ANDERSEN — Pre-budget Webinar — Sithanen : « If you save zombies, you will throw money down the drain »

  • Afsar Ebrahim: « A lot of companies were in ICU even before COVID-19»
  • Consensus contre une majoration de taxes dans le cadre de la politique de Fiscal Consolidation

Rama Sithanen, Chairman & Director de Sanne Mauritius, soutient que le gouvernement ne pourra pas sauver toutes les entreprises, sinon ce sera de l’argent gaspillé à sauver des « zombies », alors que les fonds disponibles doivent également et surtout servir à restructurer l’économie. Il estime également que le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, ne doit pas augmenter les taxes afin de ne pas créer d’effet psychologique néfaste sur les entrepreneurs et investisseurs. Il dit que la priorité est de réduire les dépenses publiques et qu’il faut impérativement renverser la tendance des exportations qui dégringolent. Interrogé sur le bilan du dernier budget, il répondra sèchement que « nothing happened ». Il intervenait lors du Pre-Budget Webinar organisé par la firme Andersen sur le thème “How will the Mauritian economy shape up in a post-pandemic world ?”. Le débat était animé par Fazeel Soyfoo, associé chez Andersen.

- Publicité -

D’emblée, Rama Sithanen a fait comprendre que le budget ne servirait pas à grand-chose sans une stratégie claire de sortie de crise : « The budget will have no relevance if there is no clear path in terms of exit strategy. » Il faudra savoir quoi, comment, quand et avec quelles conséquences, a-t-il souligné. Cela d’autant que les données ont changé pendant la pandémie face à la réouverture des frontières et qu’à ce niveau « they have to see how to unlock the country first then how to open borders and when to allow Mauritians to travel and data should drive the strategy instead of date. » Il s’agira de déterminer le moment approprié pour une réouverture des frontières, en tenant compte de la résurgence du nombre de cas et du rythme de vaccination, s’appesantit-il. Il n’y a pas d’autres solutions qu’un programme de vaccination accéléré, et surtout une campagne de communication pour situer l’urgennce quasi-permanente des gestes barrières. Il précise toutefois que « vaccination on its own will not deliver the solution » et il a plaidé pour la règle des quatre T (Test, Trace, Track and Treat).

Il s’est attardé sur l’importance des conditions sous lesquelles les frontières vont rouvrir, ajoutant que si les visiteurs sont vaccinés et qu’en sus de cela, une quarantaine est imposée, ce sera « very tough » de relancer le secteur du tourisme. Pour lui, la réouverture du pays doit passer par l’information, la flexibilité et une forme de « certitude » afin de permettre aux opérateurs touristiques de pouvoir opérer.

« You cannot save everybody »

Toujours au chapitre de l’Exit Strategy, il s’est demandé pendant combien de temps le gouvernement pourra soutenir le Wage Assistance Scheme et d’autres plans d’assitance financière. Et de prévenir que « if you remove support all of a sudden », cela pourrait avoir des effets désastreux sur les entreprises : « There will be a lot of casualties ». Et d’ajouter que « we need a stimulus package for some time and some monetary accommodation ».
Rama Sithanen a poursuivi : « You cannot save everybody. If you do you are going to save zombies and prevent the restructuring of the economy because you will thow money down the drain. Your support must be targeted, selective, timely, efficient and you have to support those that are viable, but affected by the pandemic and at the same time you need to revamp, transform, diversify an re-invent the economy in terms of technology and digital transformation, green and blue economy. » Il trouve dommage qu’il n’y ait pas eu de nouveau secteur économique créé depuis que l’on a lancé le Global Business. En gros, la tâche du gouvernement pour traverser la crise « est compliquée » et il s’agira de « cross the river by touching the stone and making sure you are not beaten by crocodile ».

Le Chairman de Sanne Mauritius a évoqué les exportations qui ont dégringolé en termes de pourcentage du PIB, « et si nous ne renversons pas la tendance nous serons dans de grosses difficultés ». Interrogé par Fazeel Soyfoo sur le précédent budget, il a énuméré les mesures annoncées l’année dernière en disant que « nothing happened » et que « I was teasing a friend: you just have to delete the date and replace the date, because nothing has changed. » Pourtant les mesures annoncees dans le dernier budget sont des « excellent objectives » mais que « in life you judge people on actions, not on intentions. »

Ne pas augmenter les taxes

Dans la conjoncture, « the challenge is to move from a coma induced situation to reviving the economy ». Et pour financer les mesures budgétaires, il est d’avis que le gouvernement ne doit pas majorer les taxes, ni l’impôt sur le revenu, ni la TVA ni la taxe sur les compagnies, car cela n’apportera pas grand-chose en termes de revenus. « However the psychological impact will be enormous », plaide Rama Sithanen. La solution serait de contrôler les dépenses publiques et si le ministre des Finances parvient à réaliser des économies de 3 à 4% du PIB, ce serait positif, estime-t-il.

