Angus Road : L’Espoir s’en remet au DPP

Malgré la situation inédite, il reste le rempart contre les abus, dit Paul Bérenger

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L’affaire Angus Road a largement dominé la conférence de presse des dirigeants de la plateforme de l’Espoir, hier, au Suffren. Si les institutions, dont l’ICAC et la police, sont devenues des outils politiques, il reste le judiciaire, avancent-ils. Et si le contexte est inédit, l’opposition s’en remet au DPP qui représente, dit-elle, le rempart contre les abus.

Cette semaine encore, le leader du MMM s’est s’insurgé « du complot » ourdi par Pravind Jugnauth, le Speaker et la majorité, lors de la session parlementaire du 3 août courant pour faire avorter la question sur l’affaire Angus Road que devait poser le député PTr Patrick Assirvaden au Premier ministre. Pour Paul Bérenger, « le buy time game de Pravind Jugnauth et de la majorité est un aveu de culpabilité. Li finn play for time pou ki question pas arriver et là, en donnant rendez-vous en Cour, c’est la fuite en avant », dit-il. Cependant, le leader du MMM fait confiance à la justice et encore plus, dit-il, citant le cas d’une nomination à la MIE qui a été renversée par la Cour la semaine dernière.

Paul Bérenger exprime son inquiétude d’une situation qu’il estime « sans précédent et dangereuse » concernant l’affaire Angus Road. Si le DPP se fie aux enquêtes de la police ou de l’ICAC pour décider des poursuites, il faut tenir compte que non seulement aujourd’hui l’ICAC est un outil politique, mais la police a aussi démontré dans l’affaire Kistnen qu’on ne peut plus lui faire confiance, a-t-il souligné. C’est pourquoi aujourd’hui, plus que jamais, il y a une énorme responsabilité sur le DPP en qui la plate-forme de l’Espoir place toute sa confiance pour faire la lumière sur l’affaire Angus Road. « Malgré la situation inédite, je suis sûr qu’il sera à la hauteur », dit  Paul Bérenger qui commente aussi l’interrogatoire des journalistes par le CID, estimant que cela a pour objectif l’intimidation de la presse. « Plus que jamais, il est important d’alerter l’opinion internationale sur la liberté de la presse », dit-il.

« Tout ce qu’on demande est la transparence”

Rappelant, pour sa part, les faits entourant l’affaire Angus Road, le leader du Reform Party demande à Pravind Jugnauth de venir en toute transparence démontrer que les reçus sont des faux et expliquer comment il a fait pour effectuer les paiements. « Jusqu’ici, le Pm n’est pas arrivé à dire comment il a payé les Rs 7 millions à Bel Air Sugar Estate », avance Roshi Bhadain, ajoutant : « He is getting wrong. Ce ne sont pas des attaques sur sa personne. Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il vienne dire la vérité à la population. C’est tout ce qu’on demande. » Le leader du Reform Party s’insurge du post d’un Senior Advisor du Pm réagissant sur l’affaire Angus Road sur les réseaux sociaux, en disant “Je vais m’occuper de lui.” Il indique avoir également appris qu’un autre advisor du PMO, qui est un bookmaker, « inn fer reunion kot li pou dire bizin aret Bhadain. » Il prévient « zot pe fer fausse route. Dans parlement in sauver. Mais ena Tribunal le pep kot Pravind bizin vinn explik li. La population ena droit conner. » Dans le sillage, Roshi Bhadain confie avoir été interpellé par la MRA quant à ses activités financières depuis 2015.

Abordant, de son côté, la situation financière dans le pays, le leader de l’opposition est d’avis que le nouveau président de Mauritius Investment Corporation Ltd, Mark Florman – qui a avancé qu’il donnera les détails concernant les bénéficiaires des prêts de la MIC lors de la publication du compte annuel de la compagnie, soit dans un délai de 18 mois après le début de l’année financière – « prend les Mauriciens pour des idiots. » Il rappelle que sur les Rs 80 milliards accordées par la BOM à la MIC, Rs 30 milliards ont déjà été allouées à des compagnies, et dont environ 20%, selon lui, dans des conditions douteuses, aux proches du pouvoir et bailleurs de fonds du GM. Et cela, sans l’accord de l’Investment Committee. « Cela est totalement inacceptable et opaque », dit-il, faisant ressortir que la population doit connaître les détails sur ces bénéficiaires, comme ce fut le cas pour le stimulus package.

Quand aux Rs 50 milliards restants, le leader de l’opposition soutient qu’il y a une file d’attente de nombreux bailleurs de fonds du GM qui attendent pour bénéficier de cet argent. C’est pourquoi l’opposition réclame la transparence totale quant au déboursement de l’argent du contribuable, estimant qu’il serait plus propice – en vue de se protéger contre la dévaluation de la roupie et, parallèlement, la hausse des prix et l’appauvrissement – que la BoM reprenne ces Rs 50 milliards.

« Le speaker a dépassé la ligne rouge et doit être remplacé », dit XLD

Le leader de l’Opposition a aussi souhaité un nouveau départ à la rentrée parlementaire au sein de l’hémicycle. Selon lui, Sooroojdev Phokeer, « un speaker serial offender, a dépassé la ligne rouge en tenant compte de ses attaques contre le député Rajesh Bhagwan. » Une des raisons pour lesquelles l’opposition réclame son remplacement en tant que Speaker avant la rentrée parlementaire en octobre prochain. “Unanimement, nous réclamons le départ du Speaker pour le bien de la démocratie et le bon fonctionnement du parlement et pour que la transparence puisse primer à nouveau à l’Assemblée nationale », dit XLD.

