APPROVISIONNEMENT | Carburant : La MVDA: « Le taux élevé de manganèse en cause »

  • Plus de 3 300 véhicules endommagés et les pertes évaluées à Rs 150 millions

La Motor Vehicles Dealers Association (MVDA) a  pointé du doigt le taux élevé de manganèse, l’additif utilisé pour doper la combustion, noté dans l’essence et qui aurait, selon elle, « causé des dommages irréversibles à de nombreux véhicules, surtout durant la période d’octobre, novembre et décembre 2019 ». Selon les intervenants, soit différents concessionnaires, l’on aura noté « un nombre soudain élevé de véhicules présentant des pannes quasi similaires durant cette période de fin d’année 2019 ». La MVDA soutient que les résultats des analyses qu’elle aurait commanditées des échantillons d’essence récupérés des moteurs des véhicules concernés attestent de la présence de manganèse variant entre 24 et 129 milligrammes par litre et que c’est bien la qualité de l’essence qui aurait endommagé les voitures.

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« En tant que concessionnaires responsables, il est de notre devoir d’informer la population sur les dommages d’ordre mécanique irréversibles provoqués par un taux élevé de manganèse dans l’essence », a déclaré Ravi Issur, président de la MVDA, lors d’un point de presse tenu au Hennessy Park Hotel à Ébène. La MVDA est catégorique sur le fait que « les dégâts sont uniquement dus au taux élevé de manganèse présent dans l’essenc» et que ce produit endommage irréversiblement les moteurs.

Les porte-parole de la MVDA ont expliqué que depuis novembre 2019, les concessionnaires sont intervenus sur plus de 3 300 véhicules dont les moteurs ont été affectés. Dans la foulée, la MVDA demande aux autorités que les propriétaires de véhicules endommagés soient indemnisés pour les dépenses encourues car c’est la qualité de l’essence qui est la cause de ces soucis. La MVDA avance également que les pertes sont chiffrées à plus de Rs 150 millions à la fois pour les concessionnaires et les clients.

Ravi Issur a soutenu qu’après les nombreux cas rapportés aux concessionnaires des voitures ainsi que la gravité des dégâts observés, plusieurs membres de la MVDA ont commandité plus de 10 tests auprès des laboratoires locaux et étrangers. Selon lui, les échantillons analysés ont révélé un taux de manganèse variant entre 24 mg/l et 129 mg/l. « Chaque automobiliste doit savoir que son véhicule, quel que soit son âge ou sa marque, sera tôt ou tard affecté s’il ne l’a pas encore été. La sécurité de nos clients reste notre priorité, et c’est pour cela que nous leur avons, dès décembre, proposé certaines mesures correctives dépendant de la gravité des pannes. Notre revendication aujourd’hui est de trouver une solution adéquate pour les propriétaires et concessionnaires », a soutenu le président de la MVDA.

Dans la conjoncture, les concessionnaires demandent aux autorités de garantir que le carburant disponible sur le marché mauricien actuellement ne contient plus de manganèse. Selon eux, il est primordial que le pays adopte une loi pour interdire la présence de cette substance dans l’essence commercialisée. Ravi Issur a étalé les précédents appels d’offres lancés par la State Trading Corporation (STC) pour démontrer que depuis 2010, l’essence importée par cette dernière ne contenait pas de manganèse et que c’est en 2014 que la STC a précisé dans ses documents d’appel d’offres que le taux maximal accepté de manganèse dans l’essence est de 2 mg/l. « Cela a pour but de parer à l’éventualité d’une exposition non-intentionnelle de la cargaison à des additifs métalliques. D’ailleurs, dans son appel d’offres émis le 25 mars 2019, pour la période du 1er août 2019 au 31 juillet 2020, la STC a réitéré cette spécification », a soutenu Ravi Issur.

Les importateurs officiels de véhicules neufs, notamment Éric Leal de Leal Co Ltd, et Andrew Liu Man-Hin d’EAL Hin& Sons Ltd ont, eux, affirmé qu’ils se sont toujours alignés sur les spécifications nationales, telles qu’établies par la STC, pour proposer des véhicules adaptés au marché mauricien. Éric Leal a été catégorique « qu’il s’agit bel et bien de la qualité de l’essence qui est la cause des dommages répertoriés au niveau des voitures concernées ». Il a toutefois laissé entendre que les analyses réalisées en janvier 2020 sur plusieurs échantillons ont révélé que la situation est revenue à la normale et qu’il va falloir que les autorités assument leurs responsabilités vis-à-vis des propriétaires des voitures concernées. Quant à l’autre porte-parole de la MVDA, Mrinal Teelock, il s’est posé des questions sur le rôle des consultants britanniques, Minton Treharne & Davies Ltd, mandatés par la STC pour conduire les analyses et dont les résultats concrets se font toujours attendre. « Deux questions se posent. D’abord notamment pour qui travaillent-ils et quel est le cahier des charges de ces consultants ? » s’est-il interrogé.

Les intervenants, hier, ont aussi affirmé que plusieurs pays dans le monde ont pris des mesures proactives afin de limiter, voire d’éliminer, le manganèse de leur carburant. Deux raisons sont évoquées : leurs effets nocifs sur la santé publique et les risques que cela représente pour leur parc automobile. « Le manganèse est pratiquement absent du marché de l’essence au Japon, en Inde, au Pakistan, en Europe et en Amérique du Nord » ont-ils soutenu. Selon eux, il faudrait que les autorités mauriciennes viennent avec une loi pour interdire le manganèse dans les spécifications de l’essence commercialisée à Maurice et il va falloir dans l’immédiat trouver une solution afin de rembourser les réparations encourues par les propriétaires des voitures affectées.

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