Anwar Husnoo : « Un manque de spécialistes dans plusieurs disciplines »

  • Peu d’intérêt des médecins pour la spécialisation en chirurgie cardiaque en raison des nombreuses années d’études

A l’heure du Question Time hier, deux questions du député Rughoobur relatives à la santé, l’une concernant le traitement pour les patients souffrant de déficiences rénales et l’autre le nombre de patients sur la liste d’attente pour une opération à coeur ouvert, ont permis à Anwar Husnoo, ministre de la Santé, de mettre en exergue le manque de compétences dans la médecine pointue. Selon le ministre, il n’y a pas eu de transplantation rénale depuis l’année dernière en raison d’un manque de spécialistes, ce dernier ajoutant que 150 patients sont sur une liste d’attente pour subir une opération du cœur. « We have a shortage of human resources not only in cardiac surgery but in various disciplines », a déclaré hier Anwar Husnoo.

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S’agissant des opérations a coeur ouvert, le ministre Husnoo a souligné que ce type de traitement est pris en charge par le Trust Fund for Specialised Medical Care dans ses deux centres, soit à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, et l’autre à l’hôpital Victoria. Le backbencher de la majorité et député de Grand-Baie/Poudre-d’Or a voulu savoir si les autorités seraient confrontées à un manque de spécialistes mauriciens dans cette discipline spécifique en raison, a-t-il dit, de la « longue liste de malades attendant une opération ». D’après le ministre, ces 150 personnes en attente d’une opération pourront avoir le traitement nécessaire dans un maximum de deux mois, qualifiant ce délai d’attente de « plutôt raisonnable ». Toutefois, s’il y a un cas urgent, a-t-il ajouté, le ministère y accordera alors priorité.
Le député Rughoobur est revenu à la charge plus d’une fois sur le manque de personnel qualifié, en ne manquant pas de souligner que, dans le passé, plusieurs ministres de la Santé ont évoqué eux aussi a « shortage de human ressources ». « In this specific field do you not think that it is high time for the ministry to have a strategy in order to see how this problem could be adressed ? » a demandé le deputé de Grand-Baie–Poudre-d’Or. Selon le ministre, le manque de spécialistes concerne « plusieurs disciplines », tout en admettant que le problème est « plus aigu » pour la chirurgie cardiaque. « Nous avons un manque de spécialistes dans plusieurs disciplines et avons lancé un appel à candidatures pour des bourses d’études dans différentes specialisations. But the problem is that cardiac surgery is such a specialised field which requires a very long training for about six years. C’est pour cette raison qu’il y a eu peu d’interêt des candidats dans ce domaine », a dit Anwar Husnoo.
En ce qu’il s’agit de l’interventional cardiology, Anvar Husnoo a affirmé que son ministère a fait appel, il y a trois semaines, à un specialiste indien dans cette discipline pour évaluer les compétences de quatre spécialistes mauriciens estimant qu’ils pouvaient pratiquer ce type d’intervention. « It is a very delicate intervention and we should make sure that we have properly qualified people to do the job. Out of the four doctors who have been assessed by the specialist from abroad only one of them could do interventional cardiology », a lancé le ministre de la Santé hier.
Concernant la présence de chirurgiens cardiaques étrangers sur une base contractuelle dans le service, ceux-ci sont au nombre de trois, soit un au centre cardiaque de Pamplemousses et les deux autres à Candos. De janvier 2015 à ce jour, le Trust Fund for Specialised Medical Care a entrepris pas moins de 2 641 opérations cardiaques, dont 415 depuis le début de l’année.

Les transplantations rénales en veilleuse
Faute de spécialistes dans le domaine de la transplantation rénale, le ministère de la Santé ne peut offrir un tel service dans ses hôpitaux depuis l’an dernier. On dénombre actuellement 1 343 patients sous dialyse, dont certains sont dirigés vers les cliniques privées grâce à un accord entre le gouvernement et le privé. Les patients souffrant de problèmes rénaux plus aigus, eux, peuvent avoir recours à la transplantation rénale, à condition toutefois qu’ils obtiennent un don organe. Le service hospitalier public a introduit ce service en 1992 avec l’aide de spécialistes étrangers mais, à partir de 1995, deux chirurgiens locaux ont pris le relais. Cependant, depuis mars 2017, le ministère a arrêté les transplantations en raison du départ à la retraite de ces deux spécialistes. Les malades souhaitant une transplantation à la suite d’un don de rein sont alors envoyés en Inde pour subir cette opération grâce à un accord entre le ministère et une institution médicale à Chennai. Jusqu’ici, le ministère a référé 17 patients en Inde dans le cadre de l’Overseas Treatment Scheme. Des arrangements ont été faits avec l’université de Marseille pour la formation d’un spécialiste. Toutefois, en 2015, le médecin en question s’est retiré du service après avoir remboursé le contrat attaché à sa formation. « Il n’y a pas de critère d’éligibilité pour l’obtention de la subvention gouvernementale pour une transplantation rénale à l’étranger, mais la somme donnée ne dépasse pas Rs 500 000. Cette somme comprend le billet d’avion pour le donneur de rein et le patient ainsi que les frais de l’opération », a précisé le ministre.
Selon Anwar Husnoo, en 2015, le ministère a offert une bourse d’étude à un chirurgien général pour une spécialisation en transplantations rénales. Après sa formation à l’Université de Marseille, ce médecin s’est retiré du service public en 2016 et a remboursé le montant du “bond”. « Nous sommes en négociation avec des institutions étrangères pour la formation de spécialistes dans ce domaine », a toutefois rassuré le ministre.
Il est noté que sept cliniques privées accueillent actuellement des patients du service public pour des sessions de dialyse. Le député Bhagwan a demandé au ministre hier s’il était possible de remettre à jour le protocole d’accord avec le privé en raison des doléances des patients qui sont dirigés vers le privé.

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