salaire de base qui, pourtant, handicape directement la retraite des employés.

L’AMCAA reproche aussi à Air Mauritius Ltd d’avoir, depuis 2018, effectué de nombreuses dépenses injustifiées sous la direction du CEO Somaskaran Appavoo, au lieu de donner leur dû à la communauté des équipages. Elle cite pour exemples les nouveaux uniformes, le relooking de l’intérieur de l’avion MK,  la certification Skytrax, etc…. En sus, les cabin crews portent un œil critique sur la mauvaise planification du renouvellement de la flotte et pointe du doigt le board d’Air Mauritius, qui était pleinement conscient de la situation financière difficile de l’entreprise.

Selon le rapport annuel 2018-2019, dit-elle, seul le CEO de l’époque a obtenu une augmentation de salaire de 100%, alors que tous les employés à tous les niveaux ont obtenu une augmentation de 10% du salaire de base,sous forme d’indemnités pendant un an. Ce qui a été bénéfique pour la société car elle a déchargé Air Mauritius Ltd de la responsabilité de verser un montant plus élevé à la pension en conséquence.

Attention à ne pas sacrifier la sécurité à bord !

Enfin, l’AMCCA rappelle que depuis le 11 septembre 2001, la sécurité est devenue  LA priorité absolue. Comme indiqué dans la politique d’Air Mauritius, “La sécurité prime sur la rentabilité.”  Malheureusement, l’AMCCA dit constater que depuis l’administration volontaire, il y a eu de nombreuses dérégulations.              Ainsi, dans le cadre de l’administration volontaire, la réduction des coûts est la priorité. Cette politique a montré ses limites pour la sécurité lorsque le capot du moteur ATR sur un vol de Rodrigues s’est ouvert en vol en décembre 2020. La réduction de l’équipage à bord de l’avion a un impact direct sur la sécurité lors de cet incident. L’AMCCA met, donc, en garde la compagnie sur cette question.

Les pilotes d’Air Mauritius déplorent le silence du PM

La Mauritius Air Line Pilots’Association (MALPA) récuse la décision des administrateurs de prolonger à nouveau la période d’administration volontaire jusqu’en janvier 2022 en reportant une nouvelle fois la Watershed meeting où devrait se décider l’avenir d’Air Mauritius… L’association des pilotes rappelle qu’ « en janvier 2022, cela fera 545 jours que vivent les employés d’MK avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête ! ». Les pilotes déplorent le silence des administrateurs et du Premier ministre Pravind Jugnauth qui n’ont pas donné suite à leurs récriminations et interrogations jusqu’ici.

La MALPA déplore le manque de communication et de transparence de la part des administrateurs sur le travail accompli jusqu’à présent. Cette incompréhension relève aussi du flou le plus total dans lequel se trouvent les employés de MK, qui sont aussi des créanciers de la compagnie, et qui n’ont aucune nouvelle sur la situation économique actuelle d’Air Mauritius Ltd. Les pilotes rappellent qu’en tant que membres du Creditors’ Committee, les administrateurs se doivent de répondre à leurs interrogations comme le prévoit la section 225 (2) de l’Insolvency Act.

La MALPA rappelle qu’en quête de réponses sur ce sujet délicat pour eux, une lettre ouverte a été adressée au Premier ministre, le 2 février 2021 afin que le GM rende publics les travaux effectués jusqu’à ce jour par les administrateurs. Une deuxième lettre ouverte, toujours adressée au PM par le syndicat des Pilotes, datant du 16 avril 2021, faisait référence au fait que d’autres compagnies comme Virgin ou encore South African Airways n’étaient plus sous administration et avait déjà repris leurs activités. Il lui avait alors été demandé quel était le plan de relance pour la compagnie après la réouverture des frontières.

Les pilotes regrettent qu’à ce jour toutes leurs questions soient restées sans réponses de la part des administrateurs et du PM qui « reste très vague sur les questions posées lors des séances de l’Assemblée nationale, notamment sur la question concernant la rémunération des administrateurs ». Selon le syndicat des pilotes, le silence est dû au fait que leur salaire « détonne avec la situation financière précaire d’MK ».

Cette attitude de ne rien révéler démontre un manque de considération flagrant pour les employés de la compagnie d’aviation nationale. Il est d’ailleurs important de rappeler que la clause 225 (3) du « I’Insolvency Act » stipule que les administrateurs sont personnellement responsables des salaires des employés, sauf préavis de licenciement donné dans les 21 jours prévus par cet acte.

Les questions restées sans réponses

Qu’en est-il de l’avancée de l’administration d’Air Mauritius à ce jour ?

Quel rôle l’État, actionnaire majoritaire, doit-il jouer pour la survie d’Air Mauritius ?

Qu’en est-il des fonds alloués lors du budget pour la sauvegarde du transporteur national ? Sous quelle forme et quand seront-ils injectés ? Comment s’assurer que ces fonds seront utilisés à bon escient ?

Quel avenir pour ceux ayant été licenciés ?

Sous administration jusqu’enjuin 2021, les employés licenciés n’ayant toujours pas perçu leur pension, nous demandons que l’État joue son rôle sur les fonds de pension dilapidés, à savoir combler le déficit.

Nous demandons de connaître les plans des administrateurs concernant la possibilité davantage de licenciements sachant qu’une décision du cabinet ministériel fait droit jusqu’enjuin 2021.

Nous demandons la mise en place d’un plan de départ volontaire applicable à tous les employés de toutes catégories âgés de 50 ans et plus, avec des indemnités correspondant à la qualification et à l’ancienneté de chacun.

Nous voulons savoir, de manière claire, si le Leave Without Pay & Part-Time Scheme imposé après avoir obtenu la dérogation du ministère du Travail sur la section 32 (2) est, et sera distribué de manière équitable entre TOUTES LES CATÉGORIES D’EMPLOYÉS.

Est-ce que les normes sanitaires mises en place pour les employés sont adaptées pour leur protection, celle de leurs proches et pour la population ?

Est-ce que des remaniements sont prévus au niveau de la direction ?

Après s’être attaqués aux employés, ne serait-il pas grand temps que les administrateurs se penchent sur le vrai problème de la mauvaise gestion qui a conduit Air Mauritius là où elle se trouve aujourd’hui ?

 

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