Répondant à une question quant à sa satisfaction concernant le comportement des parlementaires, dont ceux de l’Opposition dans l’hémicycle, XLD fait ressortir que « le parlement est totalement ankylosé. » « On ne peut pas travailler. Or, chaque parlementaire présent représente quelque 20,000 personnes. Il ne faut pas croire que l’Opposition est composée de 3 ou 4 gopias. Les membres de l’opposition sont des personnes porteuses d’espoir pour la population et elles sont payées d’un salaire. Nous avons le droit d’exercer au parlement. Mais quand on nous empêche de travailler, cela crée la frustration qui explose par la suite. », dit-il. Concédant que si certains parlementaires réussissent à se contenir, d’autres, avec un caractère plus vif, explosent.

Pagailles dans les centres de vaccination

Le leader du Rassemblement Mauricien, Nando Bodha, s’est lui appesanti sur la situation de la Covid à Maurice. Il avance qu’au vu du nombre de cas enregistrés par jour, il est clair que le virus circule partout. Et affirme que, selon ses informations, la présence du variant delta a été recensé dans une quinzaine de cas au moins. Or,  dans une situation de recrudescence de la Covid-19 à Maurice, l’opposition note une réelle pagaille quant à l’exercice de vaccination anti-Covid. Selon Nando Bodha, il y a une mauvaise organisation et une réelle pagaille dans tous les centres créant parallèlement la confusion au sein de la population. « Bann dimoun  pena information ki bizin. Dimoune pe fer la queue depuis gramatin ek kan arrive zot tour, dir zot pe fer vaccin 2e dose ou elles sont refoulées en raison de la non-disponibilité des doses », dit-il. Il suggère qu’un système de numérotation soit établi afin que les personnes n’aient pas à se déplacer pour rien et éviter ainsi la pagaille dans les centres.

Par ailleurs, les autorités envisagent la réouverture de nos frontières pour le 1er octobre. Face à la situation, « il serait judicieux qu’au plus tard le 15 septembre, 80% de la population soient vaccinés et ceux des deux doses contre la Covid », estime le leader du RM, qui demande aux autorités de prendre en considération la situation dans les autres pays avant d’accueillir les visiteurs, au risque que d’autres variants se propagent sur le territoire. L’opposition souhaite également qu’une attention particulière soit accordée aux femmes enceintes, qui attendent toujours les fameux vaccins Pfizer, et aux personnes qui souffrent d’allergies.

Nando Bodha s’est aussi attardé sur la dernier rapport de l’Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) relatif au changement climatique qui évoque le danger qu’encourt la planète entière. Il rappelle que Maurice est en danger et que les enjeux devant nous sont énormes. « Si nous croisons les bras, la situation sera catastrophique », dit-il. D’où sa suggestion pour la mise sur pied d’un Select Committee parlementaire avec les membres du gouvernement et de l’opposition « en vue de décortiquer le rapport des Nations Unies et de dégager un plan d’action des mesures à court, moyen et long termes, afin de ne pas mettre également la situation économique du pays en péril en laissant ces secteurs, dont l’industrie touristique ou l’écosystème, en danger. » 

Réseau de pédopornographgie à Rodrigues

Le leader de l’opposition a exprimé sa satisfaction qu’une équipe d’officiers du CID de Maurice se prépare à être déployée à Rodrigues en vue d’épauler la police sur place dans l’enquête sur le réseau de pédopornographie récemment démantelé. « Non pas que la police rodriguaise est incompétente, mais Rodrigues étant une petite île, il risque d’y avoir des conflits d’intérêts au vu des milliers de cas de pédopornographie, voire des crimes horribles impliquant des enfants rodriguais, qui sont dénoncés », dit XLD.

Résultats du SC  » La réintroduction exceptionnelle des 3 crédits souhaitée

Les derniers résultats de School Certificate suscitent de vives inquiétudes pour de nombreux étudiants et parents, ont fait ressortir les membres de la plateforme de l’Espoir, hier. Roshi Bhadain explique qu’en raison de la pandémie de Covid-19, cette année a été exceptionnelle et plusieurs familles se sont retrouvées dans des situations difficiles et la révision de nombreux étudiants ne s’est pas déroulée dans les meilleures conditions. « Ena zenfan pa ti ena internet, ena lot pa ti ena courant. Li pa ti facile pou zot appran », dit-il. C’est pourquoi, comme cela se fait dans d’autres pays, il faudra un ajustement, estime la plate-forme de l’Espoir qui demande au ministère de l’Education de permettre exceptionnellement cette année aux élèves ayant obtenu trois Credits aux examens de SC de poursuivre avec leur HSC. « Autrement, cela créera davantage d’inégalités dans le pays », dit Roshi Bhadain.

Financement des partis politiques : « Les pouvoirs accordés à Lee Shim qui sont mis en cause »

La MBC en force a assisté à la conférence de presse de l’opposition, hier, avec pas moins de deux journalistes, dont le chef d’édition, Ravin Joypaul qui, en fonction de la formulation de ses questions aux dirigeants de la Plateforme de l’Espoir, a été affublé du titre de porte-parole de Pravind Jugnauth. Ce, tenant compte également de ses questions orientées mercredi dernier à Hillcrest pour que le Pm annonce ses poursuites contre Roshi Bhadain dans l’affaire Angus Road. Ses questions ont eu ainsi pour effet de créer une certaine animation à la conférence de presse. Toutefois, en réponse à sa question concernant le financement du MMM par Jean Michel Giraud, le leader des Mauves a précisé que tous les partis politiques reçoivent de l’aide financière des compagnies privées et que « l’argent obtenu par le MMM peut facilement être vérifié, car le parti le réceptionne en chèques. » Par ailleurs, le  leader de l’opposition a souligné que dans le contexte, « ce n’est pas le financement politique qui est mis en cause, mais bien les pouvoirs accordés à Jean Michel Lee Shim pour les courses. »

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