Assemblée nationale – À la mi-journée – PNQ sur Angus Road Saga: Scénario inépuisable !

Les députés du PTR, Patrick Assirvaden et Shakeel Mohamed, expulsés par le Speaker Sooroojdev Phokeer vers la fin des échanges

La troisième tentative du leader de l’opposition, Arvin Boolell, de tirer au clair les dessous des Dealings fonciers du Premier ministre, Pravind Jugnauth, avec Bel-Air Sugar Estate pour un montant de Rs 27 millions, connu comme l’Angus Road Saga, a accouché d’un inépuisable scénario. Ainsi, deux députés du parti Travailliste, Patrick Assirvaden et Shakeel Mohamed, ont été ordonnés de « withdraw from the House » par le Speaker Sooroojdev Phokeer. Cela est intervenu presque vers la fin des échanges sur la Private Notice Question (PNQ) du jour portant sur les délits de Money Laundering avec des paiements en liquide excédant Rs 350 000.

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Le président de l’Assemblée nationale devait suspendre la séance, annonçant qu’il allait s’occuper du cas de Shakeel Mohamed quant aux propos tenus à son égard. À la reprise des travaux, le député Mohamed a été « Named » de nouveau, avec une motion de Pravind Jugnauth, secondée par le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, le suspendant pour la séance du jour et quatre autres. L’incident est intervenu au moment où le leader de l’opposition interpellait le Premier ministre sur les motifs de la décision de l’ancien Attorney General, Ravi Yerrigadoo, d’écrire au Serious Fraud Office en janvier 2015 pour demander à la Central Authority du Royaume-Uni de mettre un terme à l’enquête sur des transferts de Rs 20 millions attribués à Loganaden Govinden sur le compte de Patrick Rountree en Angleterre. Dans sa réponse liminaire, Pravind Jugnauth s’était fait fort de déclarer qu’en deux précédentes occasions, soit en 2011 et en 2014, l’Independent Commission Against Corruption avait mis un terme à cette enquête « because there was no evidence disclosed » et qu’en 2020, l’investigation a été rouverte.

Vers la fin des échanges sur la PNQ, le leader de l’opposition s’est s’appesanti sur la correspondance signée de Ravi Yerrigadoo en janvier 2015 en vue de demander à la Serious Fraud Office britannique de mettre un terme à l’enquête sur le transferts de fonds en Grande-Bretagne en relation avec les acquisitions foncières du Premier ministre avec pour vendeur, Bel-Air Sugar Estate.

Booell : Le Premier ministre peut-il nous dire pour quelles raisons l’ancien Attorney General avait écrit à la SFO pour fermer cette enquête (en janvier 2015)…
Speaker : This is an insinuation…

Sooroojdev Phokeer devait maintenir sa position que cette interpellation ne relevait de la substance de la PNQ même si une première fois, Shakeel Mohamed avait pu obtenir une réponse de Pravind Jugnauth à l’effet que « la responsabilité de mettre un terme à une enquête relève de l’ICAC ». Revenant subséquemment à la charge sur cette correspondance émanant de l’Attorney General’s Office, Shakeel Mohamed devait se heurter à une objection du Speaker à l’effet que le député de l’opposition n’était pas en mesure de produire une « official and authenticated copy » de la lettre en question.
À l’interpellation supplémentaire du leader de l’opposition avec l’objection formelle du Speaker, le ton devait monter d’un cran, les députés Assirvaden et Shakeel Mohamed protestant fermement contre la position de la présidence ; d’où les nouvelles sanctions contre deux membres de l’opposition.

Au début de la PNQ, Pravind Jugnauth a révélé qu’une première enquête sur cette question de paiements de plus de Rs 350 000 en liquide avait été initiée le 15 mars 2011 mais fermée le 9 mai 2011 faute de preuves. Cette enquête fut rouverte le 20 octobre 2013 et fermée une nouvelle fois le 27 juin 2014 pour les mêmes raisons. Il a ajouté que l’enquête a été rouverte cette année suite à des développements. « Since there is a new investigation, information cannot be divulged », devait-il ajouter.

Aux interpellations supplémentaires d’Arvin Boolell, quant à pourquoi il n’a pas été convoqué par l’ICAC jusqu’ici, Pravind Jugnauth devait s’appuyer sur le fait qu’entre 2011 et 2014, l’ICAC était dirigée par Anil Kumar Ujodha alors que le Premier ministre était Navin Ramgoolam. « There is no issue », devait-il ajouter. L’interpellation de Patrick Assirvaden, selon laquelle le Premier ministre prendra l’engagement de soumettre sa démission si jamais il est convoqué par l’ICAC, n’a pas été entretenue par le Speaker.
Répondant au leader de l’opposition, Pravind Jugnauth devait faire état que « very soon, I will give all the information ». Il devait ajouter cette intention avec une menace à peine voilée contre ses détracteurs, dont Arvin Boolell, à l’effet que « very soon he will be hearing from me ».

SHAKEEL MOHAMED : « Ce que dit le PM ne tient pas la route légalement »

« C’est inacceptable ce qui se passe à l’Assemblée nationale. Ce que dit d’ailleurs le Premier ministre n’est pas clair sur cette affaire d’Angus Road. Ce que dit Pravind Jugnauth ne tient pas la route légalement car on sait très bien que la loi ne permet pas à l’ICAC d’arrêter une enquête par elle-même sans l’autorisation du Directeur des poursuites publiques. S’il y avait enquête on est en droit de savoir dans quelles circonstances celle-ci a été stoppée. Et puis pourquoi si depuis juin 2014 l’enquête de l’ICAC avait été stoppée, pourquoi avoir attendu sept mois, en janvier 2015, pour que l’ancien Attorney General sollicite la Central Authority du Royaume-Uni pour stopper la collaboration et la Mutual Legal Assistance. Clairement nos interpellations font mal et là c’est incroyable qu’on m’expulse pour cinq séances parlementaires comprenant celle d’aujourd’hui. On m’avait expulsé dernièrement pour quatre séances la dernière fois, mais là j’ai comme l’impression qu’on m’a mis dehors jusqu’à la reprise parlementaire de 2021 », a laissé entendre Shakeel Mohamed au Mauricien à l’issue de son Naming par le Speaker Sooroojdev Phokeer et la motion de le suspendre de l’hémicycle par le Premier ministre.

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