Air Mauritius: transport du personnel navigant — Des hôtesses et stewards se disent lésés par un système obsolète

Résidant hors des zones de ramassage, ils parlent d’un parcours du combattant pour se rendre au travail

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Même s’ils sont toujours tirés à quatre épingles, arborant fièrement leur uniforme à bord, affichant le sourire et la gentillesse de rigueur, certains membres de l’équipage d’Air Mauritius passeraient par des zones de turbulences en se rendant au travail. En effet, des hôtesses et stewards de la compagnie d’aviation nationale, habitant hors des zones de ramassage par le service de transport qui est mis à la disposition de l’équipage, souhaiteraient que la direction revoie ce système, lequel, selon eux, les pénalise, bien qu’ils aient agréé aux conditions de transport figurant dans leur contrat d’embauche. De son côté, Air Mauritius travaillerait sur un projet de “hub” en vue d’améliorer le système de transport de son personnel navigant, mais la compagnie rappelle que les employés étaient pleinement conscients des conditions de transport au moment de signer le contrat de travail.

Des membres du personnel d’équipage qui ne sont pas récupérés et déposés devant leur domicile ont fait part de leur sentiment de frustration auprès de leur syndicat et envisagent même de faire appel devant l’Equal Opportunities Commission, tant que cette situation sera contraignante. En effet, ne figurant pas dans les “pick-up areas” définis par la compagnie depuis plusieurs décennies, des membres d’équipage concernés doivent s’arranger pour se rendre, en uniforme et avec leurs valises, dans les zones de ramassage afin de bénéficier du service de transport. Jusqu’ici, les négociations entre le syndicat du personnel de cabine et la direction pour que le service de transport soit accessible à tous, indistinctement, n’ont pas abouti, et ceux qui sont concernés se disent victimes d’une forme de discrimination, d’autant que des pilotes et des copilotes qui habitent hors zones bénéficient, eux, du transport. Du côté de la compagnie nationale, on insiste sur les conditions pleinement acceptées par le personnel navigant au moment de l’embauche où l’accent était mis sur “Air Mauritius et le cabin crew s’accordant sur les points de ramassage”, et que ceux qui ne sont pas récupérés chez eux percevraient une allocation compensant leur trajet en voiture. Aussi, Air Mauritius travaillerait-il sur un projet de hub: en clair, de nouveaux points de ramassage pour le personnel navigant, mais, entre-temps, certains d’entre eux, qui se sont confiés à Week-End, racontent que se rendre sur leur lieu de travail est un véritable parcours du combattant
Des pick-up areas conçus depuis des décennies
Cela fait plusieurs décennies que les zones d’arrêt ont été définies en fonction du réseau routier tel qu’il était à l’époque. Concernant le Nord, le transport s’arrête à Sainte-Croix : l’Ouest: Pierrefonds, l’Est: Moka et Saint-Pierre depuis peu, et pour le Sud, les véhicules ne vont pas plus loin que Mahébourg. Depuis, malgré les développements intervenus sur des routes et au niveau d’Air Mauritius cette anomalie n’a jamais été corrigée. “Aujourd’hui, certaines routes et autoroutes rendent plus accessibles des régions dites éloignées, contrairement aux villes où les embouteillages sont constants et où la conduite est difficile”, rappellent les employés. Seul changement majeur : il y a quelques années, la direction avait décidé de rembourser partiellement les frais de transport de ses employés qui voyagent par leurs propres moyens. Les plus chanceux sont peut-être ceux qui peuvent faire une partie du trajet jusqu’à chez un proche habitant la zone de ramassage. Ils peuvent alors y garer leurs véhicules en toute sécurité et se faire récupérer par le transport de la compagnie. Faute de choix d’autres garent leurs véhicules dans les parkings de centres commerciaux et prennent ensuite les cars d’Air Mauritius. Leurs véhicules restent alors sur les lieux pendant des jours et des nuits en attendant le retour de leurs propriétaires avec tous les inconvénients que cela peut comporter. Il y a aussi ceux qui doivent constamment se débrouiller pour un lift ou payer de leurs deniers un taxi jusqu’au point de ramassage où jusqu’à l’aéroport, même si dans le dernier cas les frais ne sont que partiellement remboursés.
Insécurité
Par ailleurs, des incidents ont été signalés par certains employés dans des espaces publics où ils attendaient le transport pour se rendre au travail ou rentrer chez eux. Des hôtesses et stewards attendant seuls avec leurs bagages à des heures indues peuvent, en effet, attirer l’attention de malfrats. Et c’est pour cela que la question de la sécurité est primordiale dans la requête des employés. Ils évoquent aussi l’état d’épuisement dans lequel ils se trouvent après un vol de long courrier. “Certains vols durent dix heures, alors que le temps de repos à bord de l’avion est limité. A l’arrivée, nous sommes exténués. Nos collègues qui rentrent chez eux par le van peuvent dormir pendant le trajet. Ce qui n’est pas notre cas et si nous devons récupérer notre véhicule sur un parking ou ailleurs, conduire en état de fatigue s’avère aussi pire qu’en état d’ivresse”, confie un membre du personnel naviguant.
Parallèlement des taxis sont chargés par la compagnie de récupérer et déposer des pilotes et copilotes habitant hors des pick-up areas. Les employés s’en étonnent, puisque cela démontre qu’Air Mauritius aurait la capacité d’envoyer ses véhicules au-delà des zones de ramassages “Cela veut-il dire que la fatigue d’un pilote ou d’un copilote a plus d’importance que celle d’une hôtesse ou d’un steward, alors que nous travaillons pendant les mêmes heures ? C’est clair qu’il s’agit d’une politique de deux poids, deux mesures”, scande un membre de l’équipage.

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