Proposition faite aussi pour recycler l’argent non utilisé du COVID fund et du National Resilience Fund. « Il faudrait assurer une croissance d’au moins 5% cette année et ensuite obtenir ce qu’on appelle les dividendes de la croissance et du tax buoyancy. » Il fait également état d’une restructuration de la Mauritius Investment Corporation Limited avec une dose de Burden Sharing ».

Abordant brièvement la Contribution Sociale Généralisée avec le démantèlement du National Pensions Fund (NPF), il a prévenu que si Maurice a amélioré son classement en Ease of Doing Business, par contre « the cost of doing business has increased sharply » et cela risque de refroidir les investisseurs étrangers.

Afsar Ebrahim, fondateur de Kick Advisory Services, a axé son intervention sur le sort des petites et moyennes entreprises. Il regrette qu’il y a peu de Success Stories parmi les PME à Maurice. Pour lui, le problème est qu’on est en train de proposer de l’endettement systématique à ces entreprises. « Give more debt to SMEs is not the solution. » En revanche, le gouvernement pourrait donner des incitations aux investisseurs pour aider les PME à se développer, ce qui permettra à « the entrepreneurship spirit to flourish. » Afsar Ebrahim estime que la crise représente une opportunité pour un « paradigm shift that will create a new culture and unlock bottlenecks. »

Retour de la Financial Services Promotion Authority ?

Revenant sur la nécessité de relancer les exportations, il a rappelé qu’elle est liée à la connectivité aérienne et maritime. « Our national airline is grounded. I dontt think tourism will start without Air Mauritius as 60% of our tourism comes from our airline. We would like to know how much money government will put in Air Mauritius », a-t-il dit.

Le responsable de Kick Advisory Services a commenté aussi la situation dans le port avec la diminution des conférences maritimes desservant le pays. Il fait ressortir que « we need a clear strategy on logistics, and I wish the budget will announce it ». Il dit contre toute hausse de taxation et a suggéré plutôt d’ouvrir le pays à 5 000 familles étrangères. « Let them be tax resident in Mauritius. If they spend Rs 100 000 per month, that will bring at least Rs 6 billion of economic activity in the country », dit-il. Cette mesure permettrait d’avoir de nouveaux entrepreneurs dans le pays et de « diversifier notre base économique à travers de nouveaux talents ». Revenant sur l’assistance financière de l’Etat, il avance que « we cannot just look at social assistance, there will be a lot of casualties when we re-open as a lot of companies were in ICU even before COVID ».

Enfin, il a mis le doigt sur un probleme qui s’aggrave ces derniers mois, notamment dans le secteur des services financiers : « We are regularly hit by the European and international press, and we are not responding to those critics. Our message must be clear and I think we badly need a Financial Services Promotion Authority. » Concernant l’Afrique, il est d’avis que « we are not walking the talk » et que Maurice doit absolument se positionner pour ne pas se faire dépasser, comme cela a été le cas récemment avec le géant Twitter qui a préféré s’établir au Ghana plutôt qu’à Maurice.

Jean-Michel Pitot, président de l’Association des Hôtels et Restaurants de l’île Maurice (AHRI, a parlé de « fantastic partnership » avec la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA). Il a expliqué que tous les Mauriciens doivent comprendre qu’avec la réouverture des frontières, ce ne seront pas uniquement les touristes qui seront de retour mais l’économie dans son ensemble va pouvoir progresser. Il a expliqué que les hôteliers sont « very worried about the support of government », cela même s’ils sont conscients des « challenging equations » du ministre des Finances dans la préparation du budget.
Le président de l’AHRIM a expliqué que « we will have casualties as we are in a coma and hotels are very strongly indebted ». Il a fait état d’une certaine inquiétude au sujet de l’avenir d’Air Mauritius : « On n’a pas beaucoup entendu parler d’Air Mauritius dans nos réunions avec le gouvernement. We take it as good news because we really need that direct flight offer, to make sure to bring volumes of tourists,» dit-il.

Face à des critiques transmises par Fazeel Soyfoo d’Andersen selon lesquelles les opérateurs touristiques ne font qu’attendre la réouverture des frontières, il a reconnu que le secteur doit se réinventer : « We cannot carry on the same way. We cannot just wake up and walk like a zombie and think that all will be the same again. Il faudra se réinventer en ligne avec les attentes du client. » Jean-Michel Pitot a déploré le manque de données et statistiques sur le secteur touristique : « We must really work more on data ; we don’t have expert data on markets. The best thing is to have a Central Data Unit which would compile and share data to all actors of the industry. » Cette instance pourrait être financée partiellement par le secteur privé.

Par ailleurs, Jean-Michel Pitot a évoqué l’intérêt des étrangers pour la réouverture des frontières en révélant que « some hotels have reservations for 40% occupancy for the month of september ». Des réservations qui viennent notamment de Britanniques, à condition bien sûr la réouverture des frontières soit une réalité d’ici septembre…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -